Le tabagisme, en particulier féminin, est en hausse au Cameroun. Les filles sont désormais un peu plus nombreuses que les garçons à fumer. A 15 ans, 27,6 % des filles contre 24,1 % des garçons fument, de manière régulière ou occasionnelle.
Femmes et cigarettes: liaison fatale. Ce samedi 28 mai 2022, après la 14ème victoire du Réal de Madrid en League des Champions, contre Liverpool, les fans ont pris d’assaut les lieux de loisirs de la ville de Yaoundé. Il est 23 heures 11 minutes à Biyem-Assi-Lac, au snack-bar One chop, Axelle a le sentiment d’être presque la seule à ne pas fumer. « Dans cette buvette, presque toute les filles grillent une cigarette », raconte cette jeune fille de 19 ans.
En théorie, la gent féminine devrait être épargnée par la fumée. Mais dans la pratique, si l’interdiction de fumer dans les locaux est largement respectée, les cigarettes sont plus que tolérées dans les boîtes de nuit. « Comment faire ? S’interroge une serveuse. Il est déjà difficile de faire respecter l’interdiction de fumer dans le snack. Si on interdit aux clients de fumer dans la salle, ce serait l’émeute. » Deborah, 18 ans, acquiesce : « Moi, il suffit que l’on m’interdise quelque chose pour que je le fasse », explique cette brune qui fume dix cigarettes par jour depuis plus de deux ans. Les dangers du tabac, Deborah les connaît presque par coeur. « Mais quand on fume et qu’on a mon âge, on ne se dit pas qu’on aura un cancer dans vingt ans. C’est trop loin », ajoute cette lycéenne qui a « la vie devant elle ».
Le tabagisme des jeunes constitue un sujet d’inquiétude pour les professionnels de la santé, les sociologues et les militants antitabac. Dans les pays développés, 90 % des fumeurs adultes ont commencé avant l’âge de 20 ans. Du plaisir de la cigarette volée à la dépendance, le pas est vite franchi. Et les fabricants de tabac savent que leurs nouveaux clients ne se recruteront pas parmi les adultes – on commence rarement à fumer à 40 ans – et ciblent désormais les jeunes générations.
Au Cameroun, chaque 31 mai est dédié à la Journée mondiale sans tabac ou le World no Tobacco Day. Cette année, c’est le mardi 31 mai 2022. En effet, le tabac est la première cause de mortalité prématurée et évitable dans le monde. L’épidémie du tabac tue environ 8 millions de personnes chaque année dans le monde et le Cameroun enregistre environ 66 000 décès chaque année du fait du tabagisme. « Le tabac est le premier facteur de risque de cancer, responsable d’un cancer sur cinq et d’un décès sur trois par cancer. Consommer du tabac augmente le risque de 17 localisations différentes de cancer », rappelle le Pr Steven Le Gouill, Directeur de l’ensemble hospitalier de l’Institut Curie.
Contrairement à une idée reçue, le pourcentage de fumeurs est significativement plus élevé parmi les enfants dont le chef de famille appartient à une catégorie socio- professionnelle élevée. L’interdiction de fumer par les parents est ressentie plus fortement par les plus jeunes, tout en restant limitée chez les 12-13 ans qui sont déjà « accros ». « Dans les années 70, les garçons étaient plus nombreux que les filles à se déclarer fumeurs. Au cours de la décennie 80, cette caractéristique a eu tendance à s’inverser », explique François Baudier, de la Caisse nationale d’assurance maladie.
Aujourd’hui, la différence entre les sexes pour les 12-19 ans a pratiquement disparu. Les filles sont désormais un peu plus nombreuses que les garçons à fumer. A 15 ans, 27,6 % des filles contre 24,1 % des garçons fument, de manière régulière ou occasionnelle. Mais sur l’ensemble des 12-19 ans, les pourcentages sont identiques pour les deux sexes. « Tabac ou santé » Une conférence internationale sur « tabac ou santé », organisée au mois de février à Las Palmas (Espagne), a montré que ce phénomène pouvait s’observer dans de nombreux pays européens. En Allemagne et en Angleterre, un tiers des filles sont des fumeuses habituelles, contre seulement un quart des garçons.
Elvis Serge NSAA
Journée mondiale sans tabac : vers l’interdiction de sa vente au Cameroun
Afin de protéger les élèves qui sont fortement impliqués, le Comité National de Lutte contre la Drogue (CNLD, propose au gouvernement de voter une loi interdisant son importation et sa consommation sur le territoire national.
Elle a beau être une pipe à eau, la chicha, demeure nocive et toxique. C’est au regard de la menace qu’elle représente que le Comité National de Lutte contre la Drogue (CNLD), sous la présidence du Secrétaire Général du ministère de la Santé publique a fait passer un message à toutes les Administrations intervenant dans la question « jeune », ainsi qu’aux autres sectoriels invités . La rencontre qui a eu lieu dans la salle de conférence du ministère de la Santé publique soulevait la problématique de la consommation de la Chicha par la jeunesse au Cameroun.
À la sortie de cette rencontre, des recommandations ont été prises. Il s’agit entre autres, de mener une campagne de communication battante pendant la semaine de la jeunesse et celle de la journée mondiale sans tabac pour informer la jeunesse sur la nocivité et la toxicité de la Chicha. Le CNLD veut également agir sur la limitation de l’importation de l’appareil Chicha et faire interdire sa consommation dans les espaces publics et clos.
Afin de protéger les élèves qui sont fortement impliqués, il est recommandé de procéder à la fermeture des débits de boissons autour des établissements scolaires. La circulation de cet appareil étant à proscrire, les responsables sanitaires ont proposé de concocter un solide dossier scientifique, qui faciliterait la prise de décision par le politique afin de faire évoluer le processus vers le vote d’une loi interdisant son importation et sa consommation sur le territoire national.
Mis en œuvre, ces moyens de prévention vous permettre de réduire la consommation de la chicha au Cameroun
Kévine NGOMWO (Stg)
Consommation de la chicha : les jeunes exposés aux cancers
Les consommateurs s’exposent aux cancers du poumon, des lèvres, de la vessie et des voies aéro-digestives supérieures), de bronchites chroniques, et de problèmes cardiovasculaires. D’autre part, le narguilé expose le fumeur à des risques de contagion microbienne, comme par exemple la tuberculose, car ils utilisent le même embout que les autres fumeurs.
Chanel, 17 ans et élèves en classe de 2nd dans un lycée de la place, est une amoureuse de la chicha. « C’est la magie ! Un anniversaire sans chicha n’est pas un anniversaire », s’exclame-t-elle. D’après la jeune fille, la chicha doit être l’un des points principaux lorsqu’on veut organiser une fête. « Mes amis le savez. Si tu organises une fête ou un “charter” sans la chicha, tu as échoué. Il faut d’abord penser à ça et à la boisson. Le reste vient compléter. Quand je fume ça, je me sens bien. C’est trop bon », ajoute-t-elle. Comme Chanel, de nombreux jeunes de la ville de Yaoundé sont fans de cette nouvelle cigarette. Selon une récente étude, près de 46% s’y adonnent à cœur joie dans les snacks bars et même dans les domiciles.
La chicha (aussi appelée “narguilé”, “narghilé” ou “hooka”) est une pipe à eau de taille variée, destinée principalement à fumer du tabac ou de l’essence de fruits. Elle est populaire dans diverses régions du monde. Selon l’OMS, elle serait fumée quotidiennement par plus de 100 millions de personnes, principalement chez les plus jeunes (15-20 ans) qui la fument aussi lors d’occasions spéciales. En France son usage est en progression. Elle se compose en général de 28% de tabac, associé à 70% de mélasse (liquide sirupeux contenant 50% de sucre) et des arômes de fruits (fraise, pomme, noix de coco…) qui lui donnent ce côté acidulé et parfumé qui trompe les fumeurs.
Plus dangereux que la cigarette
Une cinquantaine de bouffées de chicha sur une durée moyenne d’une heure, sont équivalentes à deux paquets de cigarettes. Le monoxyde de carbone présent dans la fumée de la chicha est en quantité 7 fois supérieure à celui présent dans la fumée d’une cigarette. La fumée d’une chicha contient autant de pollution au monoxyde de carbone (CO) qu’environ 15 à 52 cigarettes et autant de goudron que 27 à 102 cigarettes. Sa teneur en chrome, cobalt, plomb et nickel est plus élevée que celle de la fumée de cigarette. De plus, un millilitre de fumée de narguilé contient plus d’un million de microparticules.
Un tueur silencieux
« Croire que fumer la chicha est plus sain que fumer des cigarettes est une erreur. Au contraire, la fumée de la chicha est particulièrement toxique, y compris pour les fumeurs passifs », explique le Dr Claire Lewandowski, médecin spécialiste en médecine générale. « Comme toutes les fumées de substances organiques qui brûlent, celles de la chicha libèrent lors de la combustion près de 4000 substances chimiques », indique l’Institut national du cancer en France. On y trouve ; des métaux qui proviennent du tabac, du charbon ou encore de la feuille d’aluminium.
Les risques sur la santé sont les mêmes que pour la consommation régulière de tabac, à savoir une augmentation des risques de cancers (en particulier du poumon, des lèvres, de la vessie et des voies aéro-digestives supérieures), de bronchites chroniques, et de problèmes cardiovasculaires. D’autre part, le narguilé expose le fumeur à des risques de contagion microbienne, comme par exemple la tuberculose, car ils utilisent le même embout que les autres fumeurs.
Le professeur français Didier Raoult a estimé que la chicha, cette pipe à eau utilisée pour fumer du tabac, pouvait être un facteur important de la contamination au Covid-19 chez les adolescents et les jeunes adultes. « Si on se passe ce truc dans lequel il y a de la salive, y compris si on change l’embout, c’est un modèle expérimental extraordinaire pour transmettre une maladie respiratoire », déclare le directeur de l’Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille dans une vidéo publiée le 2 mars 2021. De manière générale, fumer la chicha présente de nombreux risques pour la santé.
Kévine NGOMWO (Stg)