Violence dans les réseaux sociaux : Regards croisés des psychologues et psychiatres sur la question

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Selon le Président fondateur d’Eduk-Média, Blaise Pascal Andzongo,  le discours de haine est un phénomène sociétal. Les individus réagissent à des frustrations sociales, à des tensions sociales en renvoyant des discours de violence et de haine.

Au Cameroun, le discours de haine sur les réseaux sociaux, cause des dégâts sur le plan psychologique. Au quotidien, les internautes tapent, filment, publient et partagent des scènes de violence sur le « monde virtuel ». Du coup, les médias sociaux sont devenus un champ de bataille au Cameroun. On assiste au quotidien à des joutes oratoires qui mettent souvent aux prises des personnes ignorant les conséquences psychologiques et sociales de leurs publications. «  Nous lisons les messages insultants ou à connotation discriminante sur facebook, LinkedIn, YouTube, Twitter, Instagram, Whatsapp  et Snapchat », écrit Simruy Ikiz. D’après la psychiatre Laure Menguene, il s’agit de la transposition d’un malaise social sur le virtuel. Les réseaux sociaux sont devenus le réceptacle des images prises au moment de bagarres, les incendies, les crimes et assassinats. Selon Simruy Ikiz, quand on commence à chercher ces faits-divers sur internet, on trouve un très grand nombre de suicides similaires à la suite du cyber harcèlement ou à l’exhibition de viols ou même de moments intimes.

Selon le Président fondateur d’Eduk-Média, Blaise Pascal Andzongo,  les discours de haine est un phénomène sociétal. Les individus réagissent à des frustrations sociales, à des tensions sociales en renvoyant des discours de violence et de haine. D’après l’expert, l’une des causes de l’augmentation des discours de haine sur les réseaux sociaux, c’est la mauvaise appropriation des médias, puisque beaucoup jeunes camerounais ne savent pas le mode de communication qu’il faut adopter lorsqu’on se trouve sur un média social. Il est donc possible que de façon involontaire, des propos haineux soient non seulement produits en ligne mais soient diffusés de façon non intentionnelle.  Ces scènes de violences atroces sont comme “un divertissement, de la télé-réalité” pour ces jeunes. « Le lynchage c’est devenu quelque chose de courant », s’inquiète Rachid Santaki, pour qui la banalisation de cette violence a déjà commencé.

Impacts psychologiques

Et comme le confirme Michael Stora, « il y a une fascination pour la violence et finalement presque un effet cathartique pour certains lors de l’adolescence », aussi le « like, share and comment » (aimer, partager et commenter), va de soi lorsqu’en scrollant sur son feed Twitter ou Instagram, un ado tombe sur ce genre de contenu. En parallèle de cette habitude de visionner des scènes violentes, également banalisées par la télévision et les réseaux sociaux. C’est « presque une sorte de rite initiatique » à en croire l’analyse de Michael Stora. Pris dans l’étau des réseaux sociaux, il est de plus en plus compliqué pour les jeunes de sortir de cette « spirale infernale qui n’en finit jamais ». Les impacts psychologiques de la violence en ligne sont bien réels pour les victimes. Les victimes de propos haineux sur internet ressentent de la peur et de la colère, car elles ont l’impression que les mesures prises pour les protéger sont insuffisantes. Elles peuvent éprouver du stress, une diminution importante de leur estime de soi et une détresse psychologique. Les personnes victimes de violence sur internet peuvent subir d’importantes conséquences liées à des messages haineux ou à des menaces, et différents recours peuvent être entrepris contre ceux qui profèrent de tels propos.

Le professeur François Courcy, du département de psychologie de l’université de Sherbrooke, explique que ceux qu’on appelle les trolls déversent leur frustration sur les réseaux sociaux. Lorsqu’ils sont en groupe et que leur identité est cachée, leur niveau de maturité chute considérablement. « Les victimes de propos haineux sur Internet ressentent de la peur et de la colère, car elles ont l’impression que les mesures prises pour les protéger sont insuffisantes. Elles peuvent éprouver du stress, une diminution importante de leur estime de soi et une détresse psychologique ». En novembre 2019, le code pénal camerounais a été modifié. Toute personne coupable de propos haineux à caractère tribaliste est passible d’un à deux ans d’emprisonnement et d’une amende pouvant aller jusqu’à trois millions de FCFA.

Elvis Serge NSAA

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