La présidente Nationale du Réseau National des Centres de Santé du Cameroun (RENACESEC), Geneviève Oko’o pose le problème de la gestion des ordures hospitalières dans les centres de santés au Cameroun. Faisant un état des lieux, elle propose également des solutions afin de pourvoir mieux gérer les déchets biomédicaux.
La gestion des déchets hospitaliers dans les centres de santé est un gros problème aujourd’hui au Cameroun. Le problème part du fait que la notion de Notice d’impact environnemental (NIE) n’est pas intégrée dans les conditions de création et d’ouverture d’un centre de santé. Le principe de protection de l’environnement est donc très peu connu ou intégré dans les Centres de santé dès la création. De même, l’arrêté N°0821/A/MINSANTE DU 01 AVRIL 2011 Portant cahier des charges précisant les conditions et modalités techniques d’exercice des compétences transférées par l’état aux communes en matière de construction, d’équipement, d’entretien et de gestion des centres de santé intégrés et des centres Médicaux d’arrondissement. Il est dit que la commune est chargée de l’hygiène et salubrité de la FOSA.
Il y a quelques années, en tant que RENACESC (RESEAU NATIONAL DES CENTRES DE SANTE DU CAMEROUN), nous avons fait allusion à ce sujet car, les aiguilles et autres déchets souillés se retrouvaient dans les bacs à ordures partout dans les villes du Cameroun. Au jour d’aujourd’hui, les choses se sont améliorées.
Le véritable problème se situe au niveau des CS privés : Aujourd’hui le problème n’est plus accentué au niveau de l’absence des boîtes de sécurité et de leur destruction. Le centre de santé reçoit les boîtes de sécurité et les seringues pour la vaccination et les tests VIH mais en retour, il devra se débrouiller à les détruire à quelques prix que ce soit. Certains, avisés s’entendent avec leur bailleur et fabriquent leur incinérateur traditionnel (four traditionnel) sur un petit espace mais plusieurs centres de santé n’ont pas cette possibilité.
Le centre de santé n’est pas informé : Le ministère à charge de la protection de l’environnement et du développement durable ne fait pas parvenir l’information au niveau des formations sanitaires quant à la gestion des déchets hospitaliers.
Un plan de gestion des déchets hospitaliers n’est pas vulgarisé s’il existe et moins encore un comité de gestion des déchets. Autres problèmes des centres de santé privés au Cameroun: l’insuffisance des effectifs, le manque de financement, l’absence de matériel et l’absence de la politique nationale de gestion des déchets hospitaliers.
Efforts des promoteurs de centres de santé privés :
Le promoteur du centre de santé est conscient qu’il doit protéger le personnel technique, les usagers et l’environnement et même du fait que la propreté fait l’image du centre, mais est buté à ce problème de destruction des déchets.
Dans tous les CS privés, les déchets sont triés suivant le bon sens des techniciens car, pas de normes : Les seringues sont séparées des autres déchets. Certains utilisent les bouteilles en plastic, d’autres les demis futs en plastic solide à défaut des boîtes de sécurité ; Les déchets liquides sont décontaminés à l’hypochlorure de sodium pour les uns et pour les autres, à l’eau de javel et déversés au WC ; Les déchets solides sont décontaminé avant d’être détruis ; Les tubes de prélèvement sont conservés dans les boîtes de sécurité au même titre que les seringues usagées et les lames de bistouri et autres objets tranchants souillés ; L’eau de décontamination est utilisée dans la plupart des CS privés ; Les sacs poubelles sont une option pour certains centres de santé privés;
Suggestions
Pour une meilleure participation à la protection durable de la biodiversité au Cameroun, le centre de santé privé a besoin : D’IEC ; De sensibilisation ; De formations ; De renforcement des capacités ; D’accompagnement avant les sanctions.
Quel est donc le rôle de l’aire de sante dans la gestion des déchets biomédicaux hospitaliers ?
L’aire de sante : Suivant le décret n° 95/040 du 07 mars 1995 de la Réorganisation des soins de santé Primaires du Ministère de la Santé Publique définissant la réorientation du système de santé en trois niveaux : le niveau central, le niveau intermédiaire et le niveau périphérique. Le niveau périphérique qui nous intéresse ici est composé par les districts de santé et les aires de santé. C’est le niveau opérationnel. C’est à ce niveau que s’opère la mise en œuvre des programmes. On y trouve les hôpitaux de district, les centres médicaux d’arrondissement et les centres de santé. Il est à noter que le responsable du district de santé est un médecin.
L’aire de santé est donc une subdivision du district de santé.
Le responsable de l’aire de santé est le Chef de l’aire ; C’est un ensemble d’un ou plusieurs villages ou quartiers, desservis par un centre de santé leader ou de référence (CMA OU CSI) ; C’est une zone géographique qui comporte ; Des structures de dialogues ; et de la communauté (participation communautaire).
L’aire de santé
L’aire de santé est la plateforme d’échanges et suggestions des expériences non seulement de toutes les formations sanitaires de l’aire de santé, des tradipraticiens ; et des structures de dialogue de l’aire.
Les structures de dialogues :
Il s’agit ici de trois structures : le COSA, le COGE, le COSADI.
Le COSA (comité de santé de l’aire) est une structure de dialogue représentant la communauté à travers 02 membres par village ou quartier. Il est animé par un président. Le COGE (comité de gestion) est composé de deux membres élus du COSA. Le comité de gestion du centre de santé leader accompagne l’équipe technique dudit centre. Deux membres désignés du COSA représentent l’aire de santé au sein du comité de santé du district (COSADI).
Le COSA
Assure la communication entre les formations sanitaires et les communautés (prestataires de soins et bénéficiaires des soins). Assiste le centre de santé dans la recherche de solutions aux problèmes de santé et joue ainsi le rôle de contrôle social dans le suivi et l’évaluation de la communication.
Il est chargé de : La mobilisation sociale ; La communication pour le changement de comportement : Il organise et gère la participation des communautés en matière de santé. Accompagne le district et autres acteurs pendant leurs descentes sur le terrain ; Ce sont des facilitateurs de communication et de renseignement quant aux activités de santé de l’aire. La recherche de partenariat ; La formation et renforcement des capacités ; La cogestion et le cofinancement des activités et L’auto monitoring et autoévaluation.
Il serait donc préjudiciable que chaque partie prenante joue pleinement son rôle pour un district viable à travers des aires de santé actives. Les structures de dialogues restent les superviseurs et les contrôleurs et même des donneurs de leçons des Centres de santé privés. Les Chefs des aires ne maîtrisent pas leurs rôles sur le terrain et laissent un vide qu’occupent donc les COSA. En fait les chefs des aires n’ont aucune feuille de route ou cahier de charges de même que les COSA. Les formations sanitaires privées ne vivent pas la présence des aires de santé.
Suggestions
Il serait souhaitable non seulement que le Ministère de la santé Publique définisse un cahier de charges pour chaque acteur mais aussi veille au mieux au respect des rôles des uns et des autres pour la réussite de la couverture de la Santé Universelle mise en place par le gouvernement.
Jean-Claude KENDEG