Violences basées sur le genre : 35% de femmes victimes de violences physiques ou sexuelles

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Viols, mutilations génitales féminines, violences domestiques… Au Cameroun, les femmes sont confrontées à un fléau multiforme qui menace leur sécurité et leur dignité. Les statistiques présentés par la commission des droits de l’homme du Cameroun sont inquiétantes.

Selon les statistiques d’ONU-FEMMES, 35 % des femmes dans le monde ont subi au moins une fois des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime ou des violences sexuelles de la part d’une autre personne.

Au Cameroun, des filles et des femmes continuent de perdre la vie à la suite d’abus sexuels ou de violences physiques. Ce phénomène est devenu un véritable fléau qui menace la sécurité et la dignité des femmes dans le pays. Décembre 2024, la vie de Pélagie basculait. Une simple coiffure lui valut d’être rouée de coups par son époux, qui l’accusait d’infidélité. Ce drame, loin d’être isolé, est malheureusement emblématique d’une réalité que de nombreuses femmes camerounaises vivent au quotidien. Gisèle, restauratrice, a été assassinée par son compagnon pour une histoire de tontine. Véronique, enseignante, a été tuée par son époux. Jacqueline, poignardée par son cousin pour une somme dérisoire. Hortense, battue presque à mort pour une histoire d’infidélité… La liste est longue et tragique.

Ces histoires glaçantes témoignent d’un fléau qui touche toutes les couches de la société. Selon la déclaration de la commission des droits de l’homme du Cameroun à l’occasion de la célébration de la 21e édition de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, nous notons que, Chaque jour, 137 femmes sont tuées par un membre de leur famille. 49% des femmes adultes sont victimes de trafic d’êtres humains dans le monde. Au moins 200 millions de femmes et de filles âgées de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines.

La Commission relève qu’au Cameroun, en 2018, 54,54 % de femmes ont été victimes d’abus psychologiques, 50,24 % de violences économiques, 24 % des adolescentes ont subi le repassage des seins et 1,4 % ont été victimes de mutilations génitales féminines.

La Commission note qu’en 2019, les statistiques recueillies auprès de juridictions dans six Régions au Cameroun (Adamaoua, Est, Extrême-Nord, Ouest, Centre et Sud) font état de 224 procès-verbaux d’enquête dressés pour des faits qualifiés de viol, donnant lieu à 163 décisions et 105 condamnations pour 78 victimes enregistrées, tandis que 533 procès-verbaux ont été dressés et 280 personnes condamnées pour 328 victimes de faits d’outrage à la pudeur des personnes mineures de 16 ans ; La Commission note également pour le déplorer qu’entre février et décembre 2020, 4 300 incidents sexuels et violences basés sur le genre ont été enregistrés au Nord-Ouest et au Sud-Ouest et que, de janvier à mars 2021, 500 cas de viol et d’abus sexuels ont été relevés dans les Régions mentionnées.

La Commission constate avec stupeur qu’en ce qui concerne les violences faites aux femmes au Cameroun, les statistiques issues des études de l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes (ALVF) démontrent que 55 % des femmes (de 15 à 50 ans) ont déjà subi différentes formes de violence au moins depuis l’âge de 15 ans ; 20 % des femmes ont été forcées d’avoir leur premier rapport sexuel ; 14 % des femmes ont déclaré avoir subi des violences pendant qu’elles étaient enceintes. 29% des femmes déclarent avoir été victimes d’actes de violence sexuelle à un moment ou à un autre de leur vie. Que dans le couple, 45% des femmes ont subi des violences physiques, 20% des violences sexuelles et 42% des violences morales.

Il est également signalé que 51,4 % des actes violents ont été commis par les maris et/ou les partenaires; 48 % des victimes déclarent n’avoir jamais recherché de l’aide; 39 % des victimes n’ont jamais parlé à personne de la violence qu’elles subissent ou qu’elles ont vécue. La Commission constate avec regret que le fait que 39 % de la population camerounaise vive en dessous du seuil de pauvreté augmente les risques de violences à l’égard des femmes. Les causes de ces violences sont complexes et multifactorielles. Elles sont souvent liées aux normes sociales patriarcales qui accordent aux hommes un pouvoir disproportionné sur les femmes, aux inégalités économiques, à l’éducation, à la consommation excessive d’alcool, etc.

Face à ce fléau, l’association Afriyan a décidé de lancer une campagne de sensibilisation dans les établissements scolaires, afin d’éduquer les jeunes filles et les garçons aux conséquences des violences basées sur le genre. Cette initiative est essentielle pour prévenir ces actes et promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes.

Les violences basées sur le genre sont un problème de société qui nécessite une réponse globale et coordonnée. Il est urgent de mettre en place des politiques publiques efficaces pour prévenir ces actes, protéger les victimes et punir les coupables.

Elvis Serge NSAA

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