Lutte contre le Sida : Des thérapies innovantes pour un combat contre les inégalités

Le Cameroun franchit une nouvelle étape dans la lutte contre le VIH/SIDA. Des thérapies innovantes, associées à une prise en compte des réalités locales et à une communication efficace, permettent de réduire les inégalités et de rapprocher le pays de l’élimination de l’épidémie. En mettant l’accent sur la lutte contre la stigmatisation, la prise en charge des co-infections et la facilitation de l’accès aux traitements, le Cameroun offre un modèle inspirant pour l’Afrique.

Sous l’impulsion du ministre de la Santé Publique, Dr  Manaouda Malachie, président du Comité national de lutte contre le SIDA, les Premières journées scientifiques du Comité national de lutte contre le SIDA, le Cameroun  organise les premières journées scientifiques du comité national de lutte contre le sida du 3 au 4 décembre 2024, à Yaoundé : sous le thème : «  Mettre en œuvre, les interventions prioritaires pour l’élimination du SIDA au Cameroun ».

Réunissant des experts nationaux et internationaux, des représentants de la société civile et des personnes vivant avec le VIH, ces assises vont permettre de faire le point sur les avancées réalisées et de définir les prochaines étapes à franchir pour atteindre l’objectif ambitieux d’élimination de l’épidémie au Cameroun en 2030.

Le poids de la maladie dans la population générale régresse au fil du temps. En effet, le nombre de personnes vivant avec le VIH présente une tendance à la baisse avec un taux de décroissance d’environ 2,9%. Ce nombre a été estimé à 499 330 en 2021 et serait de 485 004 en 2025. De même, le nombre de nouvelles infections passerait de 14 451 en 2021 à 7 958 en 2025, soit une diminution globale d’environ 44,9%. La prévalence chez les 15-49 est estimée à 2,8% en 2021 et serait de 2,3% en 2025. Avec une prévalence du VIH de 2,7 % (EDS 2018), le Cameroun, qui met actuellement en œuvre une stratégie à deux tests, a opté pour une transition vers un algorithme de dépistage à trois tests, tel que le recommande l’Organisation Mondiale de la Santé. Cet algorithme exige que toute nouvelle personne déclarée VIH positive passe par trois tests réactifs consécutivement au sein des formations sanitaires et organisations communautaires. Aussi, pour mener à bien cette transition, le ministre de la Santé publique,  Dr MANAOUDA Malachie a lancé un appel à la mobilisation de toutes les forces et ressources pour assurer la réussite de cette nouvelle politique de dépistage, car dit-il, cela permettra d’atteindre efficacement l’élimination de cette pandémie à horizon 2030, conformément  l’engagement du Président de la République, Paul BIYA.

C’était au cours de la cérémonie d’ouverture des Premières journées scientifiques du Comité national de lutte contre le SIDA, ce 3 décembre 2024, à Yaoundé : sous le thème : «  Mettre en œuvre, les interventions prioritaires pour l’élimination du SIDA au Cameroun ». Ce témoigne de la volonté du gouvernement camerounais de placer la lutte contre le VIH/SIDA au cœur de ses priorités. En effet, si des progrès significatifs ont été accomplis ces dernières années, notamment en matière de prévention, de traitement et de prise en charge, le défi reste immense.

Le ministre Manaouda Malachie a rappelé l’engagement du gouvernement à intensifier la lutte contre le VIH/SIDA et à atteindre les objectifs fixés par l’ONUSIDA. Il a souligné l’importance de renforcer la collaboration entre tous les acteurs impliqués, de renforcer les systèmes de santé et d’adapter les stratégies aux réalités locales.

Le Pr. Bissek Zoung-Kanyi Anne Cécile, présidente du comité scientifique, a présenté un état des lieux de la situation épidémiologique au Cameroun et a mis en évidence les défis à relever. Elle a également présenté les principales recommandations issues des travaux des experts. Les participants ont travaillé en ateliers thématiques pour approfondir des sujets spécifiques tels que la prévention de la transmission mère-enfant, l’accès aux traitements antirétroviraux, la prise en charge des populations clés, etc. Une exposition de posters a permis de présenter les résultats de recherches et les initiatives innovantes menées dans le domaine de la lutte contre le VIH/SIDA.

Les enjeux de l’élimination du sida au Cameroun

L’élimination du sida au Cameroun est un objectif complexe qui nécessite une approche multisectorielle. Parmi les principaux enjeux figurent : L’accès universel aux traitements antirétroviraux : Il est essentiel de garantir que toutes les personnes vivant avec le VIH aient accès à un traitement antirétroviral de qualité. La prévention de la transmission : La prévention reste un enjeu majeur, notamment chez les jeunes et les populations clés. La réduction de la stigmatisation et de la discrimination : La lutte contre la stigmatisation et la discrimination est indispensable pour encourager les personnes vivant avec le VIH à se faire dépister et à accéder aux soins. Le renforcement des systèmes de santé : Un système de santé fort est essentiel pour assurer une prise en charge de qualité des personnes vivant avec le VIH. Les journées scientifiques ont permis de dégager des perspectives encourageantes pour l’avenir.

Des thérapies adaptées aux réalités locales

Les nouvelles thérapies antirétrovirales (ARV) se distinguent par leur efficacité, leur facilité d’utilisation et leur moindre toxicité. Elles permettent aux personnes vivant avec le VIH de mener une vie plus longue et plus saine. De plus, la prise en charge des co-infections, notamment avec la tuberculose, est devenue une priorité. Ces avancées médicales, associées à des programmes de dépistage élargi et à une distribution simplifiée des ARV, contribuent à améliorer considérablement l’accès aux soins.

Lutter contre la stigmatisation et la discrimination

La stigmatisation et la discrimination restent des obstacles majeurs à l’élimination du sida. Pour y remédier, le Cameroun met en œuvre des campagnes de communication de grande envergure afin de sensibiliser l’opinion publique et de changer les comportements. Les communautés sont également associées à ces actions, car elles jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les préjugés. Les femmes sont particulièrement vulnérables au VIH/SIDA. C’est pourquoi des programmes spécifiques ont été mis en place pour leur offrir une prise en charge adaptée, en tenant compte des violences basées sur le genre. L’accès aux services de santé, l’autonomisation économique et l’éducation sont des éléments clés de cette approche.

Grâce à ces efforts conjugués, le Cameroun enregistre des résultats prometteurs. Le nombre de nouvelles infections a diminué, la durée de vie des personnes vivant avec le VIH s’est allongée et l’accès aux traitements s’est amélioré. Cependant, des défis persistent, notamment dans les zones rurales et parmi les populations clés. Le Cameroun est sur la bonne voie pour éliminer l’épidémie de VIH/SIDA. Les thérapies innovantes, associées à une approche globale de la lutte contre la maladie, permettent de réduire les inégalités et d’offrir à tous un accès équitable aux soins. En continuant sur cette lancée, le Cameroun pourra devenir un modèle pour l’Afrique et inspirer d’autres pays à intensifier leurs efforts.

Elvis Serge NSAA

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