Faux Médicaments: 800 000 personnes meurent chaque année en Afrique

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Selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms), 30 % à 70 % des médicaments qui se vendent en Afrique sont contrefaits. Dans la même veine, l’Ordre national des pharmaciens du Cameroun (Onpc), affirme qu’au moins, 25% des médicaments vendus au Cameroun proviennent des circuits d’approvisionnement illicites communément appelés « médicaments de la rue ».

Lors de la visite d’un responsable du Fonds mondial au Cameroun, il y a quelques semaines, ce dernier s’est rendu dans une pharmacie de la ville de Yaoundé pour voir ce que l’officine offre comme antipaludéen aux malades. Grande a été sa surprise désagréable. « Il a été surprise de retrouver parmi ces médicaments, un spécimen qui avait été produit pour un programme spécifique et qui ne devait se trouver que dans trois pays d’Afrique : Nigeria, Ghana et Kenya », rapporte Esther Tallah, directrice de la Cameroon Coalition against malaria (coalition camerounaise contre le paludisme–(CCAM). C’était sans compter avec les stratégies qu’utilisent les acteurs des circuits non contrôlés des médicaments pour contourner le dispositif mis en place pour les combattre. « C’est un secteur qui draine de très gros intérêts, si bien que lutter franchement contre les faux médicaments, c’est comme lutter contre le trafic des armes et mettre sa vie en danger ».

D’après l’Oms, 1 % des médicaments qui circulent dans les pays développés sont des contrefaçons, mais ce ratio peut atteindre 10 à 15 % dans les pays émergents et 30 % dans les pays en développement. Selon l’Oms, 30 % à 70 % des médicaments qui se vendent en Afrique sont contrefaits. Dans la même veine, l’Ordre national des pharmaciens du Cameroun (Onpc), affirme qu’au moins, 25% des médicaments vendus au Cameroun proviennent des circuits d’approvisionnement illicites communément appelés « médicaments de la rue ». Le phénomène qui touchait naguère les zones urbaines s’est propagé également dans les campagnes, où des « pharmacies de la rue » ont fait leur apparition.

Il s’agit, selon une étude de l’Onpc, « des médicaments contrefaits, des faux médicaments et des médicaments à l’origine de bonne fabrication, mais sortie du circuit normal de distribution ». « Ce circuit illicite représente un peu plus de 25% du marché du médicament national alors que 40% des médicaments de la rue proviennent de la contrebande », selon cette association professionnelle.

Plusieurs fois, des actions concertées du ministère de la Santé publique, de l’Ordre national des pharmaciens et des forces de sécurité ont été lancées, pour de piètres résultats, puisque le phénomène va grandissant avec des « Docta », selon l’appellation locale. Au début ce qui se résumait à la vente des aspirines, Efferalgan, l’alcool et autres médicaments génériques s’est transformée en une vaste activité indépendamment des conséquences sur la santé de la population. Le trafic est d’autant plus dangereux qu’il cible en Afrique plus particulièrement, des médicaments vitaux. « Des médicaments essentiels sont concernés : les antibiotiques, mais aussi les médicaments pour traiter le paludisme, la tuberculose ou le sida », explique Bernard Leroy, directeur de l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (Iracm) à France 24.

Elvis Serge NSAA

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