Cameroun: un professeur agrégé pour diriger un dispensaire

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Suite aux nominations dans les services déconcentrés du Ministère de la Santé publique, le 04 septembre 2019, le Professeur André Omgbwa Eballe, Agrégé d’Ophtalmologie, titulaire du CAMES et des Universités  du Cameroun est appelé à diriger l’ex-dispensaire d’Olembe qui est devenu hôpital de district de Djoungolo sur le plan administratif mais donc le plateau technique et les infrastructures n’ont pas changé. Cette nomination fait couler beaucoup d’encre et de salive au sein de l’opinion. Evocation des tops et des flops de cet arrêté.   

Depuis le 04 septembre dernier, c’est une ambiance de mort à l’hôpital de district de Biyem-Assi, personnel de santé, populations, étudiants en ophtalmologie, personne ne comprend cette décision qui nomme cet Ophtalmologue de renommé en Afrique noire comme Directeur de l’hôpital de district de Djoungolo. « Je n’arrive pas à croire que malgré tous ces résultats obtenus en deux ans qu’il soit rétrogradé à ce point. Non le Prof Omgbwa ne mérite pas ça. Que vont devenir ses étudiants ? », se lamente un médecin à l’hôpital de district de Biyem-Assi.    Le spécialiste d’Orbite et d’Oculoplastie devra aller travailler dans une structure qui ne répond ni à son grade, encore moins à sa spécialité. «  C’est incroyable ! Comment peut-on nommer un agrégé dans un dispensaire ? Pour être vrai, le dispensaire d’Olembé a simplement changé de dénomination pour devenir hôpital de district mais dans le fond, c’est toujours un dispensaire », dixit un haut responsable au Ministère de la Santé publique.  « Les médecins généralistes et spécialistes sont-ils finis au Cameroun pour qu’on nomme un enseignant de son acabit dans une formation sanitaire d’une telle catégorie ? Tout le monde s’attendait à ce qu’il ait une promotion et non qu’il soit retrogradé. Je pense que le ministre de la Santé publique a été floué dans cette affaire », relève un cadre au Ministère de l’Enseignement supérieur.

Un manager de qualité

A son arrivée à l’hôpital de district de Biyem-Assi en septembre 2017, il a fallu qu’il refasse les mentalités, institutionnalise l’hygiène et la salubrité en mettant l’accent sur l’assainissement ; institutionnalise l’éthique médicale ; sécurise les fonds publics. Concernant le plateau technique qui était réduit à sa plus simple expression, l’hôpital a renouvelé ses équipements à plus de 80%. Le volet sécuritaire a été redynamisé avec l’installation des caméras de vidéosurveillance et le recrutement des vigiles. Par ailleurs, le choléra a été vaincu à l’hôpital de district de Biyem-Assi. Dans le but de promouvoir la santé, de nombreuses campagnes de dépistages gratuits  des affections oculaires, dentaires, l’hypertension artérielle et le diabète ont été organisées. Sur le plan de la formation médicale et paramédicale, cette formation hospitalière est devenue un centre d’application pour toutes les facultés de médecine du Cameroun grâce à l’amélioration du plateau technique et la présence de nombreux spécialistes.

En deux ans, le Professeur André Omgbwa Eballe âgé de 49 ans a prouvé de quoi il était capable, en qualité de manager et de scientifique accompli. Grace à ce travail acharné, il a reçu de nombreuses distinctions à l’instar du prix du Meilleur Administrateur 2018 de l’Arrondissement de Yaoundé VI : prix décerné par le Sous-Préfet de l’Arrondissement de Yaoundé VI ; le Prix spécial de la gouvernance hospitalière par le journal Echos santé et le collectif des journalistes d’investigation et des félicitations de la CONAC nationale. En deux ans, les différents Ministres de la santé publique se seront rendus dans cette formation sanitaire cinq fois et il aura le mérite d’avoir reçu le Directeur de l’Organisation mondiale de la Santé de la zone Afrique en 2019. Il a rendu l’hôpital de district de Biyem-assi et son personnel fiers d’être aux avants gardes de la santé comme le disent les populations de Yaoundé VI et ses environs. De tous les Directeurs de cet hôpital, il est celui là qui présente un bilan largement positif au yeux du personnel et des habitants de Yaoundé VI.

Un pari gagné par ce haut diplômé du Cameroun, de l’Afrique de l’Ouest, de France et de l’Inde qui est le Professeur André Omgbwa Eballe. Ophtalmologue chevronné avec 22 ans et demi d’expérience professionnelle. Doit il maintenant diriger un hôpital aux allures d’un centre de santé intégré niveau infirmier Diplômé d’Etat ?Ne change pas-t-on ce qui ne marche pas  L’intelligence, à l’épreuve des nerfs. Le monde est formidable, vivons seulement !   

Au regard des prouesses accomplies, du parcours de l’homme et du contexte actuel, pour de nombreux observateurs, le Professeur André Omgbwa Eballé mériterait une promotion, voire des félicitations de la haute hiérarchie pour son dévouement à l’humanisation des soins.

Les autres curiosités du 04 septembre

Outre l’ex-directeur de l’hôpital de district de Biyem-Assi, le redéploiement du Docteur Paul Eloundou Onomo, Rhumatologue chevronné qui part du poste de Directeur de l’hôpital d’Efoulan pour l’hôpital de district d’Okola frise mal avec la volonté du Minsanté à encourager les bons managers. L’hôpital de District d’Efoulan présente une fière allure aujourd’hui grâce à ce rhumatologue. Le cas de l’hôpital de district de Mbalmayo suscite moult interrogations. D’après l’arrêté, Docteur Nguedjiam Bianda, Médecin généraliste, précédemment Chef de Centre Médical d’Arrondissement de Makénéné, en remplacement de Monsieur Tsoungui Akoa Michael, muté. Pourtant, cette dernière est en spécialisation depuis un an. Dans le district de santé de Soa, c’est le Docteur Ekani Boukar Mahamat Yannick, médecin Chirurgien précédemment en service au Centre des Urgences de Yaoundé qui a été nommé directeur de l’HD, en remplacement du Docteur Tsoungui Atangana Pierre Claude. Dans la région de l’Extrême-Nord, DS de Kaélé, le Docteur Djongmo Daissala le chef de District, est appelé à d’autres fonctions, au profit du Docteur Djiawang Tain Anatole. Autre grincement de dents, c’est du côté d’Evodoula où le Docteur Bouting Mayaka Georges, qui quitte de Dschang pour de poste de directeur de l’HD d’Evodoula.

Les bons points du 04 septembre 2019

Au-delà des couacs relevés, les textes signés le 4 septembre 2019 par le Minsanté, consacrent une ascension impressionnante des administrateurs de santé publique, formés à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam). Ils sont désormais 18 administrateurs de la santé publique à occuper le poste de Chef de District de Santé (DS) au Cameroun. Notamment dans les régions de l’Adamaoua (03), du Centre (04), de l’Extrême-Nord (06), du Littoral (02) et de l’Ouest (04). « Le ministre vient de fixer le cap. Le renforcement du système de santé qui va désormais s’appuyer sur les Districts de Santé avec deux acteurs majeurs : les administrateurs de la Santé et les médecins », analyse un membre de l’Association camerounaise des Administrateurs de la Santé publique (ACASP).

Rappelons que cette catégorie de fonctionnaires sont recrutés et formés pour la gestion et l’administration des structures de santé publique. Le décret n°2001/145 du 3 juillet 2001 portant statut particulier des fonctionnaires des corps de la Santé publique, leur confère ce pouvoir. Lequel stipule en son article 3 alinéa 6 que « Les fonctionnaires du corps de l’administration de la Santé publique sont chargés de l’administration et de la gestion des structures de la santé publique ». Hélas, l’application de cette disposition n’était jusque-là qu’une exception. Ceci, parce qu’entre ces derniers et les médecins, ce n’était pas toujours l’entente cordiale.

Joseph MBENG BOUM 

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