Vaccination anti-Covid-1 – Le rôle-clé des relais communautaires

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La contribution des hommes d’Eglise, des chefs traditionnels et des magistrats municipaux notamment, est plus que jamais indispensable.

179 jours après l’introduction de la vaccination contre le Covid-19 au Cameroun, seul 1% de la cible a été convaincue. D’après le rapport du Centre de Coordination des Opérations d’urgences de Santé Publique, CCOUSP, sur la situation de la vaccination Covid-19 au 6 octobre 2021, seulement 133.531 personnes sont complètement vaccinées soit 1% de la population cible. 388.511 personnes ont pris la 1ere dose de tous les vaccins confondus, pour 133.531 personnes complètement vaccinées. Une augmentation de 12.406 personnes complètement vaccinées par rapport au 22 septembre 2021. Pour combattre cet ennemi invisible, aucune contribution n’est de trop. Les médias classiques ont bien évidemment leur rôle à jouer dans la sensibilisation de masse, mais les relais communautaires constituent les canaux idéaux pour toucher les communautés.

Ils sont capables d’aller jusqu’au porte-à-porte pour expliquer l’importance de la vaccination. Le ministère de la Santé publique l’a bien compris et depuis des jours, le chef de ce département ministériel a entamé une série d’échanges avec les chefs traditionnels et les leaders religieux. A l’occasion, Manaouda Malachie a indiqué qu’il s’agit pour  ces leaders communautaires, d’accentuer le déploiement sur le terrain, en vue de faire comprendre aux uns et aux autres que la vaccination est salutaire pour tous. Les maires, comme les autres relais communautaires, ont donc été invités à conduire sur le terrain, une véritable campagne d’explication de l’importance de la vaccination, ainsi qu’une mobilisation des populations sur l’observance des mesures barrières contre la Covid-19. Si certains de ces leaders communautaires s’étaient montrés proactifs sur cette campagne de sensibilisation dans leurs localités, d’autres sont invités à prendre le train en marche. Car leurs actions ont une incidence directe sur la vie des populations. Le  prêtre, le pasteur, l’imam, le Lamido, le fon ou tout autre chef traditionnel, doit désormais être au front. L’implication des leaders religieux et des chefs traditionnels dans la lutte dans cette bataille est plus que porteuse d’espoirs afin d’obtenir une masse des personnes ainsi sensibilisées et bien parées contre cet ennemi commun.

Les caravanes de sensibilisation

L’objectif du Cameroun est de vacciner au moins 20% de sa population totale avant l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations en janvier 2022. Il s’agit de la couverture minimale nécessaire pour se prémunir contre une éventuelle troisième vague », a ajouté le Minsanté. Afin de renverser cette tendance qui est grandement, de l’avis du gouvernement, le fait de la désinformation, diverses actions sont envisagées. Il est question, énumère le Minsanté, «  de l’élargissement de l’offre de la vaccination à toute personne âgée de 18 ans et plus, l’identification et l’équipement en matériels de la chaîne de froid de centres de vaccination supplémentaires, de manière à couvrir toutes les aires de santé, l’engagement des leaders traditionnels et religieux en vue de susciter l’adhésion des populations cibles à travers des rencontres d’information et d’échanges les principaux leaders au niveau de chaque commune, la communication de proximité dans toutes les communautés, à travers les réunions d’engagement communautaire dans chaque aire de santé et les caravanes de sensibilisation ».  Le gouvernement annonce par ailleurs le lancement d’un deuxième tour de la campagne de vaccination. Celle-ci va s’étendre du 17 au 21 novembre 2021, avec un accent particulier sur l’intensification des séances mobiles de vaccination dans les communautés et dans les sites d’intérêt (prisons, universités, entreprises, administrations publiques, etc.). Dans ce sens, il sera procédé à l’intégration de la vaccination dans les activités de routine du Programme élargi de vaccination. Lequel sera assorti d’un mécanisme de financement basé sur la performance.

Elvis Serge NSAA

 Interview

« Nous avons de quoi alimenter les messages clés »

Dr Shalom Tchokfe Ndoula, secrétaire permanent du Programme élargi de vaccination

Le Pev tient depuis quelques jours une série de consultations avec différentes entités dont les ordres des professionnels de la santé, les sociétés savantes et les médias, question de booster la vaccination anti-Covid-19. Quelles en sont les premières conclusions ?

Nous sommes satisfaits des échanges. Il s’agit d’une activité planifiée depuis des mois et ce n’est que maintenant que nous avons pu réunir les professionnels de la santé, ceux des sociétés savantes, les médias et bientôt les influenceurs. Nous venons de franchir une nouvelle étape pour ce qui est du déploiement de la communication. Car, on parle là des acteurs principaux pour convaincre les populations cibles et autres à se faire vacciner contre le Covid-19. Les discussions ont été très riches et nous avons de quoi alimenter les messages clés, et nos stratégies de communication spécifiques à certains groupes cibles. 

Une campagne ciblant les 18 ans et plus démarre le 7 juillet. Quels mécanismes avez mis en place pour assurer le succès de cette opération et remonter ainsi le tôt de couverture vaccinale anti-Covid 19 ?

Premièrement, nous augmentons la capacité de l’offre en ajoutant des équipes mobiles, dans le but d’apporter le service mobile vers ceux qui en ont besoin. Deuxièmement, nous finalisons notre plan de communication, l’objectif même de cette rencontre de Kribi avec la plupart des acteurs de la communication de masse et celle dédiée aux populations cibles. Et ensuite, nous irons interagir avec les populations dans les communautés en compagnie de nos collègues sur place, d’autres acteurs de la communication, y compris les leaders religieux et traditionnels. Cette campagne permettra d’effectuer la vaccination en dehors des grands centres. C’est vrai que nous allons étendre l’offre aux 18 ans et plus, mais la vaccination reste prioritaire pour les personnels de santé et les personnes âgées vivant avec des comorbidités.

L’on craint une troisième vague de contamination avec le variant Delta,  du reste très virulent, déjà en circulation dans quatre pays africains. Le Cameroun est-il prêt à y faire face si jamais le variant rentrait chez nous ?

C’est quasiment une certitude que la plupart des pays feront face à une troisième vague, c’est d’ailleurs pourquoi il faut protéger les personnes qui sont à risque de faire des formes graves ou des personnes qui risquent de mourir pour qu’on n’ait pas à subir, en termes de létalité, cette troisième vague. Certes les mesures barrières qu’on a eu à observer jusqu’ici sont très importantes mais, la vaccination vient aussi renforcer le dispositif. Et cette troisième vague par le virus Delta a ceci de particulier qu’elle a une vitesse de contamination qui sera peut-être élevée. C’est pour ça que même les pays qui ont déjà atteint une couverture de 40 à 60% ne se trouvent pas assez protégés et veulent augmenter la couverture jusqu’à plus de 80% de la population avec des vaccins qu’ils peuvent administrer aux plus jeunes. Mais pour nous, notre objectif sera d’être plus vigilant afin d’éviter que beaucoup de personnes tombent malades ou ne décèdent.

Les vaccins actuellement en circulation au Cameroun sont-ils efficaces contre ces nouveaux variants qui ne cessent d’apparaître ?

Nous savons à partir des données dont nous disposons que le vaccin AstraZeneca est efficace contre le variant Delta, même si on ne connait pas avec exactitude son niveau d’efficacité face à ce variant d’origine indienne. Les études sont toujours en cours à cet effet. Nous manquons malheureusement de données sur le vaccin Sinopharm mais on ne tardera pas à les avoir. Ce qui est certain, le variant Delta est encore vulnérable à la vaccination. Ce sera plutôt au niveau de la couverture vaccinale que tout se jouera.

Source Cameroon Tribune

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