Santé sexuelle : près de 90% des hommes ont recours à la masturbation

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Des études démontrent que pratiquement tous les hommes ont eu une expérience masturbatoire durant leur vie et ce souvent dès l’âge de la puberté. Pour ceux qui persistent dans cette pratique, elle est très souvent lourde de conséquences.

« Ça se fait à l’ombre » s’exclame un jeune étudiant camerounais qui tient à rester anonyme. C’est dire qu’en Afrique, la masturbation reste une question très peu abordée, c’est un sujet qui gêne. Quand on en parle c’est dans un cadre rassurant et intime. Il devient donc difficile de savoir que la masturbation peut être un véritable obstacle à la procréation, au même titre que les rapports sexuels trop fréquents. Seulement le rapport sexuel plus contraignant sur le plan physique est moins pratiqué que l’autosatisfaction sexuelle.

Même si elle n’entraîne pas de stérilité, la masturbation masculine régulière peut néanmoins provoquer une baisse de la qualité du sperme émis. «Après une période réfractaire, l’homme peut recommencer à avoir une pénétration et une masturbation. Il faut 3 jours pour que le fluide soit complet. S’il recommence une fois tous les jours, il se peut que le sperme ne soit pas complètement de qualité. Dans ce cas, le sperme est plus clair, plus fluide et contient moins de spermatozoïdes mais ça ne veut pas dire qu’il n’y en a pas. Quand il est plus laiteux, là il y a une quantité prononcée de spermatozoïdes. Cette influence est d’autant plus marquée que l’homme est âgé. » Explique Karine Artaud, Thérapeute en Psycho-sexologie.

A titre de rappel, la spermatogenèse qui est le processus de fabrication des spermatozoïdes, dure environ 64 jours. Quant à la durée de vie d’un spermatozoïde après éjaculation dans la cavité vaginale, elle est d’environ 72 heures. De ce fait, La médecine traditionnelle chinoise considère qu’un homme ne devrait éjaculer que le plus rarement possible afin de préserver son énergie procréatrice.

Même si psychologues et psychiatres soutiennent que la masturbation n’a pas d’effets indésirables sur  la santé mentale,  et qu’au contraire elle permet la découverte de la sexualité pour certains et pour d’autres l’épanouissement sexuel notamment quand elle est pratiquée en couple, les raisons de cette  pratique controversée varient en fonction des personnes.  Agé de 26 ans, un étudiant camerounais qui a souhaité rester anonyme nous a confié que pour lui, la masturbation est un moyen par lequel il impressionne ses partenaires sexuels : « Je peux me masturber pour que le premier coup dure plus longtemps ». Pour un autre âgé de  25 ans, il s’agit d’un palliatif à l’absence de partenaire : « C’est parce que je n’ai pas de ‘’go’’ » s’exclame t’il.

Des études montrent plus de 90% des hommes dans le monde soit 54,4% de 7,7 milliards de la population mondiale, ont une expérience masturbatoire durant leur vie et ce souvent dès l’âge de la puberté. Les industriels ont flairé le bon filon et en 2019, on estime que le marché des «sextoys» c’est-à-dire les objets de plaisir sexuel a rapporté plus de 22 milliards de dollars. Il y en a de plus en plus autour de nous. D’ailleurs en 2018 l’apparition des « sexdols » ou poupées sexuelles sur le marché camerounais a fait les choux gras de la presse. Les mouvements d’indignation ont proliférés jusque sur le parcours du défilé le 8 mars avec des femmes qui exhibaient le message « Non aux poupées sexuelles ».      

Si la masturbation s’est installée dans les mœurs occidentales au point où les thérapeutes la recommandent sans tabou, la culture africaine réputée réfractaire à son adoption semble ne pas y être imperméable.    Ruben NZEUSSEU stagiaire

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