Cancer du colon: Le Dr Roger Tchamfong décrypte la pathologie

Selon ce cancérologue et Directeur de la clinique St Joseph Center à Yaoundé, le principe avec les cancers est que plus il est diagnostiqué tôt mieux il est traité.
C’est quoi le cancer colorectal ?
Brièvement le cancer c’est une multiplication anarchique des cellules de notre corps. Le cancer colorectal quant à lui implique deux organes : le colon et le rectum. Le colon étant le gros intestin ; le rectum étant pratiquement la partie terminale du tube digestif. Le cancer colorectal se développe aux dépens des cellules glandulaires de la paroi interne du colon ou du rectum. Le colon étant constitué de 4 grandes parties (colon ascendant, transverse, descendant, et le colon synode) . Le rôle de ce colon c’est de réabsorber de l’eau et c’est là où vont se former les matières fécales.
Quels sont ses facteurs de risque de ce cancer ?
La majorité des cancers du gros intestin atteint des individus qui ne présentent pas apparemment de risque particuliers autre que l’âge. Disons qu’un certain nombre de risques augmentent la fréquence de ce cancer. On rencontre 3 facteurs de risque nutritionnels : la consommation excessive d’alcool , le surpoids , la consommation excessive de la viande ( viande rouge) , la sédentarité, car l’activité physique accélère le transit intestinal ; le tabagisme , l’hérédité joue un rôle important dans la survenue de ce cancer . Le risque étant multiplié par deux ou trois chez le malade dont les parents ont été victimes de ce cancer. On estime que 30% de personnes ayant un cancer colorectal serait porteur d’une anomalie génétique mais ceci n’est qu’un facteur de risque et non une cause directe. les autres facteurs de risque sont la présence d’un adénome ou d’un polype au niveau de la muqueuse intestinale, les maladies inflammatoires chroniques du gros intestin, les antécédents d’une personne qui a eu le cancer du colon.
Quels sont les symptômes de ce cancer ?
Ce cancer ne cause aucun signe au début de la maladie. Les signes apparaissent lorsque le cancer se développe progressivement. Ces principaux signes sont : la diarrhée, la constipation, la sensation de gaz (abdomen ballonné, distendu) , des crampes abdominales , des douleurs, des saignements occultes (car n’apparaissent pas dans les selles mais les selles sont noires) , la perception d’une masse au niveau de l’abdomen. Il est difficile de citer tous ces signes, car il sont fonction de l’évolution de la maladie. Cependant si rien n’est fait on tombe dans le stade des complications. Deux principales complications sont d’ailleurs à noter : l’ascite (il y’a de l’eau dans le ventre) et quand le foie est atteint , quand il y’a des métastases hépatiques ; l’hithère communément appelé jaunisse (le malade devient jaune ).
Statistiquement parlant quel est le taux de personnes atteintes par ce cancer dans notre pays ?
En matière de statistique, la force des statistiques dépend des archives. C’est très difficile dans notre pays. Cependant, dans notre pays, ce cancer survient de plus en plus chez les sujets relativement jeunes par rapport aux autres pays. D’ailleurs les 3 malades que j’ai eu à opérer ici à la clinique avaient moins de 40 ans. Les facteurs pronostic étant le stade tumoral, les délais de diagnostic et d’autres comorbidités. On constate que l’incidence de ce cancer augmente au niveau du Cameroun. Statistiquement on note que 60% des cancers apparaissent au niveau du colon (gros intestin) et 40%au niveau du rectum. Ainsi les cancers colorectaux chez les sujets de moins de 40 ans représentent selon TAKONGMO et collaborateurs 47 ,60 % ; 52 ,38%chez les plus de 40 ans. Les mêmes publications montrent que ce cancer atteint 63 ,49% d’hommes et 36 ,51% de femmes. Donc les hommes sont beaucoup plus atteints.
Avez-vous reçu des personnes atteintes de ce cancer au sein de la clinique ?
Nous recevons les personnes atteintes de ce cancer au sein de la clinique.
Existe-t-il un traitement contre le cancer du colon ? Si oui, sur quoi repose t’il ?
Il existe effectivement des traitements. Le principe avec les cancers est que plus il est diagnostiqué tôt mieux il est traité. Avant de parler traitement abordons l’aspect du diagnostic de ce cancer. Il y’a les diagnostics biologiques notamment la recherche de sang dans les selles au laboratoire. Il y’a également des examens modernes tels la coloscopie( on introduit un tube par l’anus et on examine le gros intestin, si on découvre un polype on peut l’enlever et l’analyser ).
Pour ce qui est du traitement, quand l’on découvre la présence du cancer (au niveau du colon ou du rectum), la chirurgie constitue la base du traitement dudit cancer. Il y’a ensuite la chimiothérapie. Je tiens à rappeler qu’on ne commence la chimiothérapie néoadjuvante que lorsque le malade vient tard et que l’extirpation de la tumeur est pratiquement impossible. Il y’a les autres thérapies modernes notamment les anticorps monochloraux ; ils sont chers et constituent une évolution pour le traitement de ce cancer.
Quel est l’âge moyen d’apparition de ce cancer ?
L’on a constaté que ce cancer apparait entre 50 et 70ans. Cependant chez l’homme camerounais il arrive en deçà de cette moyenne.
Quand consulter un médecin ?
Des que le patient a des problèmes abdominaux persistants, les diarrhées incessantes, une constipation opiniâtre, surtout si ce dernier constate des changements au niveau de son organisme tels la fatigue, l’anémie.
Quelles sont les conséquences de ce cancer ?
S’il n’est pas diagnostiqué à temps c’est la mort.
Propos recueillis par Arlette WANEKOSSA TOUMBA