Dans une interview accordée à notre journal, le directeur de la promotion de la santé au Ministère de la Santé publique dévoile les avantages de la promotion de la santé dans l’amélioration de la santé des populations. L’hygiène et la salubrité, la santé mentale, l’action communautaire et la nutrition sont entres autres les challenges de la promotion de la santé au Cameroun
Qu’est-ce la promotion de la santé ?
Bonjour Mr MBENG BOUM, je vous remercie de nous donner l’occasion d’édifier les populations sur le concept ‘’PROMOTION DE LA SANTE », expression très importante parlant de la santé publique.
LA PROMOTION DE LA SANTE, telle que définie par l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), est un processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d’améliorer celle-ci.
Elle correspond à l’Objectif de Développement Durable (ODD) 3, Bonne santé et Bien-être, dont la finalité est de « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge ».
En effet, en 1986, la Charte d’OTTAWA a posé les grands principes de la promotion de la santé. Ce processus englobe non seulement les mesures visant à renforcer les capacités des personnes, mais aussi les mesures prises pour modifier les conditions sociales, environnementales, politiques et économiques, de manière à réduire leur incidence sur la santé publique et la santé individuelle.
On note l’absence d’une politique nationale pour la promotion de la sante au Cameroun ? Cela n’entrave-t-il pas sa mise en œuvre ?
Le Cameroun dispose bel et bien d’une politique de promotion de la santé. Cette politique est explicitement définie par le Chef de l’État dans le décret de 2013 portantes organisations et fonctionnement du Ministère de la santé publique. Et la mise en œuvre de la promotion de la santé n’est par conséquent pas entravée car les axes stratégiques sont bien connus, et nous mettons en œuvre au quotidien les activités adossées à chacun de ces axes. Il s’agit plutôt de renforcer la stratégie nationale de promotion de la santé.
De ce fait les équipes de la DPS sont à pied d’œuvre afin de finaliser ce document référentiel basé sur des évidences.
Quelles sont les composantes de la promotion de la sante ?
La Promotion de la Santé parle plutôt des axes prioritaires, tels que définis par l’OMS dans la charte d’OTTAWA. Il s’agit de :
- L’élaboration des politiques pour la santé ;
- La création des environnements favorables (la protection des milieux naturels et des espaces construits, ainsi que la conservation des ressources naturelles doivent être prises en compte dans toute stratégie de promotion de la santé) ;
- Le renforcement de l’action communautaire (La promotion de la santé passe par la participation effective et concrète de la communauté à la fixation des priorités, à la prise de décisions et à l’élaboration et à la mise en œuvre des stratégies de planification en vue d’atteindre une meilleure santé) ;
- L’acquisition d’aptitudes individuelles (La promotion de la santé appuie le développement individuel et social, grâce à l’information, à l’éducation pour la santé et au perfectionnement des aptitudes indispensables pour la vie) :
- La réorientation des services de santé (dans le cadre des services de santé, la tâche de promotion est partagée les particuliers, les groupes communautaires, les professionnels de la santé, les établissements de services et les gouvernements. Tous doivent œuvre ensemble à la création d’un système de soins servant au mieux les intérêts de la santé).
D’après l’organigramme du Ministère de la Santé, la DPS comprend ainsi 4 sous-directions, à savoir :
- La sous-direction de l’Alimentation et de la Nutrition (SDAN)
- La sous-direction de l’Hygiène et de l’Assainissement (SDHA) ;
- La sous-direction de la Santé Mentale (SDSM) ;
- La sous-direction de la Prévention et de l’Action Communautaire (SDPAC).
La pandémie Covid-19 ne remet-elle pas en cause la faible mise en œuvre de la promotion de la sante ?
Le COVID 19 – il faut le noter – est une pandémie sur le plan mondial et une épidémie au niveau du Cameroun. A cet effet, sa survenue n’est pas un rendez-vous. Le COVID-19 vient renforcer l’orientation qui était déjà donnée à la promotion de la santé dans notre pays, à savoir la nécessité d’anticiper sur la survenue de maladies et autres phénomènes de santé éventuels, et de susciter l’adoption des comportements favorables à la santé.
Le processus de changement de comportement prend du temps, en fonction du niveau de participation et d’engagement des populations.
S’agissant de la riposte au COVID-19, la promotion de la santé s’est plutôt accentuée avec notamment l’accompagnement des populations dans le respect des mesures barrières mises en place par le gouvernement au sein des communautés.
Quelles sont les parties prenantes pour l’implémentation de la promotion de la sante ?
L’implémentation des activités de Promotion de la Santé n’est pas l’apanage de la promotions de la Santé seule, encore moins du Ministère de la santé seul, mais elle concerne toutes les administrations, chacune selon son domaine d’activités.
La pratique en cours est la multisectorialité. Il faut préciser que les populations sont la partie prenante la plus importante car les activités mises en œuvre leur sont faites à leur profit et nécessitent leur pleine participation.
Le Gouvernement est l’acteur majeur car il définit la politique de financement.
Aux côtés du gouvernement, il y a aussi :
- Le secteur privé ;
- La société civile, les leaders communautaires (religieux, traditionnels, associatifs) ; les Organisations à Base Communautaire (OBC) ; Les organisations de la société civile, les influenceurs, les célébrités ;
- Les médias ;
- Les partenaires au développement.
Peut-elle contribuer à la réduction de la morbidite et de la mortalité infantile ?
Oui, à travers les cinq domaines prioritaires de la promotion de la santé, et des stratégies orientées au couple Mère-enfant, qui font intervenir les différentes parties prenantes. Elles sont définies pour donner des moyens à la mère, son entourage et son environnement afin d’adopter des comportements sains et de protéger la santé de la mère et de l’enfant.
La Promotion de la santé participe au renforcement des capacités des personnels de santé qui éduquent les femmes enceintes au cours de leurs consultations pré et post natales. La communication y contribue aussi par la mise en œuvre de ses déclinaisons, notamment la communication pour le changement de comportement individuel et social à travers les techniques de communication interpersonnelles à l’instar des visites à domicile, les séances de causeries éducatives, et l’entretien au cours desquels les femmes enceintes et en voie de procréer reçoivent des informations sur la conduite à tenir lorsqu’on est enceinte pour un accouchement réussi en toute sécurité.
Quels sont les enjeux de la promotion de la sante, son intégration dans tous les secteurs de renforcement des différents acteurs ?
L’amélioration de la santé de la population passe nécessairement par des efforts à fournir aux plans individuels et collectif, et une communication entre les responsables politiques et institutionnels, les professionnels et les usagers du système de santé.
Nous pouvons de ce fait relever quelques enjeux de la Promotion de la Santé :
- Au niveau individuel : améliorer les compétences, connaissances et aptitudes des personnes ;
- Au niveau collectif ; Changement de comportement interpersonnels (réseau familial, amical et voisinage) :
- Au niveau des organisations : modifier les aspects d’une organisation et accroitre les compétences :
- Mais aussi la convergence des intérêts : il est question d’unir les efforts des trois grands groupes, donc les professionnels, les pouvoirs publics et la population.
Toutefois, nous soulignons que la Promotion de la Santé est une piste qui présente un champ exploratoire assez profond, donc qui exige une action collective et étalée dans la durée.
La promotion de la sante est-elle mal comprise et insuffisamment mise en œuvre ?
Nous ne pensons que la promotion de la santé soit mal comprise. Elle est progressivement prise en compte tant par les acteurs de mise en œuvre que par ses bénéficiaires.
C’est justement notre challenge de pouvoir harmoniser sa compréhension à tous les niveaux.
La Promotion de la Santé est un des piliers du système de santé. Intervenir en amont dans le continuum des soins et agir en prévention et en promotion de la santé ont toute leur pertinence pour permettre aux individus d’avoir un plus grand contrôle sur leur santé et pour diminuer les facteurs de risques liés aux problématiques de santé
Nous avons tantôt parlé de l’importance de la multisectorialité pour avoir des populations en bonne santé. Car sa mise en œuvre nécessite de gros moyens financiers. Nous saluons les efforts du gouvernement et de ses partenaires qui sont suffisamment édifiés sur cette réalité.
La Promotion de la Santé occupe une grande place dans la Couverture Santé Universelle (CSU). Elle pourrait couvrir dès le démarrage environ 16% du panier de soins et de services tels que prévu. La CSU adresse de façon primordiale les questions de promotion de la santé.
Existe-t-il des organes décentralisés au niveau des délégations régionales et des districts de sante ?
Le système de santé du Cameroun est subdivisé en niveaux. Il en est de même pour les structures en charge de la Promotion de la Santé. Ces structures sont dites des structures de dialogue.
Au niveau intermédiaire ou régional, les Fonds Régionaux d Promotion de la Santé (FRPS) sont en charge des activités de promotion de la santé.
Au niveau périphérique ou opérationnel, on a comme structures de dialogue les Comités de gestion des districts de santé, les Comités de Santé du District d Santé, et les Comités de Santé des Aires de Santé.
Je vous remercie pour cet espace qui nous a permis de partager la bonne information.