C’est le bilan chiffré de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA dressé par cette institution lors de la célébration des 25 ans de son « hôpital de jour » le 28 Novembre 2023.
Déjà 25 ans dans le dépistage et la prise en charge du VIH SIDA. L’hôpital central de Yaoundé à l’occasion du mois Camerounais et de la journée mondiale de lutte contre le SIDA 2023 sous le thème : « Confier le Leadership aux communautés », vient de lancer ses journées portes ouvertes. La table ronde y afférente s’est tenue dans la salle de conférence, en célébration des 25 ans de l’hôpital de jour avec pour thème : « Quelles avancées et quelles perspectives ». L’objectif étant de faire un bilan à date et se projeter pour rattraper les manquements à l’avenir ainsi que des nouvelles stratégies de lutte de cette maladie transmissible dans la plus part des cas par voie sexuelle. «L’hôpital de jour a 25 ans aujourd’hui et il a pris de l’ampleur avec le passage de la première dame qui est venue en 2000 et a dé stigmatisé la prise en charge en saluant tous les patients VIH qui étaient là. Elle est revenue en 2001 avec les premières dames d’Afrique, une visite qui a été à l’origine de l’expansion de l’hôpital du jour. Aujourd’hui nous avons 11 000 patients qui y sont suivis et on se rend compte qu’on a participé à l’écriture des kits, on a fait des études qui ont permis d’améliorer la prise en charge, qui ont contribué à le révision des guides nationaux », a indiqué Dr Charles Kouanfack, Chef de service Hôpital de Jour Hôpital Central de Yaoundé.
En présence du Délégué de la Santé publique du Centre ; du chef de division de la recherche opérationnelle en santé au ministère de la santé publique; du secrétaire permanent adjoint du CNLS et du directeur de l’hôpital central de Yaoundé, du représentant du CIRCB, des partenaires techniques et financiers, pour ne citer que ceux-ci a permis de montrer que malgré les efforts fournis jusqu’ici, il reste encore beaucoup à faire. Entre autres, il existe toujours le problème de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, la centralisation de la prise en charge, la méconnaissance de l’avancée de la maladie dans la communauté, les patients en stade avancée de la maladie ainsi que des comorbidités y afférentes. « Il y a encore beaucoup de choses à faire en ce qui concerne la communauté. Nous avons décentralisé vers les hôpitaux de districts et nous voulons à présent aller vers la communauté pour qu’elle se sente impliquée. Nous nous sommes rendu compte que les patients VIH qui sont suivis ne meurent plus de cette maladie mais d’autres comorbidités comme l’hypertension. Il faut donc une prise en charge multidisciplinaire pour tous les patients sous traitements. Nous avons démontré que 04% de nos patients sous traitement ont également l’Hepatite C, le traitement est gratuit. Ce qui reste donc aux patient c’est de faire leur test, connaître leur statut et prendre un traitement parce qu’on guérit de l’hépatite C. », a-t-il indiqué. Et d’ajouter : « Comme le SPA du CNLS a dit la transmission de la mère à l’enfant reste notre point faible dans la lutte contre le VIH. On se rend compte que le taux de transmission de la mère à l’enfant représente 05 fois le taux qu’on aurait souhaité avoir aujourd’hui. Ce qu’on a dit c’est qu’aucune femme n’aimerait transmettre le VIH à son l’enfant mais pour que ça n’arrive pas, il faut connaître son statut sérologique. Quand on est enceinte, on doit faire son test VIH parce qu’il y a des solutions. Si on est positif la femme est mise sous traitement, ce qui empêche la transmission de la mère à l’enfant. L’autre chose c’est que chaque personne qui connaît son statut sérologique et qui est sous traitement pour lui ne va pas transmettre le VIH à son enfant encore moins à son partenaire. Aujourd’hui les traitements sont gratuits et le directeur de la lutte contre la maladie l’a dit mais on a que 83% des personnes qui sont positives sous traitement. Il manque encore que les gens soient sensibilisés, sur ce traitement est facile à prendre et qu’on peut faire la vie avec. Vous avez suivis le traitement de la dame qui 31 ans de vie avec le VIH et qui se porte très bien. Tout le monde devrait connaître son statut et bénéficier de ce traitement qui est gratuit ».
Déstigmatisation de la maladie
L’hôpital du Jour de l’hôpital central de Yaoundé a été inauguré en novembre 1998. La première dame, madame Chantal Biya lors de sa visite en 2000 a selon le Directeur de l’hôpital central, Pr Pierre Joseph Fouda, a été la première à lever les barrières sur les personnes vivant avec le VIH/SIDA. Elle a de ses mains salué les 06 patients vivant avec la maladie hospitalisé à l’hôpital lors de son passage et est revenue en janvier 2001 avec les premières dames d’Afrique lors du sommet France-Afrique, pour soutenir les victimes. Geste qui a permis de comprendre que la personne porteuse de VIH n’était pas différente parce que malade. A sa prochaine visite avec ses pairs, la première dame a demandé le témoignage d’un malade de VIH à visage découvert à l’occasion du sommet. C’est ainsi que Pauline Mouton témoigna et ces gestes entrena la destigmatisation de la maladie ainsi que l’acceptation de son statut sérologique. « Nous tenons à dire merci au gouvernement de la République du Cameroun ainsi qu’aux différents partenaires qui nous ont toujours accompagné. Nous savoir pouvoir continuer à compter sur vous. Nos remerciements vont en fin à notre première Dame, dont l’engagement a donné à l’hôpital du Jour de l’hôpital Central de Yaoundé la force du rayonnement qui est le sien aujourd’hui et une vision positive du VIH dans notre pays et au-delà, redonnant le sourire à tous ceux qui l’avaient perdus», a fait savoir le Pr Pierre Joseph Fouda, Directeur Général de l’hôpital central de Yaoundé, lors de son discours de lancement des journées portes ouvertes.
Données
Des statistiques, selon le CNLS, seuls 42,8 % des moins de 15 ans connaissent leur statut sérologique, contre 92,5 % dans la tranche adulte. Depuis le début de l’année 2023, 106 milliards de FCFA ont été alloués à la lutte contre le VIH/sida par le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme au Cameroun. Globalement, rappelons que les données sur le VIH indiquent la situation d’épidémie généralisée dans laquelle se trouve le Cameroun, malgré une prévalence à la baisse dont le taux est passé de 5,4% en 2004 selon l’EDS 2004 à 2,7% en 2018 selon l’EDS 2018. Le profil des estimations démontre en outre que l’épidémie se juvénilise. Elle touche la tranche des personnes de 10 à 24 ans, et se féminise avec 319 588 femmes sur les 480 232 personnes vivant avec le VIH en 2022 au Cameroun, soit 66,6%.
Divine KANANYET