VIH Sida – Pour une prise globale de cette maladie

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Un séminaire de formation a été organisé  à cet effet du 7 au 8 avril 2021 à Douala.

Dans la région AOC (Afrique Occidentale et Centrale), le Cameroun représente le 2è fardeau d’épidémie de VIH le plus élevé après le Nigéria. D’après Dr Raissa Ewane de la  Fondation Elisabeth Glaser Pediatric AIDS (Egpaf), le nombre de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) au Cameroun s’élève à 531 396. Révélation faite lors de la formation sur la prise en charge globale du VIH Sida organisée du 7 au 8 avril 2021 à Douala.

Partenaire d’implémentation clinique du comité nationale de Lutte contre le VIH-Sida en partenariat avec le Ministère de la Santé Publique (Minsanté), Egpaf indique par ailleurs que 2/3 soit  63,6% des PVVIH connaissaient leur statut VIH,  281 083 avaient accès à un TARV en décembre 2018 (83,2%) et 71,34% de rétention dans les soins après un an (69,4% chez les adolescents) et  77,8% avaient une charge virale supprimée.

Au cours de cette formation dont l’objectif était de décrire l’étendue de la pandémie de VIH aux niveaux national, africain et mondial, le Dr Raissa Ewane note une amélioration dans la prise en charge globale des malades infectés par le VIH.  « En termes de données nationales et régionales, il y a eu amélioration en termes de l’identification des personnes positives, et de  la mise sur traitement », indique-t-elle. Et, de poursuivre : « Il y a tout de même beaucoup de travail que l’on continue à faire sur le maintien des patients sur traitement. C’est un travail très fastidieux mais que l’on continue à faire… il ne faut pas seulement les mettre sur traitement, il y a aussi le suivi psycho social de la personne, parce que c’est un traitement qu’il doit prendre toute sa vie ».

Ladite formation est adressée aux médecins et aux infirmiers. Ceux-ci d’après les spécialistes de la prise en charge occupent une place importante dans la prise en charge du VIH-Sida. Un recyclage est donc indispensable. « Le VIH n’est pas nouveau mais il y a des traitements qu’on améliore et des moyens de prise en charge qu’on améliore. C’est important que le personnel de santé puisse avoir un recyclage permanent, un renouvellement de connaissance pour pouvoir  améliorer la pratique de la chose sur le terrain », spécifie l’un des formateurs.

Dans certains hôpitaux, il y a les portes d’entrée. Et les acteurs de la santé qui s’y trouvent ont un rôle capital à jouer. « Et à tous les services, on a des agents psycho sociaux qui ont pour but d’aller dépister les gens et ils le font à des portes d’entrée. Et pour le faire, il faut être en accord avec les infirmiers, les médecins et quand un infirmier ou un médecin ne comprend pas la pertinence de la chose  cela ne se passe pas toujours très bien. Nous voulons montrer en effet que c’est la participation collective qui va nous permettre de vaincre le VIH », conclut Dr Marthe Liliane Mbenoun, du Centre de traitement agrée (CTA) de l’hôpital Laquintinie de Douala (HLD) pour la prise en charge des malades du Sida.

Ghislaine DEUDJUI

Interview

Dr Marthe Liliane Mbenoun

« Les  malades doivent comprendre la nécessité de prendre le traitement »

La Coordinatrice du Centre de traitement agrée (CTA) hôpital du Jour de l’hôpital Laquintinie de Douala revient sur la prise en charge globale du VIH-Sida.

 Quel est le but de cette formation ?

Le but de cette formation est de remettre à niveau les pratiquants,  les gens qui sont autour des personnes vivantes avec le VIH Sida. Il y a beaucoup de choses qui ont changé. Et on constate que l’on n’est parfois pas tous au même pied d’égalité. Certaines personnes sont à marge pourtant le VIH Sida c’est une maladie que l’on rencontre partout  et qui concerne tout le monde. Donc en organisant cette formation, on voulait inviter les uns et les autres à venir se joindre à nous à pouvoir combattre afin la maladie.

Quelle est la situation en ce qui concerne la prise en charge globale du VIH  au Cameroun et plus précisément dans le Littoral ?

Il faut avouer que la prise en charge du VIH s’est beaucoup améliorée. Et,  de plus en plus c’est une maladie moins stigmatisante. Ils sont nombreux les malades qui acceptent leur situation. Mais l’avènement  de la thérapie et la disponibilité des médicaments encouragent les personnes à se faire dépister et à se prendre en charge. En outre, l’on constate aussi que, plus le patient est mis sur traitement tôt, mieux il vit. De plus en plus, on a des personnes qui acceptent et cela nous arrange dans la prise en charge.

Est-ce qu’avec le coronavirus vous avez noté un fléchissement dans la prise en charge des malades atteints du VIH-Sida ?

Rien n’a changé. La prise en charge est restée normale.  L’Etat n’a pas privilégié la Covid -19 à la place du VIH. La preuve, jusqu’à présent on n’est pas en rupture du traitement parce que la prise en charge est normale. Quand on est en rupture de médicaments c’est là où ça cloche mais jusque là on a nos médicaments, nos malades ne se plaignent pas.

Quelle est la plus value de l’éducation thérapeutique dans la prise en charge du VIH Sida ?

L’éducation thérapeutique est l’un des éléments clés de la prise en charge du VIH parce que le VIH est une maladie chronique dont la guérison n’existe pas. Le malade va prendre le traitement à vie et à un moment on ne s’en lasse pas. Quand on fait une éducation thérapeutique d’ailleurs elle est continue. Il est important de  faire comprendre aux malades la nécessité de prendre son traitement, de l’encourager et de lui  rappeler tout le temps que tant qu’il a son traitement il se considère comme une personne normale. Donc c’est un exercice continu et perpétuel dans la prise en charge du VIH…

Propos recueillis par Ghislaine DEUDJUI

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