Les Moustiquaires Imprégnées d’Insecticides à Longue Durée d’Action (Milda) distribuées par l’État Camerounais ont été transformées en un outil de pêche et de barrières pour protéger les champs.
Les habitants de la ville de Ngaoundéré et ses environs ont vite fait de transformer les Milda en outil de pêche et de barrière de protection des champs. Partout dans la ville, ce dispositif de protection contre le paludisme est utilisé pour la pêche et pour empêcher la pénétration des animaux domestiques laissés en divagation dans les champs. Des actions qui ne passent pas inaperçues par certains qui appellent à la sanction des personnes qui utilisent ces Milda à d’autres fins. « Il faudrait que le gouvernement commence à être dur avec les populations. Ce sont des dépenses énormes que l’Etat consenti chaque année, pour le bien-être des populations. Le camerounais n’aime pas ce qui est bon pour lui », s’offusque Mouafo, habitant de la ville de Ngaoundéré.
Comme Mouafo, Belmondo Siko, est décontenancé. Cet animateur radio dans la ville de Ngaoundéré, a fait de la sensibilisation à l’utilisation judicieuse des moustiquaires, son cheval de bataille. « On est au service de la communauté et on se doit de sensibiliser les populations, de porter le message du gouvernement à nos auditeurs. Les gens ont tendance à mettre plus l’accent sur le covid-19 qui semble plus faire peur que le paludisme. Chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, le paludisme représente l’une des principales causes de décès dans notre région. Les populations doivent se mettre à l’abris de cette maladie, même si l’insecticide n’est plus efficace, mais les moustiquaires empêchent au moins les moustiques d’entrer ».
Les prévisions météorologiques annoncent des fortes précipitations dans la région. Avec les tas d’ordures qui jonchent de plus en plus les rues et les quartiers de la ville, le risque de contracter le paludisme est élevé pendant cette saison. Les agents de santé sur le terrain, multiplient les campagnes de sensibilisation à l’usage correct des moustiquaires imprégnées. « Nous nous battons pour que les populations utilisent normalement les Milda. Curieusement, certains estiment que l’insecticide d’imprégnation n’est plus d’actualité, après un certain temps mais même dans ce cas, il est conseillé de continuer l’utilisation. A ce niveau, elles servent de méthode barrière en attendant la nouvelle distribution des Milda pour le compte de l’année 2021 », explique Mahamat, Agent de santé communautaire dans le district de santé de Dang.
Dans les formations sanitaires, près de 50% des cas de consultations sont liées au paludisme ou à la typhoïde, deux maladies liées à la mauvaise hygiène de vie et de la qualité de l’eau consommée. Avec l’abondante précipitation qui s’annonce, la survenue d’épidémie de choléra n’est pas aussi à écarter.
En 2019, les statistiques officielles dans l’Adamaoua indiquaient que 29% de décès de femmes enceintes et 69,4% des enfants de moins de 5 ans sont liés au paludisme. Ces chiffres qui font froid au dos traduisent à souhait le nouvel usage qu’ont fait les populations des Milda offertes par l’État.
Jean BESANE MANGAM