Lutte contre le paludisme : Bientôt le vaccin au Cameroun

C’est l’annonce inédite qui a été faite à la presse par le ministre de la Santé publique et ses partenaires, le 25 avril 2023 à Yaoundé, à l’occasion de la commémoration de la journée mondiale de lutte contre le paludisme.
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Le Cameroun est parmi les 11 pays ayant le plus lourd fardeau en matière de paludisme. Les statistiques démontrent une baisse des cas depuis 2019. Mais, le mal règne encore et il est profond. Les efforts du gouvernement à travers le Ministère de la Santé Publique et de ses partenaires, concourent à être déclaré un jour : « pays exempt de paludisme » en n’ayant aucun cas de maladie comme l’indique le thème de cette 16ème  édition : «Il est temps d’atteindre zéro palu : investir, innover, mettre en œuvre». Pour cela, l’implication et la mobilisation de tous et de chacun est sollicité, afin de faire de cette lutte, un combat commun. Dans son discours de circonstance, le Dr Phanuel Habimana, Représentant de l’OMS au Cameroun, a indiqué que plusieurs vaccins antipaludiques sont en cours de mise au point. Comme cela est le cas du  vaccin antipaludique actuellement recommandé par le « RTSS » et  beaucoup de ces vaccins attaquent le parasite du paludisme avant qu’il ne pénètre dans le foie humain où il peut se multiplier rapidement.  À ce jour, plus de 1,3 million d’enfants ont reçu au moins une dose du vaccin antipaludique « RTSS » dans trois pays africains dont le Ghana, le Kenya et le Malawi.

Au Cameroun, les autorités annoncent la disponibilité d’un nouveau vaccin dans les prochains mois. « Il y a un nouveau vaccin du paludisme qui va être mis à la disposition de 03 pays dont le Cameroun. La bonne nouvelle c’est que le ministre de la Santé publique, Dr Manaouda Malachie, le gouvernement et les partenaires ont pu avoir l’opportunité de l’avoir au Cameroun pour les mois à venir. On va faire tester le vaccin contre le paludisme dans 03 districts du pays », a annoncé Judith Hedje, MD, MPH, MBA, conseillère technique à CDC. Des informations supplémentaires données par le ministre de la Santé publique n’ont pas donné de précisions sur le jour exact de l’arrivée de ces vaccins, mais l’assurance de leur disponibilité a été faite. « Le vaccin c’est un long processus et nous en sommes au bout. Il y a eu beaucoup de sollicitations de la part des États et nous avons eu le privilège d’être sélectionné parmi les États qui doivent avoir droit à ce vaccin. Nous commencerons l’implémentation et les districts qui vont recevoir les vaccins en premier et où ils vont être testé ainsi que l’élargissement au début de l’année 2024, devraient globalement nous permettre à améliorer substantiellement le taux de mobilité et de mortalité dû au paludisme dans notre pays », a expliqué Dr Manaouda Malachie.

Causes de morbidité

Pour rappel, en 2022,  3.327 381 cas de paludisme ont été rapportés par les formations sanitaires du Cameroun,  soit  29,6% de toutes les  consultations, selon les données de SNIS. De ce qui précède, la  Région de l’Est est celle avec la plus grande incidence des cas dont notamment 196.1. Par ailleurs, les chiffres indiquent une baisse de mortalité depuis 2019. Entre 2021 et 2022, la mortalité hospitalière due au paludisme a reculé de près de 4 points, passant de 13,5% à 9,9 % de tous les décès enregistrés. Les Régions de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua sont celles ayant enregistré les taux de mortalité les plus élevés et les enfants de moins de 5 ans restent le groupe dans lequel les décès sont enregistrés dans leur grande majorité soit 71% de tous les décès.  Le paludisme reste l’une des principales causes de morbidité et de mortalité au Cameroun. Pour barrer la route à cette maladie, le Ministère de la Santé Publique à travers le Programme National de Lutte Contre le Paludisme, en collaboration avec Impact Santé Afrique, et les autres partenaires au développement invitent les acteurs à plus de mobilisation, en vue de l’élimination du paludisme au Cameroun.

Divine KANANYET

Réactions

Dr Manaouda Malachie, ministre de la Santé publique

« Les choses commencent à s’améliorer mais la situation demeure préoccupante »

« S’il y a 100 morts de paludisme au Cameroun, 71 sont des enfants de 0 à 05 ans. Vous comprenez donc la décision que le président de la république a prise pour inscrire dans le panier des soins de la phase 1 de la CSU, le paludisme. Cela va mener les différents acteurs de mise en œuvre, à se concentrer pour la mise à disposition des formations sanitaires des intrants et à développer d’autres mécanismes de prise en charge pour pouvoir être plus efficace afin de réduire ce taux de mortalité. La CSU va donc permettre aux enfants de 0 à 05 ans de faire une consultation gratuite, sur l’ensemble du territoire ; permettre la prise en charge gratuite du paludisme sous toutes ses formes pour ces enfants ».

Dr Phanuel Habimana, Représentant de l’OMS au Cameroun

« Faire face aux menaces »

« Les difficultés à élargir l’accès aux services antipaludiques ont été aggravées, en particulier en Afrique subsaharienne, par l’actuelle pandémie de la Covid-19, les crises humanitaires convergentes, les restrictions de financement, la déficience des systèmes de surveillance et la baisse de l’efficacité des principaux outils de lutte contre le paludisme. Pour faire face à ces menaces et aider les pays à élaborer des programmes de lutte contre le paludisme, plus résilients, l’OMS a récemment publié de nouvelles orientations, stratégies et cadres.  Il s’agit d’une nouvelle stratégie visant à limiter la résistance aux antipaludiques en Afrique ; une nouvelle initiative pour arrêter la prolifération d’Anophelesstephensi dans les environnements urbains »

Christopher John Lamora, Ambassadeur des États-Unis au Cameroun

« Nous allons continuer  à aider pour atteindre zéro dose »

« Le gouvernement des États-Unis a toujours été et continue d’être un très bon partenaire du gouvernement du Cameroun sur la lutte contre le paludisme. Nous l’avons fait depuis beaux d’années déjà et nous continuons de le faire. Le gouvernement du Cameroun mérite beaucoup de respect et d’appréciation pour les efforts qu’il a déjà fait, et on a fait un combat de beaucoup de succès mais il y a encore beaucoup à faire. En tant que partenaire nous allons continuer  à aider pour atteindre les résultats  que nous désirons tous ».

Dr Joël Ateba, Secrétaire Permanent du Programme National de Lutte Contre le Paludisme

« Sur le terrain la lutte va s’inscrire dans la multisectorialité »

« Le vaccin le plus abouti qui est reconnu par l’OMS, beaucoup de pays sont en rang pour le recevoir et parmi ces pays, il y a le Cameroun. Le Minsante fait des mains et des pieds pour que très prochainement aussitôt que possible le Cameroun ait le vaccin ».

 

 

 

Olivia Ngou, Directrice exécutive d’Impact santé Afrique

« L’engagement communautaire pour éliminer le paludisme »

« Impact santé c’est une ONG qui a pour mission de contribuer à l’élimination du paludisme en passant par le renforcement des acteurs locaux parce que nous pensons que le paludisme c’est une maladie dont 90% du fardeau est en Afrique. Il est donc important que les africains eux-mêmes se lèvent et puissent mettre en place des mécanismes, des interventions, des stratégies qu’il faut pour vaincre cette maladie. Nous croyons fermement que l’engagement communautaire mais aussi l’engagement des leaders politiques, nationaux et locaux sera la solution pour éliminer le paludisme ».

Propos recueillis par Divine KANANYET

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