RDC : la déforestation se porte encore bien
Les acteurs engagés dans la protection de l’environnement sont unanimes sur cette triste évidence de la déforestation. Des arbres sont coupés tous les jours au Sud-Kivu aussi bien dans d’autres provinces du pays sans que des mesures dissuasives s’en suivent. Une séance de sensibilisation a été organisée à cet effet le mardi 12 décembre à Bukavu pour une réelle éducation environnementale.
C’est le prolongement de la journée nationale de l’arbre célébrée le 5 décembre de chaque année en RDC. Les acteurs de la société civile s’emploient à sensibiliser les citoyens sur les avantages de l’arbre et les méfaits de la déforestation.
D’après Josué ARUNA de la société civile environnementale, l’ignorance d’avantages qu’il y a à planter les arbres est encore profonde au sein de la communauté.
« Les gens coupent pêle-mêle des arbres dans nos territoires sans se soucier des retombées négatives sur l’écosystème. Et en définitive, c’est nous qui en payons le lourd tribut en cas de perturbation climatique ! ».
Arbres avantageux
Une prise de conscience des habitants s’impose. Ce serait, indique Innocent BAYUBASIRE de la coordination provinciale de l’environnement, un symbole fort dans la lutte contre le réchauffement climatique.
« Les arbres sont reconnus comme nettoyeurs de l’atmosphère. Et la journée du 5 décembre, même tout le mois, devrait être une réponse à la lutte contre la déforestation en accomplissant des gestes qui préservent l’environnement, soit planter des arbres ».
La coordination de l’environnement au Sud-Kivu plante presque tous les ans des arbres, mais les efforts semblent foulés au pied par les citoyens qui ont du mal à s’approprier l’opération de reboisement.
L’expert en développement durable, Jean-Pierre BATUMIKE affirme, non sans regrets, que la déforestation est devenue comme un sport national alors que les arbres sont pour les sociétés humaines une ressource considérable pour la survie. Les forêts du bassin du Congo constituent après celles de l’Amazonie le deuxième grand massif des forêts tropicales denses et humides au monde avec une superficie d’environ 200 millions d’hectares. D’où son appel au reboisement au vu des multiples avantages qu’il énumère en ces termes :
« Il est important de nous engager dans le reboisement plutôt que dans le déboisement ou la déforestation qui ne nous avantage en rien. Comme vous le savez, l’arbre a une fonction écologique de produire l’oxygène et purifier l’air dont nous avons besoin. Il nous permet de lutter contre des érosions du sol, il améliore la qualité de l’eau que nous buvons, il régularise les écarts extrêmes de température et influe sur la qualité de nos vies ».
Déforestation ? Zéro intérêt
Plus explicite, le directeur de l’organisation dénommée ‘’Scientifiques pour la protection de l’environnement et la biodiversité’’, SIPEB-Congo, Fabien MANEGABE parle des conséquences de cette déforestation qui sévit au Sud-Kivu, et en général, au pays.
« Cette déforestation cause la perte de la biodiversité puisque les forêts hébergent plus de 80% de la biodiversité terrestre et représentent l’un des derniers refuges pour de très nombreuses espèces animales et végétales. De ce fait, la déforestation est une catastrophe pour l’Homme et les autres espèces car 27 mille espèces animales et végétales disparaissent chaque année à cause d’elle ».
Toujours selon cette source, le risque d’aggravation des maladies est bien présent.
« Les forets réduisent des maladies infectieuses. Les forêts tropicales non perturbées peuvent exercer un effet modérateur sur les maladies provoquées par des insectes et animaux. Environ 40% de la population mondiale vit dans des régions infestées par le paludisme. Or, dans les zones fortement déboisées, le risque de contracter la malaria est trois cent fois plus élevé que dans les zones de forêt intacte ».
D’après Fabien MANEGABE, cet état des choses apporte également des problèmes liés à la diminution en eau et aux changements climatiques.
« Les forets aident à reconstituer les nappes phréatiques si cruciales pour l’eau potable. Les trois quarts de l’eau accessible proviennent de bassins versants forestiers. Et au sujet des changements climatiques pernicieux sur la santé de l’Homme, la déforestation contribue à libérer des tonnes de CO2 dans l’atmosphère et contribue ainsi à l’effet de serre ».
Il y a de quoi amplifier les efforts de plantation d’arbres et de conservation des forets encore à l’abri des menaces, recommandent des sources concordantes.
BADIBANGA POIVRE D’ARVOR