Cancer du col de l’utérus: le vaccin est « sûr et indispensable »

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Au moment où le Cameroun s’apprête à introduire ce vaccin dans son Programme Elargi de vaccination (PEV),  ledit vaccin fait l’objet de rumeurs infondées. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle qu’il représente un moyen «sûr, efficace et indispensable» pour combattre le cancer du col de l’utérus. Plus de 86 pays dans le monde ont déjà introduit ce vaccin dans leur programme de vaccination de routine.

La vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) est «sûre et indispensable pour éliminer le cancer du col de l’utérus», a rappelé l’Organisation mondiale de la santé  à l’occasion de la journée mondiale contre le cancer, en dénonçant des «rumeurs» sur une prétendue nocivité des vaccins.s

«Des rumeurs infondées entravent l’augmentation de la vaccination, qui est pourtant cruciale dans la prévention du cancer du col de l’utérus», s’est alarmée dans un communiqué Elisabete Weiderpass, directrice du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

«C’est le quatrième cancer le plus fréquent chez la femme», a souligné le CIRC. Quelque 570.000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus ont été diagnostiqués dans le monde en 2018, selon les chiffres du CIRC. 310.000 femmes en meurent chaque année, essentiellement dans les pays à bas ou moyens revenus. Cet organisme estime que si la prévention ne monte pas en puissance, cette maladie risque de provoquer 460.000 morts par an d’ici 2040.

Au Cameroun, le cancer du col de l’utérus représente la 2ème cause de cancer chez les femmes, avec une incidence de 30 pour 100 000 femmes au Cameroun contre une incidence mondiale de 15 pour 100 000 femmes. Le nombre annuel de nouveaux cas et de décès est respectivement de 2356 et de 1546. En 2014, le gouvernement du Cameroun a mis œuvre un projet de démonstration en deux phases dans les districts de santé d’Edéa et de Foumban. Cette phase pilote a permis de vacciner 14365 jeunes filles âgées de 9 à 13 ans pour une couverture post campagne de 69% pour les deux doses. Le principal enseignement tiré de cette campagne rejoint celui de la CBCHS sur la priorité à accorder à la communication, l’importance d’un plaidoyer de haut niveau et à tous les niveaux, le rôle majeur de la « stratégie école », d’une stratégie de gestion des rumeurs. Des diverses expériences menées par le Gouvernement et CBCHS, le suivi des effets indésirables a montré qu’aucune Manifestation Post-Vaccinale Indésirable (MAPI) sérieuse n’a été documentée jusqu’à date.

Controverses

 Au premier rang des mesures de prévention préconisées figure la vaccination contre les HPV, un groupe de virus très courants qui se transmettent par les rapports sexuels. Deux d’entre eux, HPV 16 et 18, provoquent 70% des cancers et des lésions précancéreuses du col de l’utérus, selon l’OMS, qui recommande de vacciner les filles âgées de 9 à 14 ans.

Mais, dans un contexte de méfiance grandissante envers la vaccination, les vaccins anti-HPV font régulièrement l’objet de controverses. Leurs détracteurs les accusent d’être à l’origine de maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques, ce qui n’est pourtant corroboré par aucune étude. «Pour marquer la journée mondiale contre le cancer 2019, le Circ réaffirme sa volonté de combattre la maladie et confirme sans équivoque que le vaccin anti-HPV est efficace et sûr», a insisté Elisabete Weiderpass.

Une vingtaine de pays dans le monde recommande que les garçons soient aussi vaccinés, en plus des filles, pour réduire la circulation des virus. Outre le cancer de l’utérus, ces derniers peuvent également être à l’origine du cancer de l’anus et de cancers ORL, à la suite de rapports sexuels bucco-génitaux. Le  vaccin est disponible depuis plus de dix ans. En plus de la vaccination, l’OMS préconise une stratégie globale pour lutter contre le cancer du col de l’utérus. Elle passe par le dépistage et le traitement des lésions précancéreuses, et par le diagnostic et le traitement du cancer invasif du col de l’utérus. Ce cancer «est curable s’il est diagnostiqué à un stade précoce», insiste l’OMS.

 

Pourquoi faire vacciner mon enfant ?

Actuellement, le dernier vaccin commercialisé (Gardasil® 9) protège contre les infections à HPV 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58 notamment en cause dans 90 % des cancers du col de l’utérus, 80% des cancers de l’anus et 90% des verrues ano-génitales (condylomes). Cependant la vaccination n’élimine pas totalement le risque de développer un cancer du col de l’utérus. C’est pourquoi, même pour les femmes vaccinées, le dépistage du cancer du col de l’utérus tous les trois ans à partir de 25 ans reste important. Ces deux moyens d’agir sont complémentaires.

Améliorer le dépistage et favoriser la vaccination

Les papillomavirus humains (HPV) sont responsables de huit localisations de cancers : le col de l’utérus, l’anus, l’oropharynx, la vulve, le vagin, la cavité orale, le larynx et le pénis. Pour protéger des cancers du col de l’utérus et de l’anus, la vaccination est recommandée pour les filles dès l’âge de 11 ans, et jusqu’à 26 ans pour les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes. En complément de la vaccination, pour prévenir les cancers du col de l’utérus, le test de dépistage cervico-utérin (aussi appelé couramment frottis) est recommandé tous les trois ans pour les femmes de 25 à 65 ans. Il permet en effet de dépister les lésions précancéreuses et les cancers à un stade précoce. Il s’adresse également aux femmes vaccinées contre les HPV. 

Joseph MBENG BOUM avec le Figaro et Sciences et vie

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