L’Adamaoua, région influencée par les croyances traditionnelles sort petit à petit la tête de l’eau. Les accouchements dans les formations sanitaires sont en hausse depuis l’implantation du projet Chèque Santé dans la région.
Le projet Chèque Santé, financé par l’État du Cameroun et ses partenaires, notamment la France à travers le C2D et la Kfw appuie les femmes enceintes par la prise en charge des grossesses. A travers un mécanisme de prise en charge de certaines pathologies, le projet fait des heureuses dans la région. Autrefois, les femmes qui accouchaient à la maison avec toutes les complications que cela comportent, le «dada saré » comprennent déjà progressivement l’importance du suivi prénatal par les personnels de santé. De moins en moins, celles-ci accouchent encore à la maison.
Le travail abattu par le personnel de ce projet porte ses fruits. Les hommes, auparavant réfractaires dans les villages, s’alignent à la donne en laissant les femmes sortir des « saré » pour se faire accompagner par les spécialistes de la santé. Ce qui a pour conséquences logiques, une meilleure prise en charge de la grossesse et certaines maladies post natales. « Lors de la grossesse de mon dernier enfant, mon mari m’a donné de l’argent pour essayer le Chèque Santé. Je me suis rapprochée de l’hôpital de Dang. Avec les 6000f, mon bébé et moi, nous avons été suivis du début jusqu’à la fin. Contrairement à mes autres enfants, celui-ci est né sans complications, car, à chaque consultation, je recevais des conseils et des médicaments pour ma santé et celle du bébé que je portais », témoigne Aminatou, habitante du village Dori dans l’arrondissement de Ngaoundéré 3ème. Les témoignages comme celui-ci sont légion au sein de la communauté, « j’ai déjà bénéficié du Chèque Santé une fois, et je conseillerai à tous les hommes de faire l’effort de le fournir à leurs épouses. On dépense moins pendant la grossesse et jusqu’à 42 jours après l’accouchement. Entre temps, l’homme peut faire des économies et assurer le bien-être de la maman et de son enfant » renchérit Siko, habitant de Ngaoundéré.
Le projet continue son déploiement dans la région. Un climat de confiance a vu le jour entre les responsables du projet et les populations. En ratissant large, il couvre aujourd’hui quasiment toutes formations sanitaires publiques de la région. L’année 2020, avec l’arrivée de la pandémie à corona virus n’a pas pour autant influencé la ruée pour l’achat du Chèque. Le nombre des femmes qui donnent naissance dans les formations sanitaires est en hausse. « Depuis notre implantation dans la région, 07 districts de santé sur les 09sont actuellement couverts. Il ne reste que les districts de santé de Ngaoundal et de Djohong. En plus nous avons 71 formations sanitaires oculaires de Santé touchés. Malgré la COVID 19, les accouchements augmentent. L’année dernière, au moins 24 000 femmes ont accouché à l’hôpital. Ce nombre d’accouchements est en hausse par rapport aux années précédentes (ndlr). Il y a eu une légère inflexion au cours du 2ème trimestre après les activités entreprises avec une véritable hausse au 4ème trimestre» explique Emmanuel Betsi, chef d’Antenne Régionale du Chèque Santé dans l’Adamaoua.
L’objectif de ce projet vise à réduire le taux de mortalité maternelle et infanto juvénile. Les prestations couvertes par le chèque couvrent les consultations prénatales, l’échographie, les complications et l’accouchement et les évacuations d’urgence.
Jean BESANE MANGAM