En 1994, à la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), 179 gouvernements se sont engagés à : fournir un accès universel à la planification familiale volontaire, aux services et aux droits à la santé sexuelle et reproductive entres autres. A moins de 100 jours du sommet de Nairobi, votre journal évalue les progrès et faiblesse de chaque engagement au Cameroun. Nous ouvrons par la planification familiale.
Il y a vingt ans, la communauté internationale s’est réunie au Caire, en Egypte, pour explorer comment le monde évolue et comment ces changements ont affecté les plus vulnérables. En 1994, à la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), 179 gouvernements ont signé un Programme d’action, qui reconnaît que les femmes, leurs droits et l’égalité sont des priorités mondiales de développement. Les gouvernements se sont engagés à : fournir un accès universel à la planification familiale volontaire, aux services et aux droits à la santé sexuelle et reproductive ; assurer l’égalité des sexes et l’égalité d’accès à l’éducation ; lutter contre les effets de l’urbanisation et de la migration ; et soutenir le développement durable. Aujourd’hui, vingt ans plus tard, le monde est très différent, transformé par la révolution numérique et les progrès de la médecine et de la connaissance humaine. Mais a-t-il changé dans le sens que nous espérions ?
Planification familiale : les besoins non satisfaits
Au Cameroun, les jeunes de moins de 25 ans représentent 64,2% de la population totale. La fécondité reste précoce. Le taux de fécondité des adolescentes représente 12% de la fécondité générale. En 1991, 35% des filles de 15-19ans avaient déjà commencé leur vie féconde. En 2011, 25% avaient déjà commencé leur vie féconde. L’utilisation de contraceptifs a augmenté dans les deux dernières décennies – mais il reste un énorme besoin non satisfait. La prévalence contraceptive auprès des femmes (15- 49ans) a légèrement augmenté de 13,5% en 2004 à 16,1% en 2011. Cependant, au cours de cette période le pourcentage des femmes avec un besoin non satisfait pour la planification familiale a augmenté de 14,5% à 16,6%.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la faible utilisation des contraceptifs modernes au Cameroun. On peut retenir pour cause de cette faible utilisation: des ruptures des stocks des contraceptifs fréquentes et de longue durée dans certaines localités;
l’accès limité à la contraception, spécialement en milieu jeune où l’on rencontre plus des personnes nantis, vivant en concubinage ; l’insuffisance du nombre des prestataires aptes à fournir des méthodes de longue durée d’action ; l’inaccessibilité financière et/ou géographique des services de PF ; le faible niveau d’instruction des femmes ; le conjoint non favorable à l’utilisation de la PF ; l’insuffisance dans la communication entre les conjoints sur la contraception ; la mauvaise qualité de l’information reçue par rapport aux méthodes contraceptives ; la crainte d’effets secondaires ; l’opposition religieuse ou culturelle, la qualité déplorable des services concernés et les préjugés établis par les utilisateurs et des fournisseurs.
Le 10 Novembre 2014, le Cameroun s’est officiellement engagé dans l’initiative FP2020 (Family planning 2020). L’initiative FP2020 est un partenariat mondial œuvrant pour permettre à plus de 120 millions de femmes et de filles d’avoir accès à la planification familiale volontaire d’ici 2020.
A travers cet engagement, le Cameroun vise comme objectif l’accroissement de sa prévalence contraceptive de 16,1% à 30% et la réduction des besoins non satisfaits de 17% à 10% d’ici 2020 ; ce qui devrait permettra à plus de femmes de décider, librement si et quand avoir des enfants. Mais à quelques mois de 2020, plusieurs engagements restent non atteints.
Les dix engagements du Cameroun pour la Planification familiale d’ici à 2020
Engagements politiques et réglementaires
Assurer la mobilisation de la ligne budgétaire pour l’achat effectif des contraceptives. Mettre en place un mécanisme de subvention des services de planification familiale pour les cibles les plus vulnérables notamment les adolescents/jeunes et les femmes handicapées. Renforcer l’engagement multisectoriel en faveur de la planification familiale. Disséminer les documents cadres de la santé de la reproduction/ planification familiale dont dispose le Cameroun et mettre en œuvre les interventions prioritaires retenues. Institutionnaliser l’utilisation de certaines méthodes utilisées dans le cadre de l’approche communautaire, notamment la pilule et les contraceptifs injectables.
Engagements financiers
Mener un plaidoyer en vue d’augmenter l’allocation budgétaire de l’Etat pour la santé de la reproduction à hauteur de 5% par an d’ici 2020 ainsi que la part réservée à la planification familiale. Mobiliser les donateurs y compris ceux du secteur privé et de la société civile pour le financement de la planification familiale. Engagements en matière d’offre des services de PF. Assurer la sécurisation des produits contraceptifs pour qu’il y ait zéro rupture de stock des produits contraceptifs. Offrir la gamme complète des produits contraceptifs en assurant la qualité des services y compris le counselling en planification familiale, la formation et la supervision des agents de santé. S’assurer de la redevabilité du Cameroun et des partenaires concernant le financement.
Joseph MBENG BOUM