Adamaoua: Les emballages plastiques une menace pour la santé
Malgré leur interdiction par les pouvoirs publics, ils font de la résistance. Pendant ce temps, ils constituent une source de maladies tant pour les animaux que pour les êtres humains.
Via une décision, le gouvernement camerounais rendait public en 2012 l’interdiction des emballages plastiques non biodégradables. Cette mesure entrée en vigueur depuis 2014 est difficilement appliquée sur le terrain. Dans les marchés de la région de l’Adamaoua, les commerçants continuent d’emballer les vivres frais, et autres marchandises avec ce produit prohibé par les pouvoirs publics. Chaque année, des campagnes de sensibilisation sont menées dans les différents marchés par les agents du ministère de l’environnement, mais les grossistes continuent d’importer ce plastique qui est nocif selon les experts.
Pour les petits commerçants, ils sont prêts à se conformer à la décision du gouvernement, sauf que jusqu’ici, les emballages alternatifs ne sont pas disponibles. « Je suis prête à utiliser les emballages biodégradables proposés par le gouvernement. D’ailleurs, je fais mon marché avec les sacs en joute » déclare Rachelle Maïawé, commerçante. Comme elle, Kadidja ne voit aucun problème dans l’utilisation des emballages qui ne détruisent pas l’environnement. « J’ai fait coudre des sacs de marché en tissu. Quand je vais au marché, je les ai toujours avec moi. C’est plus durable et économique » dit-elle. Les clients par contre, font de la résistance. « Je ne peux pas sortir de chez moi pour le marché avec un sac à chaque fois. Parfois, c’est dans mes ballades que je tombe sur un produit et la décision d’achat nait là. S’il faut acheter la marchandise et acheter l’emballage autorisé, ce n’est pas vraiment facile » explique Kaoulamou avant de poursuivre, « Cette décision du gouvernement est bonne mais elle est injuste, dans un contexte où grâce à la vente de ces plastiques plusieurs personnes prennent en charge leur famille ».
Menaces pour la santé
En 2023, lors d’une caravane de sensibilisation dans les marchés, les équipes des délégations départementales de la Vina et régionales ont insisté sur les conséquences du plastique sur la santé. Selon Marius Bouba, délégué départemental de l’environnement de la Vina, « Le plastique est fait à base du pétrole. Lorsque le plastique est utilisé pour emballer des repas chauds, les éléments chimiques se désintègrent et rentrent dans cet aliment. Ce qui est source des maladies » déclarait-il à la presse lors de la journée mondiale de l’environnement 2023, sans préciser qu’« Aujourd’hui, nous avons des maladies dont nous n’arrivons pas à expliquer l’origine. Ces maladies peuvent provenir de la consommation récurrente des aliments chauds emballés dans du plastique (kodki, couscous manioc dans certains tourne-dos, ndlr) ».
En santé animale, le plastique est également considéré comme un danger pour la santé des ruminants. Selon les experts, le plastique absorbé par l’animal peut provoquer une malnutrition sévère, une mort. Ce qui est à l’origine du déséquilibre de la chaîne alimentaire. En cas de consommation de viande mal cuite alors issue d’un animal ayant brouté le plastique, l’être humain peut aussi tomber.
La célébration de la 52ème édition de la Journée Mondiale de l’environnement cette année sous le thème, ‘’ Restauration des terres, désertification et résilience à la sécheresse’’ sonne comme un appel à la communauté pour la préservation des terres de tout ce qui peut être à l’origine de sa dégradation. Les emballages plastiques en font partie.
Par Jean Besane Mangam