Zoonoses: les camerounais négligent la rage

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De moins en moins les camerounais amènent leurs animaux de compagnie dans les cliniques vétérinaires pour les faire vacciner contre la rage. Un acte de négligence qui peut entrainer l’augmentation des décès dus à la rage.

Selon l’OMS, la rage cause environ 59 000 décès humain chaque année dans le monde, pour la plupart dans les zones rurales d’Afrique et d’Asie. 40% des victimes ont moins de 15 ans. Elle fait partie des maladies tropicales négligées touchant surtout les populations pauvres. Cette maladie est endémique au Cameroun et le chien est la principale source de la rage humaine. Il n’existe pas de plan national de lutte contre la rage au Cameroun. Le Centre Pasteur Camerounais(CPC) est le Laboratoire National de référence pour la surveillance de la rage humaine pour les 7 régions méridionales du Cameroun. Les cas venant des régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’extrême sont analysés par le Laboratoire National Vétérinaire à Garoua. Au CPC, le diagnostic chez l’animal est réalisé post-mortem. Par ailleurs, on déplore l’absence de sensibilisation massive, l’inaccessibilité (géographique et financière) aux traitements préventifs contre la rage. Le vaccin préventif est estimé à 10 000 ou 15 000 francs en fonction  des cliniques vétérinaires.

En outre, la population néglige et sous-estime les mortalités causées par la rage. Dans beaucoup de familles qui ont les animaux domestiques à l’instar du chien ou du chat, les maitres ne leur font pas vacciner. Pour certains, non seulement le vaccin antirabique est coûteux, mais aussi l’animal domestique ne mérite pas des soins de  santé appropriés : « Le chien, le chat ne sont que des animaux de compagnie et ne représentent rien pour moi. Je ne peux débourser de l’argent pour les faire vacciner contre la rage. Tôt ou tard ils mourront » déclare Lucien, habitant de Yaoundé. Hormis ces deux motifs, d’autres avancent l’argument de la pauvreté. Plusieurs ménages n’ont pas d’argent pour se nourrir, se vêtir et s’éduquer. Certains font des jours sans trouver de quoi manger et  sont donc incapables de conduire leurs animaux de compagnie dans les cliniques vétérinaires. De même, il y’a le manque d’information sur la rage en général et ses conséquences. Beaucoup de gens ne) savent pas que la rage est dangereuse et incurable  Enfin le manque de volonté favorise la non fréquentation des dits cliniques. Il se traduit par l’absence d’enthousiasme à aller faire vacciner les animaux de compagnie même à des circonstances où ce vaccin est gratuit : « Chaque 28 septembre à l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre la rage, le Ministère de l’Elevage des Pêches et Industries Animales(MINEPIA) rend le vaccin contre la rage gratuit afin qu’il soit accessible à toutes les couches. Malheureusement beaucoup de propriétaires manquent de volonté d’aller faire vacciner leurs chiens » confirme Dr Ayebonje Rolland, vétérinaire au MINEPIA.

Tous ces facteurs qui contribuent d’ailleurs à maintenir cette maladie qui produit nécessairement des conséquences autant chez l’animal que chez l’homme. Chez l’animal, elle entraine la mort dans la totalité des cas, car il n’existe aucun traitement et les animaux porteurs de la rage doivent être obligatoirement déclarés et abattus. Chez l’humain, la mort est aussi inévitable à moins que la personne infectée ne reçoive un vaccin post-exposition rapidement après avoir été exposée à un risque de contamination. Face à cela il serait urgent pour les maitres des ménages de ne pas négliger la vaccination de leurs animaux de compagnie contre la rage, car leur santé en dépend.     

Arlette WANEKOSSA TOUMBA (stg)

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