La connotation donnée au mot « Sauvage » créée à elle seule des sueurs froides et un sentiment d’effroi dans les cœurs du commun des mortels. Si certains sont indisposés à l’idée de posséder des animaux domestiques pour la compagnie ou l’élevage, qu’adviendrait-il de l’éventualité d’une proximité avec les animaux sauvages ?
La faune (sauvage et domestique) est proche de nous et c’est un fait. Si les animaux domestiques sont devenus des éléments normaux de notre quotidien, les animaux sauvages quant à eux semblent toujours très lointains dans nos esprits ; et pourtant, ils sont là, tout près de nous et se rapprochent encore jour après jours à une vitesse inimaginable. Avec les phénomènes d’urbanisation des zones rurales et d’accroissement démographique de la population, les humains ont détruit et continuent de détruire l’habitat naturel des espèces sauvages. De plus, dans le cadre des efforts de préservation de la biodiversité et du renforcement de l’industrie touristique, les autorités administratives du pays ont créé des aires protégées qui sont réparties sur l’étendue du territoire national. En conséquence, l’animal sauvage est mis à la disposition de l’humain qui l’utilise pour ses activités de chasse et de divertissement, sa nutrition et ses rites traditionnels. Ces activités en plus de nuire à la biodiversité des espèces sauvages représentent pour l’homme des situations à risque d’infection par des maladies de la faune sauvage (zoonoses).
En effet, plusieurs maladies sont passées des animaux sauvages à l’humain au cours l’histoire des épidémies et ne comptent pas prendre une retraite anticipée. La rage, la fièvre hémorragique à virus Ebola ou Marburg, la maladie à Nipah virus ou Hendra virus (sans être exhaustif) sont quelques zoonoses qui font aisément du chemin entre la faune sauvage et les humains.
A titre illustratif, dans son bilan d’activités annuelles 2021, l’association Health And Conservation (HAC) qui s’occupe la conservation de la biodiversité avec un focus particulier sur la santé des animaux sauvages a rapporté que 9 pathologies majeures circulent chez 7 espèces animales sauvages dans les aires protégées de la région du Nord Cameroun (parcs nationaux de la Bénoué et de Bouba Ndjidda). Cinq (05) des neuf (09) maladies sont des zoonoses (pouvant de passer de l’animal à l’homme et vice-versa) : dont la tuberculose, la trypanosomose, le charbon Symptomatique, la brucellose et les helminthoses sans prendre en compte les pathologies virales.
Sachant que des aires protégées comme celles-là existent sur toute l’étendue du territoire national, il importe de prendre des dispositons appropriés pour éviter que ces maladies ne passent à l’humain. En effet, selon ce même rapport d’activité de la HAC, d’importants manquements majeurs existent et sont l’environnement peu adapté, le non-respect de la prophylaxie sanitaire, les procédures biosécuritaires globalement non respectées, la cohabitation avec des animaux domestiques et des espèces errantes au niveau des aires de ces aires protégées (HAC 2021). Ces maladies entrainent de nombreuses mortalités chez les primates (gorilles, chimpanzés…) et constituent une menace pour la santé des humains.
Vous faites peut-être bien de vous méfier des animaux sauvages et vous avez raison. Cependant, la mise en œuvre des mesures hygiéniques et biosécuritaires adéquates, pourrait vous donner dans un futur proche 1000 raisons d’être délivrés de cette méfiance handicapante tout au moins en ce qui concerne la transmission de maladies.
Dr. Armand NAMEKONG FOKENG, Vétérinaires du Pays