Dans l’optique d’éradiquer les problèmes de santé liés au cancer du sein, un congrès scientifique a été organisé du 4 au 5 novembre dernier à Yaoundé.
Avec pour thème « le cancer du sein : quelles avancées en 2021 ? », le but de cette rencontre est de partager les expériences dans la prise en charge de cette pathologie, d’apporter des contributions dans l’amélioration des soins, du dépistage et de la recherche.
Les pathologies mammaires ne sont pas rares dans l’environnement et le cancer du sein depuis années à supplanter le cancer du col de l’utérus au premier rang des cancers de la femme camerounaise. Cette affection présente des caractéristiques différentes de ce qui est décrit dans d’autres pays et notamment dans les pays développés. Selon le Pr Emile Mboudou, la prise en charge de ces affections s’est toujours faite par transposition des directives édictées sous d’autres cieux. Les première journées camerounaises de sénologie est une initiative nouvelle et novatrice dans un cadre où prise en charge du cancer du sein souffre encore de l’absence du protocole spécifiquement adapté à l’environnement.
Selon le Pr Esther Meka, le cancer du sein est problème de santé publique qui handicap les jeunes de la société africaine, les privant ainsi de leurs parties active. Le groupe pluridisciplinaire a pris l’engagement d’aller au front contre cette maladie en essayant de trouver des solutions allant du dépistage du cancer du sein jusqu’à la reconstruction mammaire.
A ce jour, on enregistre 4 000 nouveaux patients et 2 000 décès lié au cancer par an. « Grace à la couverture santé universel, le cancer du sein sera une priorité pour les femmes et les enfants » a déclaré le Pr Njock Richard, Secrétaire général du Minsanté. « Avec la coopération Belge, un institut de cancer sera mis sur pied dans les prochains jours » a-t-il ajouté.
Pour pallier aux problèmes liés au cancer du sein, plusieurs propositions été émises dans ce congrès à savoir, le plaidoyer institutionnel ; la mise en place des comités de réflexion ; la sensibilisation des populations ; la mise en place des protocoles adaptés aux réalités du Cameroun ; former le personnel qualifié ; avoir des équipements de formation sanitaire ; améliorer le financement des soins médicaux (Csu, assurances privées et la mutualisation des ressources) ; la révision périodique des protocoles.
Albert BOMBA
Réactions
« J’ai d’ailleurs appris que même les hommes ne sont pas à l’abri du cancer sein »
Pr Jacques Fame Ndongo, Ministre de l’enseignement supérieur
Le plaidoyer est arrivé à bon port. Je suis venu ici justement pour montrer l’importance de cette spécialité médicale au Cameroun voir en Afrique puisque nous avons reçu les savants venant de plusieurs pays d’Afrique. Donc, le plaidoyer a bien porté et je suis heureux de constater que ces premières journées ne seront pas les dernières et qu’elles constituent le point de départ d’autres journées qui vont arriver et qui permettrons donc d’approfondir tout ce qui a trait à la pathologie du sein. J’ai d’ailleurs appris aujourd’hui que même nous les hommes de sexe masculin ne sommes pas à l’abri de cette pathologie du sein mais les savant nous ont précisé que les hommes avaient très peu de chance de contracter le cancer du sein, le taux est à 1%. Cette journée camerounaise était vraiment nécessaire et je félicite le comité d’organisation et je suis persuadé qu’à l’issu de cette première journée camerounaise de sénologie cette spécialité connaitra un essor fulgurant.
« La prise en charge du cancer du sein est aussi psychologique »
Dr Christian Eyoum, médecin Psychologue
Le faite qu’un psychiatre qui est un professionnel de la santé mental soit invité à la première journée camerounaise de sénologie est un honneur d’abord pour ma personne, mais aussi pour le système de mis en charge de la santé mental au Cameroun. C’est aussi la preuve que les organisateurs ont pensé que la prise en charge en trois axes est nécessaire dans l’accompagnement du patient qui présente un cancer. La prise en charge n’est pas seulement biologique et sociale, elle est aussi psychologique. Quand nous recevons un patient qui présente un cancer du sein, nous commençons par l’écoute parce que très souvent, les gens sont bouleversés par leur histoire, ils sont en train de vivre normalement et ils apprennent un matin qu’ils ont une maladie qui risque de leur tuer. Les médicaments ne sont pas gratuit et donc la prise en charge elle-même peut agréer leur physiologie faire tombe les cheveux et tout ça là. Donc, nous devons nous arrêter et faire le bilan de la vie avec ces patients-là.
« Le cancer est un diagnostic qui est fait tardivement et la prise en charge est couteuse»
Pr Jean François Meye, doyen de la faculté de médicine de Libreville
Le thème qui a été retenu pour cette première journée est un thème très important. Le cancer du sein est un problème de santé publique, ça veut dire que son incidence est très élevé et en croissance dans tous les pays africains. Malheureusement dans notre contré, c’est un diagnostic qui est fait de façon tardive à des stades ou la prise en charge est difficile et couteuse. Alors, il nous faut faire la réflexion et ce genre de forum en est l’occasion pour faire des propositions pertinentes aux décideurs pour que les décisions soient prise pour un diagnostic précoce, pour l’amélioration des infrastructures, de prise en charge localement et pour le suivi de nos patients. Je ne pouvais pas manquer ce forum parce que je fais de la sénologie depuis longtemps et ce sont les mêmes problèmes que nous rencontrons en Côte d’Ivoire. Il faut qu’on arrive dans nos différent pays pour créer véritablement des instituts de prise en charge du cancer. La prise en charge du cancer repose sur un trépied, le diagnostic, les modalités thérapeutiques et la surveillance thérapeutique. Si on développe correctement ces trois trépieds, on peut arriver non seulement à réduire l’incidence du cancer dans la population mais surtout à améliorer la prise en charge et à améliorer donc le pronostique c’est-à-dire diminuer la mortalité et la morbidité.
« 35% des cancers qui sont soignées à l’hôpital sont les cancers du sein »
Pr Emile Mboudou, Gynécologue obstétricien
Il était question pour nous de réunir tous les spécialistes qui gravitent autour de la maladie cancéreuse, compte tenu que c’est une maladie particulièrement grave dans notre environnement. Il fallait qu’il y ait une activité qui lui soit entièrement dédiée à la suite d’octobre rose. Nous avons un problème du chiffre du cancer du sein au Cameroun lié au fait que la plupart des données que nous avons, sont des données hospitalières, la plupart des chiffres sont des chiffres des malades que nous avons reçus à l’hôpital. Ce que nous pouvons dire c’est que 35% des cancers dont les populations qui sont soignées à l’hôpital sont les cancers du sein. Nous espérons à la fin des travaux d’avoir des éléments de plaidoyer pour pouvoir présenter au pouvoir publique à nos hiérarchies les données actuelle du Cameroun et surtout la prise en charge de façon à prendre des actions qui vont permettre d’améliorer la qualité de la prise en charge et pouvoir sauver de nombreuses malades qui en ont besoin.
Propos recueillis par AB