Souveraineté sanitaire : corriger les inégalités en Afrique

Au Forum Galien Afrique, experts et leaders appellent à corriger les inégalités pour atteindre la souveraineté sanitaire en Afrique. Accès aux soins, mortalité maternelle, autonomisation des femmes et rôle des médias : découvrez les solutions clés pour un système de santé équitable et résilient.
Sans justice sociale, sans accès équitable aux soins et sans autonomisation des femmes, la souveraineté sanitaire restera un idéal lointain. C’est le message porté par experts, dirigeants, femmes leaders et acteurs de terrain réunis au 8ème Forum Galien, lors du panel intitulé « Corriger les inégalités pour une souveraineté sanitaire en Afrique ».
Modéré par le Pr Ndioro Ndiaye, présidente de l’Alliance pour la Migration, le Leadership et le Développement (AMLD) et ancienne ministre de la Femme du Sénégal, ce débat les inégalités pour une souveraine te sanitaire en Afrique a mis en lumière l’urgence de transformer les systèmes sanitaires africains à travers l’équité, l’inclusion et la justice sociale.
Une urgence sanitaire et sociale documentée
Les chiffres dévoilés durant les échanges sont alarmants. Sur le continent, une femme meurt toutes les quatre minutes des suites de complications liées à la grossesse. Une adolescente sur trois devient mère, accentuant les risques sanitaires et freinant son développement personnel et économique. Par ailleurs, un nouveau-né décède toutes les 17 secondes, illustrant l’ampleur des défis en matière de soins maternels et néonatals.
Ces réalités, aggravées dans les zones rurales, révèlent un accès encore très limité aux services de santé essentiels. « À ce jour, des femmes continuent d’accoucher dans les champs, faute de structures de santé proches ou de moyens de transport, tandis que certaines communautés doivent parcourir jusqu’à 30 kilomètres pour consulter un professionnel de santé. » a indiqué Dr Cheikh Saad. Bou SARR. Directeur. Exécutif ADEMAS
Inégalités structurelles et obstacles persistants
Selon les panelistes, la question des inégalités en santé dépasse les frontières médicales pour s’étendre au domaine politique, économique et culturel. Les femmes, particulièrement en milieu rural, demeurent confrontées à des obstacles multiples : manque d’information sanitaire, difficultés d’accès aux infrastructures médicales, exclusion numérique limitant l’accès aux formations et aux consultations en ligne, ainsi que faible participation aux organes décisionnels.
Pour le Pr Ndiaye, la souveraineté sanitaire ne pourra être effective sans une volonté politique forte. « Les femmes ne meurent pas par manque de solutions médicales, mais parce que la société n’a pas encore fait le choix de les protéger », a-t-elle rappelé, soulignant la dimension profondément sociale et politique de la santé publique.
Investir dans les femmes et l’accès aux services
Les intervenants ont insisté sur la nécessité d’investir davantage dans la santé des femmes, dans l’éducation des filles et dans le renforcement des capacités féminines en science, recherche et leadership. Les filles continuent d’interrompre leur scolarité faute de nutrition adéquate, de soutien sanitaire ou d’infrastructures d’hygiène dignes, compromettant leur avenir et celui des communautés qu’elles soutiendront demain.
Parmi les solutions avancées figurent le déploiement des services de santé mobiles dans les zones reculées, la décentralisation des produits médicaux essentiels jusqu’aux boutiques de proximité, ainsi que la professionnalisation des agents de santé communautaires, majoritairement des femmes, afin de leur offrir emploi, reconnaissance et moyens d’action.
Le rôle indispensable de l’information : l’engagement du REMAPSEN
Le président du Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN), Youssouf Bamba, a rappelé que la souveraineté sanitaire ne saurait se construire sans une souveraineté informationnelle. L’accès à une information fiable et continue reste un défi, particulièrement en zones rurales où les populations manquent souvent de repères pour prendre des décisions éclairées en santé.
« Si nous voulons une Afrique souveraine en santé, nous devons garantir la souveraineté de l’information. Sans cela, aucun progrès durable n’est possible », a-t-il insisté. Présent dans 43 pays, le REMAPSEN mise sur la formation des journalistes, la sensibilisation des communautés et le plaidoyer pour porter les enjeux de santé publique sur le devant de la scène médiatique et institutionnelle.
Un impératif continental
Ce panel a confirmé une vérité fondamentale : la souveraineté sanitaire africaine ne peut se construire qu’en s’attaquant résolument aux inégalités en santé. Cela passe par un investissement accru dans les femmes, une mobilisation politique forte, des services de santé de proximité, une éducation inclusive et un accès équitable à l’information.
Le Forum Galien Afrique a une nouvelle fois démontré que l’Afrique possède les idées, les leaders et l’engagement nécessaires pour bâtir des systèmes de santé forts. Le défi désormais est de transformer ces engagements en actions concrètes et durables, au service des populations et de l’avenir sanitaire du continent.
Mireille Siapje, Dakar – Sénégal








