Allaitement maternel : Entre vouloir et manque
Selon le Dr Clémence VOUGMO Mafouo, pédiatre et néonatologiste, présidente de l’association Vie à l’aide au Cameroun, le lait maternel ne coule pas parce qu’on veut, et non pas parce que les mamans n’ont pas de lait dans le sein. Il vient naturellement.
Le lait maternel est parfois déclaré inexistant dans le sein par certaines mamans : « mon sein ne coule pas. Quand je mets l’enfant au sein, il tire mais rien ne sort, je ne sais pas pourquoi. Du coup, j’ai arrêté de le lui donner » explique une maman. Une affirmation qui ne sonne pas bien dans les oreilles du Dr Clémence VOUGMO Mafouo qui va s’inscrire en faux face cette affirmation. Pour elle, le lait est le premier vaccin de l’enfant de par la présence des anticorps qui vont protéger l’enfant contre les infections, notamment la diarrhée, la pneumonie qui sont deux infections responsables de la mortalité chez les enfants de moins de 5ans au Cameroun.
En effet, selon le Dr Clémence VOUGMO Mafouo, le lait maternel ne coule pas parce qu’on veut : « Le lait maternel ne coule pas parce qu’on veut ! Le lait maternel coule, c’est un mécanisme de reflexe. Cela veut dire que, pour que le lait maternel coule, il faut tout simplement qu’il y ait un petit bébé, qui est en train de sucer le sein de la maman. Parce qu’il y a des nerfs au niveau de l’aréole de la maman. Ces nerfs, lorsque le bébé est en train de téter, il va stimuler ces nerfs, ceux-ci vont envoyer le message dans deux organes, qui se trouvent dans le cerveau de la maman ». Elle poursuit « le premier organe stimulé c’est l’hypothalamus. Il reçoit cette information que fait le bébé en stimulant le sein puisqu’il est en train de téter. L’hypothalamus interprète l’information en sachant qu’il y a un bébé qui a besoin de lait. Il va donc stimuler un deuxième organe qu’on appelle l’hypophyse. Cette hypophyse a deux parties : une partie antérieure et une partie postérieure. La partie antérieure va produire une hormone qu’on appelle la prolactine, qui ira agir dans le sein de la maman, pour produire, fabriquer le lait dans le sein de la maman. » Elle renchérit « Tandis que la partie postérieure de l’hypophyse va sécréter une hormone qu’on appelle l’ocytocine qui va aller agir toujours dans le sein de la maman, pour éjecter le lait dans la bouche de l’enfant. Cela veut dire que, plus le bébé va téter, plus le mécanisme de l’hypothalamus, de l’hypophyse va se mettre en marche et la production de lait sera plus importante encore. »
Néanmoins, on observe que, toutes les femmes ne peuvent pas aussi allaiter pour certaines conditions notamment les conditions de maladies aux pathologies spécifiques. Qui même jusque- là, avec un bon suivi peuvent allaiter leurs enfants. Il suffit juste pour les mamans, d’être patiente car la remontée laiteuse n’est pas la même chez toutes les femmes ; il y en a qui, à l’instant produisent du lait immédiatement et d’autres que c’est à force que le bébé tète que la montée et la production de lait augmente « le premier jour, mon lait ne coulait pas, bref, c’est ce que je pensais. Parce qu’après mon accouchement on a pesé le bébé il avait des grammes en plus ce qui veut dire que le lait coulait mais à faible quantité il fallait juste que je continu à donner le sein au bébé et c’était à lui de tire à son rythme jusqu’au moment où le lait a commencé à couler beaucoup », confie Blandine.
Le lait maternel est l’un des moyens de prévention de la diarrhée infantile, qui est responsable de la mortalité des enfants. A ce titre, il est important que, la mère ait le soutien de tout le monde pour que cet allaitement ou son projet d’allaitement soit optimal comme l’explique le Dr Clémence ; et ceci de façon exclusive, durant les 6 premiers mois de la vie du bébé, comme le recommande l’OMS et jusqu’à deux ans. Afin de contribuer à la bonne croissance du bébé, à un développement cérébrale efficace et de lutter également contre la mortalité et la morbidité chez les enfants de moins de 5 ans au Cameroun et partout ailleurs.
Audray NDENGUE Stg
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