Pathologies anales – L’ignorance des camerounaises demeures

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La non connaissance de ces affections par les populations est  dans notoire dans notre société.

Le manque d’information sur les infections de la région anale est criard dans nos rues. Les personnes que nous avons abordées sur ce sujet n’ont aucune connaissance de ces maladies. Nombreuses d’entre elles ne savent pas qu’elles existent. Nadine, une vendeuse au marché Mokolo nous dit : « Je n’ai jamais entendu parler de ces maladies. C’est la première fois que j’apprends qu’il existe ce genre de maladie ». Un autre passant que nous avons accosté nous dit fermement que « Ces maladies n’attrapent pas tout le monde. Elles doivent attraper seulement  les riches ».  Cependant, au sein de la dite population, il y’a une catégorie de personnes qui disent avoir entendu parler des dites pathologies mais qui ignorent leurs causes, conséquences et utilisent des astuces personnelles quand elles ont des affections au niveau de la région anale.

Faisant allusion à cela Dilane nous dit fermement : « Je sais que les affections de la région anale existe. Quand j’ai souvent les abcès à l’anus j’utilise le savon ou le cirage pour extraire le puits. Je ne suis jamais allé à l’hôpital pour ça », « Ma sœur a l’hémorroïde, elle n’est jamais allée se faire consulter à l’hôpital, elle utilise les écorces »  ajoute son confrère à notre égard. Notons par ailleurs que cette ignorance est par ailleurs prégnante au sein du corps médical. Dr Roger Tchamfong nous atteste que de par son expérience,  ces pathologies sont ignorées par beaucoup de personnes y compris certains médecins. Un tour effectué à la faculté des sciences biomédicales de l’Université de Yaoundé I, la remarque est la même. Des étudiants qui disent ne pas mener des recherches approfondies sur ces pathologies. Pour nombres d’entre eux il faut s’intéresser aux maladies qui courent les rues.

Rappelons que ces pathologies touchant la région anale demeurent taboues et beaucoup de personnes hésitent d’en parler à un médecin. Il est plus que jamais important de se faire consulter par un spécialiste pour retrouver la sérénité.

Arlette WANEKOSSA TOUMBA

Interview

Dr  Roger Tchamfong, chirurgien cancérologue et Directeur de la clinique ST JOSEPH CANCER CENTER à Yaoundé

On entend très souvent les proctologues parler de pathologies anales, alors dites-nous Dr, c’est quoi une pathologie anale ?

Elle renvoie aux problèmes et affections qui peuvent survenir au niveau de l’anus. C’est une pathologie que beaucoup ignorent y compris certains médecins.

Quels sont les différents types de pathologies anales ?

Je ne serai pas exhaustif. J’aborderai les pathologies que nous traitons au quotidien. Il s’agit des hémorroïdes, des fissures anales, des fistules anales et des  abcès anaux.

Docteur, quelles en sont les complications ?

Ces facteurs de risque dépendent des pathologies.

Pour les hémorroïdes : ce sont les hémorragies qui surviennent progressivement.

Pour les fistules anales : ce sont parfois des infections sévères.

Pour Les fissures anales : Je ne vois pas de gros risque en dehors de douleurs qui sont terribles(le malade a même peur d’aller aux selles).

Quelles sont les personnes à risque 

Pour les hémorroïdes et les fissures anales : Les personnes constipées qui ont très souvent tendance à forcer l’évacuation des selles. Cela entraine un relâchement au niveau des muscles de l’anus. Ensuite on peut citer les cyclistes, les aviateurs, les automobilistes qui restent assis pendant longtemps. L’on a aussi les personnes obèses.

Est-ce que tout saignement au niveau de la partie anale renvoie forcément à une pathologie anale ?

La question que nous posons toujours est celle de savoir si c’est du sang rouge vif ou bien s’il agit du sang noirâtre. La réponse est très importante, parce que si c’est du sang noirâtre cela veut dire que ça vient de très loin, du gros intestin par exemple. Si c’est du sang rouge vif, cela signifie que ce n’est pas loin c’est dans les 2Cmà 3Cm de la marge anale probablement c’est un cancer de la marge anale ou les hémorroïdes le plus souvent.

En Conclusion, tout saignement au niveau de l’anus ne peut pas être assimilé à une pathologie anale, il faut interroger le malade, lui faire des examens. Mais dans 90% des cas un saignement rouge vif n’est pas loin de l’anus.

Comment diagnostique-t-on une pathologie anale ?

On diagnostique une pathologie anale au moyen d’un interrogatoire, voire même un examen. Tel est le cas des hémorroïdes. Cependant pour ce qui est de la fissure anale, je tiens à rappeler que lorsqu’elle est très aiguë il est impossible d’examiner le patient vu qu’il a très mal. L’interrogatoire nous guide le plus souvent.

Les pathologies anales dans leur forme grave peuvent-elles entrainer la mort du malade ?

Les pathologies anales ne peuvent en aucun cas entrainer la mort du malade. Il convient de noter qu’elles peuvent pourrir la vie du malade. Cependant, l’anémie des suites des hémorroïdes pourrait  amener le malade à tomber en collapsus. 

Comment les prévenir ?

Éviter la constipation pour les hémorroïdes, boire beaucoup d’eau,  pratiquer le sport, éviter la  sédentarité telles sont les méthodes préventives. Ne pas forcer pendant les selles, et éviter de rester trop longtemps sur les pots des toilettes.

Sur quoi repose le traitement ?

Pour les hémorroïdes, au début on pratique les traitements médicaux. Si le malade est au stade 3 (l’anus sort souvent) et 4(prolapsus permanent) il y a aucun médicament pour guérir cela : il faut une intervention chirurgicale.

 S’agissant de la fissure anale (déchirure au niveau des sphincters), on détend le muscle qui est déjà très contracté, on essaye de le relâcher : Il s’agit de la sphinctérotomie. La fissure guérit spontanément vu que le muscle est relâché.

Quant à l’abcès anal, il faut le drainer. Cependant, on peut le faire en deux temps. On évacue d’abord l’abcès et soigner la fistule (car l’abcès anal évolue dans 90% vers la fistule anale) ultérieurement.

Entretien menée par Arlette WANEKOSSA TOUMBA

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