
Les animateurs des langues nationales et les journalistes de la région de l'Adamaoua viennent de se quitter à Ngaoundéré au cours d'un atelier sur la lutte contre la désinformation, dans la perspective de prévenir les atteintes à la santé mentale.
Alors que la campagne présidentielle bat son plein, la désinformation représente une menace tangible pour la santé mentale des populations. Pour y faire face, un atelier de formation a récemment armé une cinquantaine de journalistes et animateurs de la région avec des outils de vérification de l’information. Leur mission : produire des contenus crédibles pour préserver l’intégrité du processus électoral et la santé psychologique des citoyens.
Au Cameroun, le contexte électoral est marqué par une prolifération inquiétante de fausses informations, avec des conséquences directes sur la santé, notamment la santé mentale. En août dernier, à Yaoundé, Yoheda, l’organisation que dirige le docteur Hemes Nkwa, mettait en place l’observatoire sur la santé mentale en alertant sur les risques d’atteinte à la santé mentale liés à la désinformation. La désinformation pendant les campagnes électorales ne concerne pas uniquement la sphère politique ou sociale, elle influe également sur la santé des populations. Les fausses informations peuvent entraîner des comportements à risque, comme des atteintes à des personnes ou des acteurs politiques. Dans le contexte de l’Adamaoua où les infrastructures de santé font face au manque de personnels, cette situation devient particulièrement préoccupante.
Pour apporter un début de solutions à ce problème, un atelier a récemment réuni une cinquantaine de journalistes exerçant dans la région de l’Adamaoua. Organisée par la plateforme de communication dédiée à la prévention, cette rencontre avait pour objectif principal d’équiper les professionnels des médias des outils indispensables à la vérification rigoureuse de l’information et surtout à la prévention des risques de maladie mentale. Les participants ont été exhortés à faire preuve de discernement et de responsabilité, notamment en cette période cruciale d’élection présidentielle. « L’objectif de cet atelier est de fournir des outils aux hommes de média pour la vérification des informations. Les informations que les journalistes reçoivent tous les jours peuvent être sources de troubles psychologiques. Nous voulons nous investir dans la prévention », souligne Nouhou Bello, secrétaire général de la Platecom, tout en invitant les professionnels de la communication à être des acteurs de la prévention des maladies mentales par la qualité des informations qu’ils auront à diffuser tout au long de cette période électorale.
Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large visant à préserver non seulement l’intégrité du processus électoral, mais aussi la santé des citoyens. Elle nécessite une collaboration étroite entre autorités sanitaires, médias, société civile et plateformes technologiques. Face à la désinformation qui peut fragiliser la santé en période électorale, les journalistes et animateurs de la région de l’Adamaoua se sont engagés à produire des informations crédibles et vérifiables susceptibles de prévenir les atteintes à la santé mentale.
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Engagement des participants
Les journalistes et animateurs s’engagent à non seulement vérifier les informations avant leur diffusion mais surtout à faire un tri minutieux. « En cette période, c’est parfois difficile de faire le tri, mais au sortir de cet atelier, nous avons désormais les outils et les techniques nécessaires », déclare Léon Baloum, correspondant de Cam10 TV dans la région. Son confrère de la radio communautaire de Tibati se dit conscient des enjeux dans ce contexte polarisé. « Les élections dans la région en général et le département du Djerem en particulier prennent souvent la forme d’une opposition radicale et il est du devoir du journaliste, de l’animateur, de ne pas dramatiser les choses. Cela participe à renforcer la cohésion sociale et l’harmonie au sein des différentes communautés », confie Ahmadou Ahidjo, de la radio Pagnéré de Tibati. Avec le début de la campagne électorale de la présidentielle, malgré la suspension des émissions politiques et l’interactivité, les hommes de médias de la région sont désormais face à leurs responsabilités.
Jean BESANE MANGAM