Épidémie de choléra – Biyem-Assi Lac, une zone à haut risque !

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Dans ce quartier situé dans l’arrondissement de Yaoundé IV, une conduite souterraine d’évacuation des eaux et excréments déverse son contenu sur la chaussée, dans un environnement où les autorités camerounaises ont confirmé la propagation d’une épidémie de choléra avec à la clé, 27 cas positifs et quatre décès.

C’est une bonne partie de la route qui est impraticable au lieu-dit “Biyem-Assi-lac”, dans le sixième arrondissement de la ville de Yaoundé, en face de la station-service. À l’origine, une conduite souterraine d’évacuation des eaux et excréments déverse son contenu sur la chaussée. Les déchets rejetés par ces égouts sont aspergés sur les passants au passage d’un véhicule. Tout autour, les populations mènent leurs activités commerciales en faisant fi des odeurs. Juste en face de la fosse, Aurélien, responsable d’un café, s’occupe de ses clients tout en recouvrant autant que possible la nourriture qui y est servie. «  On va faire comment ? On essaie juste de couvrir la nourriture parce que c’est grave ! Ça nous indispose. Pour protéger ma santé, je ne fais pas grand-chose », affirme-t-il. Plus bas, ces eaux coulent paisiblement devant un restaurant avant de se déverser dans la rivière où les laveurs de voiture puissent de l’eau pour travailler. «  C’est là depuis. On vit avec. J’entrais souvent dans cette fosse pour vider. C’est vraiment grave et le cache nez ne sert à rien. Très souvent les voitures circulent sur un côté et ça créent des accidents au cours desquels les gens sont projetés dans les sels », confie Serge Ongono, habitant du quartier.

Ce que la plupart de ces populations ignorent jusqu’ici, c’est qu’en dehors des irritations cutanées, elles sont exposées à d’autres maladies plus graves comme le choléra. Au moment où le Cameroun est en état d’alerte en ce qui concerne l’épidémie de choléra, ajoutée à cela  la fièvre typhoïde qui fait des ravages, les spécialistes de santé présentent les risques auxquels ces populations s’exposent. « Sur le plan sanitaire, ces populations sont exposées aux maladies hydriques et aux maladies du péril fécales. On peut citer L’hépatite A est une maladie à transmission fécale. Idem pour le choléra. Les aliments n’ont pas besoin de toucher ces produits de défécation pour être souillés. Nous sommes dans un milieu où il y a beaucoup d’insectes qui sont souvent responsables de la contamination des aliments que nous consommons. Il suffit qu’une mouche se pose sur ces matières fécales et va également se poser sur ces produits », affirme le Dr. Tony Nnane. Le choléra, qui est une infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par le bacille Vibrion cholérique, est annoncé au Cameroun et à Yaoundé depuis le 1er novembre 2021. En date du 7 novembre 2021, le pays compte une vingtaine de cas avec 4 décès. D’après le Dr. Linda Esso, sous-directrice de la lutte contre les épidémies et les pandémies au ministère de la santé publique, en septembre 2020, 1 550 cas de choléra ont été recensés et 69 personnes en sont mortes. Un chiffre légèrement supérieur aux 66 décès enregistrés sur la même période en 2019. De plus, le nombre de cas de choléra notifiés à l’OMS est resté élevé au cours des dernières années.

En 2019, 923 037 cas et 1911 décès ont été notifiés dans 31 pays. L’écart entre ces chiffres et l’estimation de la charge de morbidité vient du fait que de nombreux cas ne sont pas recensés en raison des limitations des systèmes de surveillance et des craintes de répercussions négatives sur le commerce et le tourisme. Ces excréments qui coulent sur la route au quartier Biyem-assi Lac dans l’arrondissement de Yaoundé IV exposent les populations de ce quartier et des quartiers environ à des infections au Vibrion Cholérique. Des infections qui peuvent conduire à une contamination à l’échelle régionale voire nationale avec de nombreux décès, si rien n’est fait à temps.

Kévine NGOMWO (Stg)

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