Découvrez la majesté d’un concept qui séduit par son silence et convainc par son efficacité, l’approche « Une Santé » affectueusement qualifiée d’approche « One Health » par les anglosaxons.
La porte d’entrée
D’entrée de jeu, l’approche « One Health » est valeur ajoutée en termes de santé humaine et animale, d’économies financières ou de services environnementaux obtenus par la coopération entre médecine humaine et vétérinaire par rapport aux notions d’approches de deux médecines avec un fonctionnement séparé. Elle s’engage avec le public de manière transdisciplinaire, en envisageant toutes les formes de connaissances universitaires et non-universitaires pour résoudre les problèmes pratiques à l’interface animal-humain-environnement.
La petite histoire
Rudolf Virchow et Calvin Schwabe ont été parmi les premiers à énoncer les points clés qui ont motivé la création des prémisses de l’approche « One Health ». Chargé de la lutte contre la tuberculose bovine lors d’une audience au Sénat prussien, Virchow aurait déclaré qu’il n’y a aucune barrière scientifique entre médecine vétérinaire et médecine humaine, et il ne devrait pas y en avoir. Les expériences de l’une doivent être utilisées pour le développement de l’autre ». Calvin Schwabe a inventé le terme « One medicine » pour faire remarquer qu’il n’y a aucune différence de paradigme entre médecine humaine et médecine vétérinaire. Les deux sciences partagent un corpus commun de connaissances en anatomie, physiologie, pathologie et sur les origines des maladies chez toutes les espèces.
Les piliers de l’approche « One Health » (Communication, collaboration, coordination)
- La communication
La plupart des interventions médicales en médecine humaine ont été développées et testées chez l’animal. Sous l’influence croissante de la spécialisation, cependant, la médecine humaine et la médecine vétérinaire ont divergé et, trop souvent, échouent à communiquer, même lorsqu’elles partagent les mêmes intérêts pour la même maladie.
- La collaboration
« One Health » est une approche multisectorielle et multidisciplinaire en effet, la collaboration entre vétérinaires, médecins et bien d’autres devrait générer des bienfaits qui sont bien plus que simplement additifs. Les bienfaits de cette collaboration se retrouvent dans des résultats positifs directs non seulement en termes de réduction des risques et d’amélioration de la santé et du bien-être animal et humain, mais aussi en termes d’économies financières, de réduction du temps à détecter les foyers de pandémies et d’actions ultérieures en matière de santé publique ainsi que d’amélioration des services environnementaux.
- Coordination
L’approche « One Health » est un mouvement qui a pour origine la gestion des risques de maladies chez l’homme et les animaux. Aujourd’hui, cette approche est devenue un vaste mouvement international coordonné par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE), et Programme des Nations Unies pour la Protection de l’Environnement (UNEP). La Banque mondiale a publié en 2010 le premier rapport sur les aspects économiques de l’approche « One Health ».
Parlons à présent de l’approche « One Health » dans la relation Homme-Animal
Tout comme la relation d’humain à humain, la relation d’humain à animal est régie par des normes et des valeurs déterminées par la culture et la religion. Les animaux sont considérés comme des compagnons intimes (considérés comme des membres de la famille) à forte valeur émotionnelle ou comme de simples proies à valeur monétaire pour leur viande. Dans certaines circonstances, l’homme est également considéré comme une proie par les animaux.
Maintenant, scrutons sommairement l’approche « One Health » dans deux médecines séparées
Les connaissances et l’information en sciences et médecines vétérinaires ne cessent de croître, avec pour conséquence que nous en savons de plus en plus sur des sujets de plus en plus pointus. La fragmentation continue et accélérée de la science vétérinaire et médicale n’est pas propice à la résolution de problèmes complexes et nous sommes confrontés à un risque croissant de mauvaise interprétation, par exemple au niveau du diagnostic comparatif et de la pathologie.
« One Health » et environnement
Il semble qu’il existe des liens forts entre le changement environnemental et les maladies infectieuses et non-transmissibles chez l’homme, chez les animaux, et chez les plantes. La santé de la faune (animaux) et de la flore (végétaux) est influencée par l’environnement dans lequel elles coexistent, par le biais d’effets directs et indirects. Les effets directs font référence aux contacts entre les organismes et les pathogènes (biotiques et abiotiques).
Les effets indirects font référence à ceux qui influencent des aspects de transmission d’agents pathogènes qui ne sont pas directement liés à la population cible (hôte, réservoir). Le défrichage agricole peut par exemple favoriser l’apparition de moustiques et ainsi donner lieu à une augmentation des cas de paludisme chez l’être humain.
Les aspects de biodiversité et de santé adressés par l’approche « One Health »
La science a souvent attiré l’attention sur la plus grande fréquence de l’apparition de foyers de parasites et de maladies au sein de systèmes écologiques simplifiés tels que les champs de culture, les vergers et les plantations contrairement aux forêts tropicales avec leur grande diversité structurelle d’espèces où il est rare que des foyers apparaissent. Des recherches ont indiqué qu’une plus grande diversité des hôtes pourrait réduire les risques pour les êtres humains d’être d’acquérir certaines infections.
Sciences sociales et approche « One Health »
L’approche « One Health » réunit également une grande variété de disciplines en sciences sociales pour examiner des questions intégratives dans la compréhension de la culture, de l’économie, du genre, de l’écologie, des comportements… En effet :
- Les comportements humains peuvent être à l’origine des changements environnementaux qui affectent le contact entre l’animal et l’homme ;
- Les comportements humains et certaines croyances concernant la valeur et la signification des animaux, tant sur le plan culturel que religieux influent sur la relation homme animal
Recherche scientifique et « One Health »
Il est difficile de tirer des conclusions cohérentes sur les liens entre la santé humaine et animale à partir d’études séparées. Ainsi :
- Des études simultanées sur la santé humaine et animale permettent de mieux évaluer les liens épidémiologiques des zoonoses et les résistances aux antibiotiques par exemple ;
- La recherche commune sur le terrain par des équipes mixtes peut servir de noyau à une collaboration intersectorielle et à un meilleur partage de l’information dans un pays ou une région ;
Nos compagnons à quatre pattes, les animaux de compagnie et l’approche « One Health »
Les animaux de compagnie sont plus que de simples compagnons car ils contribuent également de manière significative à notre santé (Ils sont antidépresseurs, aident au diagnostic, anti-obésité et anti-stress). D’où l’importance de veiller à la bonne santé des animaux avant de pouvoir bénéficier de leur compagnie, dans divers environnements.
L’approche « One Health » défie la définition traditionnelle de la santé
Connue selon l’OMS comme l’état complet de bien-être physique, social et mental et ne consiste pas seulement en l’absence de maladie de ou d’infirmité, la santé traditionnellement limite mais et l’approche « One Health » innove. « One Heath » relève expressément l’aspect spirituel de la santé qui est d’importance capitale. Mais alors, que signifie être en bonne santé spirituelle ?
Un individu spirituellement sain est une personne qui est en paix avec elle-même et en bonne relation avec les autres, Dieu et la création. Cette paix englobe l’équilibre entre la réalisation de soi et le don de soi, entre l’autonomie et la dépendance, et l’interaction avec son tissu social. Une telle approche holistique de la santé est le fondement d’une perspective spirituelle qui inclut non seulement le respect et le soin des personnes et des créatures, mais aussi de la création. N’est-elle pas belle l’approche « One Health » ?
A l’horizon
Il est clair qu’aucune discipline, ni aucun secteur de la société ne dispose de suffisamment de connaissances et de ressources pour prévenir l’émergence ou la résurgence des maladies dans un univers mondialisé. C’est seulement en faisant tomber les barrières entre les agences, les personnes, les spécialités et les secteurs que nous pourrons relever les défis relatifs à la santé des personnes, des animaux domestiques et de la faune sauvage et à l’intégrité des écosystèmes. Venir à bout des menaces actuelles et trouver une solution pour les problèmes à venir nécessitent d’abandonner les approches du passé.
Dr. Armand NAMEKONG FOKENG, Vétérinaires du Pays