Témoignage : Comment j’ai survécu à la poliomyélite sauvage

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Directeur de publication du journal et de l’imprimerie Le Reporter, Mekamba Mekamba Raymond Barre raconte comment il a fait face à cette maladie qui l’a paralysé les membres postérieurs.

Je suis né normalement, valide comme tout le monde. C’est à l’âge de 7 à 8 ans que la poliomyélite m’attrape. Le virus de la polio sauvage m’a infecté les membres inférieurs. A l’époque, on pouvait utiliser une seringue pour 5 personnes et l’une des voies de transmission du virus est par injection. C’est comme cela que quand ce virus a touché l’os du pied droit, le pied s’est amoindri et les nerfs qui relient les jambes ont été anéantis. Je ne ressentais plus mes pieds. J’ai grandi avec jusqu’à l’âge de 11 ans où je suis allé dans un centre de réhabilitation des personnes à mobilité réduite. C’était tenu par les Italiens à Sangmélima. Au même moment où je faisais la réhabilitation, je partais aussi à l‘école. Il faut comprendre que les personnes handicapées ont un retard au niveau de l’éducation par rapport à leur handicape. Ils ne peuvent pas se mouvoir et parfois ils sont abandonnés par les familles. Généralement, on nous appelait les sorciers alors qu’ils oublient que c’est un virus qui a causé cette maladie qui t’a dépourvu de tes pieds ou de tes jambes. J’y ai fait pratiquement fait huit ans de rééducation.

Les matins, nous avions différentes étapes de rééducation, des chaînes et un parcourt du combattant. Chaque matin, après la prière, on t’amenait dans un des parcours où on pouvait t’y attacher pendant une journée afin réveiller les nerfs qui ne réagissaient plus. Il y avait aussi les appareillages. Au même moment dans ce centre des handicapés, on fabriquait des dispositifs que tu portes pour essayer de stabiliser les reins, pour te permettre de te placer debout sans béquilles, et te permettre de te déplacer avec. Tous ces ensembles-là n’étaient pas faciles. Tu es obligé de supporter. Et même Tu auras beau pleurer, cela est pour ton bien. Si aujourd’hui je suis debout et si j’ai un mental d’acier, c’est grâce à cette rééducation-là. Cette rééducation m’a tellement aidée dans ma vie et m’a permis de découvrir d’autres talents que je n’avais pas.

Après avoir affronté le handicap, il fallait s’intégrer à l‘école. Je suis un handicapé moteur et je faisais 5 kilomètres à pied pour aller à l’école. Aller-retour, je faisais pratiquement 10 kilomètres. A l’école, on entrait à 7h30. Quand tu quittes de chez toi pour aller à l’école, tu vas trouver que le premier cour est déjà fini parce que tu ne marches pas comme tout le monde, vous n’êtes pas au même rythme, eux ils peuvent courir, aller vite, mais par rapport à ta mobilité, tu es obligé d’aller à ton rythme. Parfois c’était très difficile au niveau de l’école, j’arrivais tout le temps en retards mais avec l’aide de Dieu, on s’est rattrapé.

 Au niveau relationnel, c’est difficile qu’une femme m’accepte parce que sa famille va lui dire qu’elle ne leur apporte qu’un handicapé. Il y a tout ça, c’est peut-être maintenant que les mentalités changent. Avant pour que tu trouves une âme sœur, ce n’était pas facile. Il y avait beaucoup de préjugés et aussi il y avait la honte alors que nous sommes des personnes comme tout le monde. Nous fondons des familles, nous avons les enfants, nous pouvons faire presque tout, juste qu’on ne peut pas se mouvoir comme tout le monde.

Le handicape c’est dans la tête. Il ne faut pas rester dans ton coin et dire que comme je suis handicapé, je ne peux plus rien faire dans la vie. Quand le handicape t’attrape, il y a d’autres facultés qui s’installent en toi que les valides n’ont pas. Il faut savoir exploiter cette faculté-là, cette intelligence que Dieu te donne.  Faut savoir lutter et se battre pour exister.

Je suis très content que la poliomyélite est finie est Cameroun, ça veut dire eu le pays a travaillé, que la sensibilisation a bien joué son rôle et la vaccination a pris effet. Au Cameroun les personnes à mobilité réduite ou les handicapés représentent au moins 3 millions d’habitant. Il y a eu y une négligence des parents, voire une inconscience des parents.  C’est le lieu de remercier le ministère de la santé publique qui se bat au quotidien pour éradiquer certaines maladies. Ce n’est pas facile, avant les parents étaient réticents, disant même que c’est ce vaccin-là qui va venir rendre leur enfant handicapé. Je ne peux leur dire que merci parce qu’ils sont parvenus à éradiquer un virus qui a fait des ravages au Cameroun.

Brenda NGOUFACK

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