Cipd: le Cameroun doit réduire sa mortalité maternelle à 140 décès d’ici 2030

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Au lendemain de la célébration de la journée mondiale de la population, le journal Echos Santé dresse l’état des lieux de la mortalité maternelle.  La cible des Objectifs pour le Développement Durable (ODD) d’ici 2030 est d’arriver à un ratio inférieur à 140 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, ce qui ne serait possible que si le Cameroun atteint une vitesse de réduction annuelle d’environ 9,8%.

Le ratio de mortalité maternelle a connu une évolution préoccupante au cours des 20 dernières années, passant de 430 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1991 à 782 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2011, soit une augmentation d’environ 82%. La cible des Objectifs pour le Développement Durable (ODD) d’ici 2030 est d’arriver à un ratio inférieur à 140 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, ce qui ne serait possible que si le Cameroun atteint une vitesse de réduction annuelle d’environ 9,8%.

Les causes directes de la mortalité maternelle sont les hémorragies (46%), la dystocie (22%), l’éclampsie/pré-éclampsie (11%) et les infections du postpartum (9%), tandis que les causes indirectes incluent le paludisme, les anémies sévères, les affections liées au VIH/Sida et les maladies cardiopulmonaires. Par ailleurs, près de 28% des décès maternels au Cameroun surviennent chez les jeunes femmes âgées de 15 – 24 ans.

Le taux de mortalité néonatale est passé de 31‰ à 28‰ naissances vivantes entre 2011 et 2014. Malgré cette faible tendance à la baisse, ce taux représente près de la moitié de la mortalité infantile, et le quart de la mortalité infanto-juvénile. Les décès des nouveau-nés constituent ainsi une proportion de plus en plus importante des décès des enfants de moins de 5 ans. Les causes directes les plus fréquentes de la mortalité néonatale sont l’asphyxie, l’infection et la prématurité. Le taux de mortalité infantile est passé de 74‰ à 60‰ entre 2011 et 2014, et celui de la mortalité infanto-juvénile est passé de 122‰ à 103‰ naissances vivantes au cours de la même période.

Chez les enfants de 2 mois à 5 ans, le paludisme (21%), la diarrhée (17%), la pneumonie (17%) et le VIH/SIDA (7%) constituent les principales causes de mortalité. La malnutrition devient très préoccupante. La situation du retard de croissance se dégrade au fil des années. En 1991 par exemple, 24,4% des enfants de moins de 5 ans souffraient du retard de croissance contre 30,4% en 2006. Ils étaient estimés à 33% en 2011 (EDS/MICS 2011) et 31,7% en 2014 (MICS 2014). Par ailleurs, 5,2% d’enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aigüe en 2014 contre 6% en 2011 et 14,8% souffrent d’insuffisance pondérale en 2014 contre 15% en 2011.

Parmi les problèmes majeurs de la santé de reproduction des adolescentes/jeunes, il y a lieu de citer : les rapports sexuels précoces ; les grossesses précoces non désirées ; les infections sexuellement transmissibles ; les mariages précoces ; et les violences sexuelles. Dans ce contexte de taux de mortalité/morbidité élevé parmi ces populations, d’énormes disparités existent entre les zones géographiques (surtout en défaveur des 3 régions du septentrion et de l’Est), le milieu de résidence (le milieu rural est défavorisé) et les conditions socio-économiques (les quintiles les plus pauvres paient un lourd tribut).

L’analyse de ces problèmes par l’outil « Equitable impact Sensitive Tool » (EQUIST) a permis d’identifier les Interventions à haut impact qui peuvent en résoudre une bonne partie. Ce sont : la Vaccination, le Planning Familial, les soins prénatals, les soins postnatals, l’accouchement assisté par un personnel qualifié et motivé, les SONU, la PCIME, l’antibiothérapie, le maintien des filles à l’école, etc.

Goulots d’étranglement à l’utilisation effective des services 

L’analyse situationnelle soigneuse des différents domaines d’intervention a montré que les disparités régionales se sont accentuées pendant les dix dernières années, tant en termes de la gravité des problèmes que de la couverture des interventions à haut impact. Les régions de l’Adamaoua, de l’Est, de l’Extrême-Nord et du Nord sont celles où la situation reste généralement la plus critique. Ces régions sont celles qui ont été identifiées comme zone prioritaire d’intervention dans ce dossier d’investissement SRMNEA.

Des goulots d’étranglement empêchant la couverture effective de la population avec les interventions à haut impact ont été identifiés par rapport à la demande (ignorance/inacceptabilité sur le plan culturel, faible pouvoir d’achat) et à l’offre (disponibilité des intrants, disponibilité des ressources humaines, accessibilité financière et géographique et qualité des prestations).

Aligné aux Objectifs de Développement Durable, et tenant compte de la nécessité d’aller vers la couverture sanitaire universelle, l’objectif général de ce dossier d’investissement est de contribuer à réduire, d’ici à fin 2020, la mortalité/morbidité maternelle, néonatale et infanto-juvénile, et de promouvoir la santé de la reproduction des adolescents/jeunes prioritairement dans les régions de l’Adamaoua, l’Est, l’Extrême-Nord et le Nord.

Pour atteindre cet objectif, l’une des principales stratégies est de couvrir la zone d’intervention par un ensemble d’interventions spécifiques et multisectorielles permettant d’assurer une complémentarité et synergie pour faciliter l’atteinte des résultats escomptés tout en veillant à une meilleure allocation et utilisation des ressources disponibles pour la santé.  A cet effet, le gouvernement étant conscient que le Cameroun ne peut plus continuer à faire le « business as usual » est engagé dans une réforme du financement de la santé.

Joseph MBENG BOUM

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