Pénurie de médicaments : Le Cameroun ne dispose que de 1600 références

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C’est la principale cause d’absence de médicaments dans certaines pharmacies depuis quelques temps. Une information relevée  par le Cercle des grossistes pharmaceutiques du Cameroun.

Douala, il est 08h. Mercredi 25 janvier 2023, nous sommes à la pharmacie de l’Aéroport, au lieu-dit St Michel dans le deuxième arrondissement.    A l’intérieur, ce n’est pas la  bousculade des jours ordinaires. Seuls 02 patients sur 05, arrivés en notre présence parviennent à trouver le médicament recherché. C’est la preuve palpable de la pénurie qui sévit dans ce secteur d’activité. Uriel, auxiliaire de vente dans cette structure, explique : « certains produits très utiles pour les enfants ou encore les femmes enceintes comme l’amoxicilline ou le spasfon,  sont en rupture depuis un moment  ». Le constat est le même dans quelques pharmacies où s’est rendu le reporter d’Echos santé. Au quartier Bonanjo dans le premier arrondissement, les gérants des pharmacies visitées ne se montrent pas ouverts au dialogue. Même si des sources internes confirment l’effectivité de la pénurie notamment sur des produits tels que la ventoline et certains anti-cancérigènes.

Cependant, tous nous renvoient vers les grossistes pour un complément d’information. Au Cercle des grossistes pharmaceutiques du Cameroun, où la présidente Dr Leticia Sandjon  nous ouvre grandement les portes de son association, après plus d’une heure d’échange, il en ressort que ladite pénurie est visible depuis le mois de juin 2022  suite au défaut d’importations  par certains grossistes. A titre illustratif, précise-t-elle, « seuls 30% des médicaments ont été importés en direction du Cameroun. Autrement dit, sur 6000 références commercialisées au pays chaque année, seulement 1600 sont actuellement disponibles ». Des révélations qui renseignent  sur le caractère prévisible de cette fâcheuse situation.

Lendemains catastrophiques

Selon les mêmes sources 70% d’importateurs n’auraient pas renouvelé leurs « AMM » synonyme de licence d’importation de médicaments. En attendant un retour à la normale, les tractations vont bon train entre les grossistes et les pouvoirs publics. Cependant, coté pharmaciens, l’on s’attèle à proposer des équivalents aux patients même si cette mesure palliative reste diversement appréciée. Mais à quand la fin de cette pénurie ? La question vaut son pesant d’or au regard de la susceptibilité du secteur. Mais bien difficile de répondre de manière péremptoire. On se souvient cependant qu’il y’a quelques semaines, certains malades du  diabète et d’asthme réclamaient déjà le retour de leurs produits de survie. Toute chose  qui annonce déjà les couleurs des lendemains catastrophiques  si rien n’est fait dans les prochaines semaines pour un retour à la normale.

Alima Naz

 

Médicaments : L’absence d’Autorisation de mise sur le marché crée la pénurie

Des étagères vides,  dans cette pharmacie située dans le 3ème arrondissement de Douala. La pénurie des médicaments observés depuis quelques temps inquiète les syndicalistes. Avec un brin de désespoir et une mine triste, Dr Charles Christian Ngoule, président du Syndicat des pharmaciens accepte de nous recevoir dans ses locaux. Assis sur une chaise de bureau, il  nous révèle que « les causes sont essentiellement dues à un manque de renouvellement d’AMN (Autorisation de mise sur le marché, ndlr) de certains laboratoires, ce qui crée naturellement une pénurie car les importations sont bloquées, donc la proportion des médicaments qui n’ont pas renouvelé leur autorisation de  mise sur le marché est trop importante ».

Entre indisponibilité des médicaments, système d’approvisionnement inefficace et rupture fréquente des stocks,  le secteur des médicaments est malade. Un quotidien, bien difficile pour les patients, qui au final  sont installés au banc des victimes. « En  temps normal,  il y a certains médicaments qui sont difficiles à trouver parce qu’on ne commercialise pas tout chez nous, maintenant s’il faut ajouter encore ce qui est disponible qui ne l’est plus, je crois que le patient camerounais aura des difficultés à s’en sortir », précise le syndicaliste en rythmant ses paroles des gestes évocateurs. Une situation qui se dégrade au fil du temps car selon les spécialistes, cette indisponibilité sera encore plus perceptible dans les années à venir. Des maladies simples, aux maladies chroniques en passant par les cancers, rien n’est épargné. Même les médicaments proposés par mesure de substitution sont introuvables. « On a beaucoup de malades qui cherchent leurs médicaments et qui n’en trouvent pas, naturellement, on essaye de substituer mais là encore, ça coince », ajoute -t-il en présentant une liste de médicaments non livrés.

Sueurs froides

Face à cette pénurie, le syndicaliste propose des solutions fiables. Ici, tout commence par la collaboration de toutes les parties prenantes. « Il y a les grossistes, les importateurs et le ministère de la Santé qui est là pour veiller à ce que la règlementation soit respectée,  tous ensemble, nous devons mettre le patient au centre, nous devons nous assoir et trouver des solutions afin que cette situation ne perdure pas », explique-t-il. Rappelons qu’en plus de l’indisponibilité de certains médicaments, ce secteur souffre  de plusieurs autres maux. A l’exemple : les prix qui varient d’une pharmacie à une autre, plongent le malade dans l’angoisse. Ce dernier est très souvent obligé de parcourir des kilomètres afin de se procurer son produit de survie au prix abordable.  De quoi lui donner davantage des sueurs froides.

Albane Happy

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