Changements climatiques : La morgue du CHU de Yaoundé sans toit

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Le 8 mars 2024, un orage  a détruit la toiture de la sous-préfecture d’Efoulan, dans le 3ème  arrondissement de la ville aux sept collines et a arraché le toit de la morgue du Centre Hospitalier universitaire (CHU) de Yaoundé.

Très forte pluie à Yaoundé, accompagnée de vents violents. Le 8 mars 2024, un orage a provoqué de nombreux dégâts dans la ville de Yaoundé. Dans la ville aux sept collines, plusieurs toitures de bâtiments publics et administratifs ont été  emportées par les vents violents qui accompagnaient la pluie. La sous-préfecture de Yaoundé, 3, à Efoulan, a perdu ses toiles. Des maisons  au quartier Etoug-Ebé, dans le 6ème arrondissement de la ville de Yaoundé, ont été détruites.

Dans son récent bulletin d’alertes et de prévisions climatiques du 1er au 10 mars 2024, l’Observatoire national sur les changements climatiques (ONACC) a annoncé que cette période sera marquée par une continuité de la saison sèche dans la région du Centre. L’ONACC prévoyait toutefois « une probabilité d’enregistrer des pluies sporadiques de 15 à 40 mm » dans certaines localités de cette région.

Le bulletin de prévision et d’alertes émis par l’Observatoire national sur les changements climatiques (ONACC), annonce des perturbations en raison de l’augmentation de la température moyenne de surface de l’océan atlantique (partie équatoriale). Dans le secteur de l’habitat et du développement urbain, le bulletin révèle: d’une part, un risque de multiplication des ilots de chaleur dans les zones fortement urbanisées (grandes agglomération : villes de Yaoundé, Douala, Maroua, Bafoussam, Bertoua, ect).

Entrainant des situations de déshydratation, d’hémorragies nasales chez des personnes vulnérables (enfants, personnes âgées, femmes enceintes), et d’autres par des forêts pluies accompagnées de vents violents, d’orages et de grêles dans certaines localités des zones forestières et des haut-plateaux, avec le risque élevé d’enregistrer des destructions des édifices publiques et des maisons d’habitation.

Le ministre de l’Habitat et du développement urbain invite les maires à sensibiliser les populations sur les risques et à renforcer les mesures de contrôle des constructions conformément à la réglementation en la matière. Elle les invite à collaborer avec les autorités administratives pour mettre en place des cellules de veille afin de prévenir les catastrophes survenues par le passé dans certaines villes du pays.

Au cours d’un atelier qui s’est tenu à Mbalmayo le vendredi 1er mars 2024, l’ONACC, les administrations sectorielles, les partenaires au développement et les organisations de la société civile ont validé le 26ème Bulletin Saisonnier de prévisions des paramètres climatiques. L’Observatoire National sur les Changements Climatiques a organisé ce jeudi 22 février 2024 à Maroua, un atelier de présentation des résultats de l’étude sur le niveau de vulnérabilité climatique auquel sont exposées les différentes communes dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. Cette activité a été organisée avec l’appui de la FAO Cameroun.

 Elvis Serge NSAA

 

Pr. Félicien Ntone Enyime

« La tornade a arraché le toit de la morgue du CHU de Yaoundé »

Selon le directeur général du Centre Hospitalier universitaire (CHU) de Yaoundé, le bulletin météo devrait être une page d’éducation quotidienne, afin de prévenir les catastrophes et peut-être pour la santé aussi.

On a frôlé le pire au CHU de Yaoundé. Qu’est-ce qui s’est passé ?

D’habitude, il pleut juste après le défilé des femmes; cette fois-ci, on a l’impression qu’il y avait une accalmie, et le CHU, a terminé sa fête à 18 heures 45 minutes. Je venais de quitter l’hôpital, j’ai vu quelques gouttes qui tombaient, quand j’ai voulu appeler pour savoir si tout le monde était parti, on m’a plutôt dit qu’il y a une catastrophe au CHU, que les objets s’envolent dans tous les sens, les arbres sont sciés, une tornade. Tout le monde est fixé à l’intérieur; le toit de la morgue s’est arraché et a traversé la barrière pour tomber. Je me suis demandé, quel accident pourrait arriver. Puis après, il y a des objets très lourds sur le toit du CHU, pour la purification de l’air, mais le vent a arraché.

Le vent a renversé les objets qui pèsent 500 à 1000 kg. C’était une tornade, une tornade que nous n’avons pas souvent l’habitude de voir, parce que le CHU est construit depuis 1978. Il y a eu des vents pour que des poteaux métalliques se tordent, ça veut dire que c’était un vent hyper violent et qui passait à une vitesse et qui a terrassé les arbres. J’ai regardé du côté de la faculté de médecine, si le parking avait des véhicules, ça devrait être une catastrophe. Donc, nous sommes en situation de catastrophe.

La direction de la météorologie et l’observatoire national sur le changement climatique, publient régulièrement des bulletins d’alerte climat. Dites-nous, vous les recevez?

J’ai un repère sur mon téléphone. Le soir il m’annonce une tornade, mais je ne m’attendais pas, à des tornades telles qu’on les voit dans le Sud-Est Américain, ou bien, des tornades à trajectoires. Quand je suis monté sur le toit, quand j’ai regardé du toit du CHU, ce qui s’est passé à Obili et à la garde présidentielle, je me suis dit qu’il y avait un axe. Puis, qu’à l’Omnisport, le sol était sec, à Elig-Essono, le sol était sec. Ici au CHU, c’était une grande pluie. Ça devient le genre où il faut des prévisions météorologiques pour qu’on puisse s’organiser, parce que là, on n’a pas vu venir cette tempête.

Pourtant, depuis quelques années, l’ONAC met à la disposition des différentes administrations, des bulletins d’alerte, tous les 10 jours, tous les mois, même de manière saisonnière ou trimestrielle. Apparemment, le problème se situe au niveau de la diffusion de ces informations.

Effectivement. Si j’avais les informations, si j’avais été sensibilisé, sur la trajectoire de cette tornade, je me préparerais autrement. J’ai eu une peur après coup, c’est-à-dire que jusqu’à présent, je regarde le toit de la morgue, je me dis mais, il y avait pourtant les employés à l’intérieur. Quand je regarde ce qui s’est passé autour du CHU, je me dis le personnel aurait pu, parce qu’une baie vitrée de la salle de pédiatrie des enfants aux urgences s’est décrochée. Cela montre quand même la force des éléments de nature. J’ai d’ailleurs fait un signale au ministre de l’administration territoriale pour la situation des catastrophes. Je pense que désormais, nous devons être avertis parce que, ce genre de vent, mon collaborateur qui était dans sa voiture basculait à l’intérieur de la voiture. Je pense qu’on aurait pu assister à d’autres catastrophes. L’objet qui a quitté le toit du CHU, pour se retrouver sur la route, pèse suffisamment pour que, si, il croisait un véhicule ou une moto, je suis soulagé parce qu’il n’a pas eu de blessure signalée. C’est plutôt une violence sur le matériel, les maisons et le toit.

Au niveau de la morgue, les cadavres n’ont pas eu de problème ?

Je suis allé voir mes cadavres pour les dire de rester tranquille parce que j’avais peur des évasions. Moi je compte quand même mes recettes, et je les ai dits de rester calmes. Je les ai demandés si c’était eux les responsables de ce qui s’est passé sur le toit. Les cadavres m’ont dit qu’ils étaient tranquilles. Maintenant, il faudrait que les familles comprennent qu’il y a pas de toit pour la chapelle, moi aussi je m’organise à recouvrir cet endroit qui est un lieu de recueillement.

Il y a des familles qui sont venues pour s’enquérir de l’état de leur proche qui se retrouvent à la morgue là-bas ?

Autant la tornade n’a pas été diffusée, comme information, autant tout le Cameroun avec les femmes étaient en fête, autant cet événement s’est produit le vendredi 8 mars 2024, à partie de 19 heures et s’est arrêté avant 21 heures. A 21 heures, la ville avait retrouvé en dehors des détritus qui y avaient de part et d’autres, autant assez fatigué de la journée les femmes ont dormi, les hommes aussi. Et samedi, ils n’ont pas vite réalisé ce qui s’est passé. C’est un événement qu’on doit signaler, parce que ça aurait pu passer sous silence.

Peut-on chiffrer les dégâts matériels?

Je suis en train de faire une évaluation, nous avons encore le plan de réhabilitation, qui n’est pas encore achevé. J’ai appelé une entreprise pour qu’elle évalue des dégâts qu’il y a sur le toit et une entreprise pour évaluer rapidement la charge au niveau de la morgue. J’ai dû faire venir des jardiniers pour dégager tous les débris; il y a des arbres qui ont été coupé, donc on va dit, c’était des arbres malsains. Je suis content que la tempête ait rasé ces arbres malsains.

Dans la superstition des africains, j’ai failli être superstitieux. Si je n’avais pas vu ce qui s’est passé, chez mes voisins, pour me rendre compte en fin que c’est un phénomène de la nature qui était assez violent.

Apres la pluie du 8 mars, d’autres sont tombées?

Quand il pleut maintenant, j’aimerais consulter un psychiatre. J’angoisse. Chaque fois qu’il pleut, nous encaissons de l’eau. On va se rattraper. On va faire l’échantéité. Si on descendait à la morgue, vous remarquerez que c’est une situation d’urgence. Je ne suis pas sûr que j’avais prévu cette dépense, comme ça se passe dans le cas des catastrophes.

Pr Félicien Ntone, est-ce qu’après ce que vous venez de vivre au CHU, vous ne pensez pas, qu’il va falloir être judicieux de se rapprocher de l’observatoire sur le changement climatique, plutôt de demander, qu’ils se rapprochent de vous ?

Ils ont la facilité de percevoir le danger et le signaler pour la protection civile. Nous sommes dans une communauté ici. Et tout le monde ne peut pas se rapprocher en même temps. Les malades fréquenteront l’hôpital, le personnel viendra travailler. Les bâtiments sont là. Il faut mieux le savoir. J’ai vu dans les Antilles lorsqu’une tempête passe, on renforce les ouvertures. J’aurais peut-être renforcé les ouvertures que je ne puisse pas avoir les dégâts que j’ai eus.

Surtout qu’il est annoncé dans les prochains jours, d’autres pluies violentes. La région du centre est par ailleurs dans l’œil du cyclone.

J’avoue de vive voix, nous les camerounais, nous sommes sur l’équateur et que nous ne sommes pas sur la trajectoire de l’œil du cyclone. J’ai l’impression qu’il devis un peu leur trajectoire. J’ai quand même observé que chaque pluie qui est arrivée après le 8 mars, a causé des dégâts ailleurs. Donc que le 8 mars était la zone de Melen et Obili, j’ai l’impression que la pluie du lendemain a commis des dégâts ailleurs. Et ça risque d’être une forme de ronde dans la région du centre.

J’ose croise qu’à partir de l’incident du 8 mars, on regardera le calendrier météorologique pour savoir comment on s’habille, les zones tropicales et équatoriales, nous devions de plus en plus nous intéresser à lire la météo avant de sortir.

Du coup, vous êtes parfaitement d’accord de l’effectivité du changement climatique, que tous les pays africains vivent désormais aujourd’hui, y compris le Cameroun, avec des impacts réels. Nous subissons des impacts.

C’est vrai, ça s’est réchauffé beaucoup, plus dans les pays du Nord. Il faut que chacun prenne sa responsabilité et que nous, à notre niveau, on voit comment de fois on doit diminuer la coupe de la forêt. C’est un changement réel. Nous avions 4 saisons. En principe, nous sommes dans la petite saison de pluie. Mais elle ne ressemble pas. Elle ressemble à une saison de tornade, ce qui montre un glissement de la nouvelle situation.

Au regard de ce qui s’est passé au CHU, un message pour l’administration concernée, je ne sais pas.

Monsieur le ministre de l’administration territoriale, j’ai déjà tendu la main. Je ne souhaite pas qu’il descende ici, je ne vais pas le dérangé, mais je vais lui envoyer le rapport de ma situation. On n’attend pas une inondation. Ça c’est déjà une situation de catastrophe. Le bulletin météo devrait être une page d’éducation quotidienne. Il faut qu’on soit averti. Je pense que ça devient une adaptation indispensable pour la protection civile et peut-être pour la santé aussi.

Propos retranscrits par Elvis Serge NSAA

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