DEPARTEMENT DU NOUN : Un souffle nouveau pour la santé à Koutaba

Le Centre Médical d’Arrondissement de Koutaba-Mataket est une structure sanitaire en pleine renaissance, tant au niveau de la gestion du personnel et des patients qu’au niveau de l’aménagement des locaux qui ne faisaient plus honneur à son historique. Ce vent nouveau est à mettre à l’actif de l’actuel staff.

Le Centre Médical d’Arrondissement de Koutaba-Mataket, créé en 2000, dispose à présent de sept (7) services, dont l’accueil, qui est un espace créé en matériaux provisoires (bois) mais garantissant l’intimité des patients, un service de médecine et d’hospitalisation avec 15 lits, un service de maternité avec une salle de consultation prénatale, une salle d’accouchement, et 8 lits d’hospitalisation dont deux pour la salle de travail, deux en salle de gynécologie, un lit pour la néonatalogie servant de salle haut standing et trois lits pour le post-partum. Un service de bloc opératoire et de réanimation, qui sert à accueillir des cas d’accident ou des patientes ayant subi une césarienne. Ce service dispose à présent de 4 lits.

Le bâtiment autrefois utilisé comme résidence du médecin, a été transformé par la nouvelle équipe en deux salles d’hospitalisation pour le service du bloc opératoire. Le service de pharmacie et de caisse, autrefois joint, est aujourd’hui séparé en deux services. Un service d’échographie et un service d’entretien et d’hygiène ont également été mis en place.

Ces réalisations, bien que modestes, sont l’œuvre du nouveau staff de ce centre médical dont la tête pensante est le tout nouveau médecin-chef, Dr NJIMOGNA LOUKOUMAN Akim, un homme au parcours atypique.

Adèle BITGA

INTERVIEW

« J’accepte la Bourse de Cuba simplement parce qu’il s’agissait de la médecine et c’était le seul moyen de réaliser mon rêve…… »

Honorable Dr NJIMOGNA LOUKOUMAN Akim,
Médecin-Chef CMA Koutaba-Mataket, Médecin Généraliste,Fondateur d’ASSAR, Directeur Technique et Scientifique du Projet DREPA-NOUN

Hon. Dr NJIMOGNA LOUKOUMAN Akim, parlez-nous de vous ?

Je suis aussi connu sous le pseudonyme de Doctor Njim’s, Médecin Généraliste, Poète Panafricaniste, leader associatif, Président de l’Association Santé Rurale, qui lutte contre la Drépanocytose dans le Département du Noun. Aujourd’hui je suis Médecin-Chef du Centre Médical d’Arrondissement de Koutaba-Mataket.

J’ai fait mes études primaires et secondaires dans le département du Noun, dans l’arrondissement de Kouoptamo, et de Foumban, où j’ai obtenu un Baccalauréat C en 2010. La même année, j’ai présenté le concours de l’Institut des Beaux-Arts de Foumban en architecture et ingénierie civile, formation que j’ai abandonné en fin de premier semestre pour présenter en fin d’année 2010-2011 le concours de l’ENIEG niveau Baccalauréat. Au cours de l’année 2011 je me suis inscrit à l’École Normale des Instituteurs d’Enseignement Général où j’ai obtenu mon CAPIEMP. Avant cet examen, j’ai reçu un appel d’une personne spéciale pour moi, ma Cousine NGANGOUBE Ladifa Romie qui m’a informé d’une bourse d’études en médecine à Cuba et j’ai saisi l’opportunité de postuler.  Ce qui m’a valu d’être sélectionné pour étudier la médecine au Cuba entre 2012-2019 et j’ai obtenu mon doctorat en Médecine Généraliste.

Je fais mon entrée dans la cours des poètes en écrivant mon premier ouvrage intitulé “Des vérités sincères” en 2018, puis un second en collectif avec d’autres étudiants africains à Cuba.

De retour au Cameroun en septembre 2019, j’effectue un stage d’imprégnation d’Octobre 2019 à Mars 2020 à l’Hôpital du Palais des Rois Bamoun, avant de continuer dans cette même formation sanitaire comme médecin généraliste jusqu’en mars 2021. En Décembre 2020 je suis admis au concours d’intégration et obtient ma première affectation en novembre 2021 pour le CMA de Mutengene dans le sud-Ouest Cameroun. En novembre 2022, je suis affecté à l’Hôpital de District de Kouoptamo comme médecin généraliste. Mon affectation à Kouoptamo a été une fête pour moi, car j’allais apporter une autre perception du personnel de l’État dans cette formation sanitaire dont j’avais gardé un triste souvenir depuis mon jeune âge. Le 04 avril 2024, j’ai été nommé Médecin-chef par intérim au CMA de Magba par décision du Gouverneur de la Région de l’Ouest. Le 21 Mai 2024, j’ai été nommé par Arrêté du Ministre de la Santé Publique Médecin-chef au CMA de Koutaba-Mataket et j’ai pris service le 04 Juin 2024.

Quelle est la source de votre vocation de médecin ?

En fait à l’époque, mes parents avaient amené l’un de mes petits frères en état d’anémie âgé d’environ 6 mois au CMA de Kouoptamo, et pour défaut de 2.700 FCFA, le personnel avait refusé tout soin au patient. Mes parents ont ramené l’enfant au village Njindou à pied, faute de moyens et l’enfant est décédé à leur arrivée. Ayant appris cette histoire, mon rêve était d’être médecin, mais sans savoir comment je pourrais arriver. J’ai accepté de postuler à la Bourse de Cuba simplement parce qu’il s’agissait de la médecine et que c’était le seul moyen pour moi de réaliser mon rêve.

Deux personnes ont joué un grand rôle dans la réalisation de ce rêve et je leur en suis éternellement reconnaissant. Ma cousine susmentionnée, et mon père adoptif qui m’a soutenu pour qu’on ait le billet d’avion et bien d’autres facilités, l’actuel Ambassadeur du Cameroun en Algérie, Dr. NJI NJIMOLUH Amidou Komidor.

Trois mois à la tête du CMA Koutaba-Mataket. Dans quel état avez-vous trouvé les lieux ?

Au CMA de Koutaba-Mataket j’ai trouvé dans une situation pas trop stable en ce qui concerne les relations entre le personnel et les lieux pas vraiment dignes de l’historique de cette formation sanitaire. Le CMA de Koutaba-Mataket dispose de 7 services, dont l’accueil, qui est un espace créé avec des matériaux provisoires (bois) mais gardant l’intimité des malades, un service de médecine et hospitalisation avec 15 lits, un service de Maternité, avec une salle de consultation prénatale, une salle d’accouchement, et 8 lits d’hospitalisation dont deux pour la salle de travail, deux en salle de gynécologie, un lit pour la couveuse servant de salle haut standing et trois lit pour le post-partum. Un service du Bloc opératoire et réanimation, qui sert à accueillir des cas d’accident ou des patients opérés par césarienne. Ce service disposait de 4 lits dans la salle dire réanimation, une salle d’opération chirurgicale, une salle de petite chirurgie et un Bureau servant de salle de stérilisation et de Bureau du major. À mon arrivée j’ai constaté qu’un bâtiment autrefois utilisé comme résidence du médecin, était mal utilisé comme magasin et une petite partie comme salle d’échographie. Nous avons donc réfléchi avec le staff administratif de transformer les deux chambres comme deux salles d’hospitalisation pour le service du Bloc Opératoire. Un service de pharmacie et caisse a été trouvé, mais aujourd’hui séparé en deux services. Un service d’échographie et un service d’entretien et d’hygiène.

De quel plateau technique dispose cette structure sanitaire ?

Le CMA de Koutaba-Mataket dispose d’un plateau technique pas très performant pour son développement. Certains matériels qui sont à réformer continuent néanmoins à être utilisés jusqu’à ce jour, à l’instar de la table de césarienne qui n’est plus conforme. D’autres appareils sont en panne et ne nous permettent pas d’offrir la meilleure prise en charge à nos patients.

Hon.Dr NJIMOGNA LOUKOUMAN Akim, Quelles sont les difficultés majeures rencontrées ?

Depuis mon arrivée à Koutaba-Mataket, je rencontre plusieurs difficultés, d’ordre financier et infrastructurel. L’effectif en personnel soignant est élevé et avec l’avènement des recettes affectées et le départ du PBF, le personnel est mis en difficulté et le centre est obligé de trouver des moyens pour les maintenir dans leurs différents services en leur donnant des frais de transport pour ne pas parler de salaire. Cette situation plombe le fonctionnement de la structure, et ne facilite pas la réalisation des projets de développement.

Sur le plan des infrastructures, il est souvent arrivé que les 27 lits de l’Hôpital trouvés soient occupés ce qui nous oblige à référer les nouveaux malades directement à l’Hôpital Régional Annexe de Foumban. C’est pour cette raison que nous avons créé ces deux salles qui donnent l’opportunité d’avoir aujourd’hui 31 lits d’hospitalisation au CMA.

Pouvez-vous dresser un bilan de votre premier trimestre à Koutaba ?

Après trois mois de travail, je peux dire qu’avec le concours de mes collaborateurs, nous avons pu changer l’image du CMA en ce qui concerne la propreté, l’accueil des malades, la réalisation des premiers soins sans attendre de caution, les frais des soins pouvant être payé jusqu’à la sortie du patient. La création des deux salles d’hospitalisation donnant 4 lits supplémentaires et la création de la caisse autonome sont aussi des éléments positifs pour cette structure.

Nous envisageons informatiser les recettes pour faciliter la comptabilité, la gestion des stocks de médicaments et la sécurisation des recettes. D’ici la fin de ce mois, par la grâce de Dieu, nous aurons cette informatisation des services de la Caisse et de la pharmacie.

Les relations avec les populations ont nettement été améliorées, car les chefs traditionnels sont désormais en harmonie avec moi et la structure sanitaire.

Hon. Dr NJIMOGNA LOUKOUMAN Akim, votre mot de fin ?

Pour finir, je peux dire que pour atteindre un certain niveau dans ce que nous faisons, il faut s’appliquer. En médecine, si vous recevez, soignez les patients comme vos propres parents, vous êtes sûr d’évoluer et de recevoir des récompenses divines qui passent toujours par certaines personnes qui sont comme des anges pour nous sur terre.

Propos recueillis par Adèle BITGA

Lire ausi : PEN-Plus : Stratégie contre les maladies chroniques non transmissibles au Cameroun