En 2018, des milliers d’enfants âgés de 0-11 mois n’ont pas été vaccinés en service de routine dans les districts santé à risque. Cette situation expose le pays à un risque accru de flambées de rougeole, de tétanos, de poliomyélite ou d’autres maladies.
En date du 15 mai 2019, un cas de Polio virus circulant de type 2 a été détecté et confirmé dans la localité de Mada, département du Logone et Chari, région de l’Extrême Nord. Cette résurgence de la poliomyélite confirme l’exposition du Cameroun aux épidémies. D’après le Programme élargi de la vaccination (PEV), on enregistre une faible utilisation des services de vaccination, la surveillance des maladies à améliorer , le mauvais état de la chaîne de froid, la coordination approximative des activités de vaccination, la méconnaissance et/ou le non-respect du calendrier vaccinal et les refus des parents lors des campagnes de vaccination.
« En 2018, par exemple, au moins 200 mille enfants n’ont pas pu être vaccinés en service de routine dans les districts de santé à risque », a révélé Jacques Boyer, Représentant de l’Unicef au Cameroun, le 27 février 2019 dans son discours au cours de la table rond des donateurs pour le financement du plan de transition du programme d’éradication de la poliomyélite au Cameroun. « La dernière évaluation externe de cette riposte a démontré que de façon cumulative, 3 millions d’enfants n’ont pas été atteints lors des campagnes pour diverses raisons », précise Jacques Boyer. Cela démontre à quel point les défis à matière de vaccination restent énormes dans le contexte actuel du retrait progressif des donateurs traditionnels de l’initiative mondiale d’éradication de la polio. Il est important en ce moment pour le gouvernement camerounais mette l’accent sur les activités de surveillance active et de lutte contre d’autres maladies, la vaccination de routine, la communication, et l’accès aux communautés difficiles à atteindre notamment dans les zones touchées par les conflits, telles que le Nord-Ouest, le Sud-Ouest et l’Extrême-nord. La surveillance épidémiologique des maladies cibles du PEV quant – a- elle est non optimale ; faible qualité de la mise en œuvre des AVS ; faibles performances en matière de surveillance intégrée des maladies et de riposte y relative en général, ainsi que des maladies évitables par la vaccination en particulier.
Faible couverture vaccinale
Dans le cadre du plan pluriannuel du Programme élargi de vaccination couvrant la période 2015-2019, le gouvernement s’est engagé à réduire le risque de décès chez les enfants à travers le relèvement de la couverture vaccinale complète de 75 à 95%, la couverture de tous les districts de santé (DS) en matière de prise en charge intégrée des maladies de l’enfance. Et Pourtant, en 2018, le taux de la couverture vaccinale est estimé à 86% suivant l’antigène traceur, le penta 3 en deçà de 90% attendu au niveau national. Pour l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) la vaccination est par contre une intervention de santé publique dont le bénéfice coût-efficacité est reconnu au niveau international. Elle contribue à environ 25 % dans la réduction de la mortalité infanto-juvénile. Au Cameroun, 12 maladies sont évitables par la vaccination pour les enfants de 0-11 mois à savoir : la Tuberculose, la Diphtérie, la Coqueluche, la Tétanos, l’Hépatite virale B, les infections à Haemophilus Influenzae type b, la Rougeole, la Poliomyélite, la Fièvre jaune, les infections à Pneumocoques et les infections à Rotavirus. Au total, 19 DS ont une couverture vaccinale suivant l’antigène traceur, le Penta 3 inférieur à 50% soit près de 5 fois plus qu’en 2017. La région du Littoral s’est améliorée tandis que la situation s’est dégradée dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
Le 31 janvier 2017, lors du 28ème Sommet de l’Union africaine (UA), les chefs d’État et de gouvernement africains ont adopté la Déclaration d’Addis sur la vaccination (ADI), s’engageant ainsi à promouvoir l’accès universel à la vaccination sur le continent. L’ADI avait été préalablement rédigée et signée par les ministres et autres représentants de haut niveau à la Conférence ministérielle africaine sur la vaccination en février 2016.
L’accès universel à la vaccination est une condition essentielle à l’avancement de la santé et du développement, qui stimule la croissance économique et permet à chacun de réaliser pleinement son potentiel. Assurer l’accès de tous à la vaccination contribuera à l’instauration des Objectifs de développement durable (Odd) et d’autres efforts de développement, y compris l’Agenda 2063 de l’Union africaine – cadre stratégique pour la transformation socioéconomique du continent au cours des 50 prochaines années. Seulement, le gouvernement tarde à tenir les promesses et les engagements prise à Addis Abeba.
Les risques de la non-vaccination
A en croire les experts, l’absence de la vaccination expose le pays à un risque de résurgence d’épidémie des maladies potentiellement dangereuses dans les communautés; risque de perdre ses économies par des dépenses supplémentaires pour la prise en charge des soins hospitaliers en cas de maladie; risque de perturbation scolaire des enfants à cause des maladies pourtant évitables par la vaccination ( Mev); risque de perdre du temps dans les hôpitaux pour garder les malades; risque de perdre précipitamment des membres chers de la famille des suite des Mev; risque de vivre avec des séquelles des maladies graves et dangereuses (polio, méningite…) ; ne pas vacciner ses enfants (oubli, refus) c’est exposer les autres enfants au risque de contracter la maladie (polio, Rougeole…); ne pas faire vacciner les enfants c’est les exposer au risque d’une vie adulte malheureuse (Hépatite, cancer du col de l’utérus…) et ne pas encourager la femme à respecter le calendrier vaccinal dès sa première grossesse, c’est exposer le nouveau-né à des risques de malformation et de décès dans ses premiers moments de vie. Joseph MBENG BOUM