
Dr Ibrahima Housseini, Coordonnateur régional Nord du Programme National Elargi de Vaccination.
Monsieur le coordonnateur régional Nord du Programme National Elargi de vaccination, Que doit-on comprendre par calendrier vaccinal ?
Quand on parle du calendrier vaccinal, c’est un outil qui permet de pouvoir dire à quel moment est-ce que l’enfant doit recevoir un vaccin précis. Quand je dis à quel moment, ça veut dire à quel âge est-ce que l’enfant doit recevoir tel ou tel vaccin. Qu’on soit à la naissance, à un mois et demi, à deux mois et demi, à trois mois et demi, il y a des vaccins spécifiques aux enfants pour ces âges-là. C’est donc un élément qui permet de ressortir tous les vaccins que l’enfant doit recevoir de façon globale au cours de ses deux premières années de vie pour se protéger contre les maladies évitables par la vaccination. Je précise bien que ces maladies-là sont des maladies qui sont protégées dans le programme élargi de vaccination parce qu’il y a d’autres vaccins que les parents administrent qui ne sont pas encore dans le programme élargi de vaccination.
Que dire du carnet de vaccination ?
Le carnet de vaccination est un document qu’on remet aux parents d’enfants si l’enfant a déjà reçu au moins une dose de vaccin. Et supposons qu’un enfant soit né hier et que la maman vienne aujourd’hui pour la vaccination contre le BCG et contre la tuberculose. C’est le vaccin du BCG qu’on administre et aussi le polio 0 qui permet le remplissage dans le carnet de vaccination de l’enfant et on remet aux parents. Et on écrit dans le carnet de vaccination le jour du prochain rendez-vous. Et on explique aux parents qu’à chaque fois que vous viendriez dans la formation sanitaire pour la vaccination, revenez toujours avec le même carnet. Les informations sur la vaccination de l’enfant au fil du temps sont directement renseignées dans le carnet de vaccination. Si l’enfant a terminé sa vaccination à l’âge de 2 ans, il faut le conserver parce que c’est le même carnet qui sera utilisé pour l’inscription à l’école maternelle parce qu’on demande le certificat de vaccination de l’enfant dans cette école. Le carnet de vaccination est disponible dans toutes les formations sanitaires qui offrent les vaccins de la routine de façon globale. Ce carnet de vaccination est gratuit.
Quelle est la conduite à tenir pour un parent qui a perdu ou oublié de prendre le carnet de vaccination de son enfant ?
Déjà, permettez-moi d’indiquer qu’il est difficile de trouver un enfant qui a reçu les vaccins dans une formation sanitaire et que cet enfant n’ait pas reçu le carnet de vaccination. C’est vraiment très rare. Mais maintenant, si pour une raison ou pour une autre, la maman n’a pas pris le carnet de vaccination de l’enfant, il suffit simplement qu’elle revienne dans la même formation sanitaire où elle a fait vacciner son enfant. Et ensuite, ils vont prendre le carnet, retrouver le nom de l’enfant, vérifier les antigènes que l’enfant a reçus et les dates auxquelles l’enfant a reçu ce vaccin. Ils vont reconstituer le carnet de vaccination. Et ensuite, inscrire le prochain rendez-vous pour que la maman revienne maintenant avec le carnet de vaccination et continue la vaccination de son enfant.
Quelles sont vos stratégies de communication à l’effet de sensibiliser les parents sur le bien-fondé du respect du calendrier vaccinal et la détention du carnet de vaccination de leurs enfants ?
À chaque fois qu’il y a une séance de vaccination, il y a une causerie éducative qui précède cette séance-là. Et dans ces séances de causeries éducatives, les équipes sanitaires, de façon globale, reviennent sur les aspects de vaccination, reviennent sur les outils qui sont utilisés dans la vaccination de façon globale et sur l’importance de chaque outil et comment conserver, comment revenir avec les mêmes outils à chaque fois. On a les agents de santé communautaires polyvalents qui sont dans les différents quartiers et qui font ce qu’on appelle la visite à domicile et les causeries éducatives en milieu communautaire. Le 3ème élément à prendre en compte en termes de communication, c’est la communication de masse, quand on a les campagnes de vaccination supplémentaires. On profite aussi des occasions de ces campagnes de vaccination supplémentaires comme la polio pour pouvoir revenir sur le calendrier vaccinal de l’enfant et vérifier si l’enfant a un statut vaccinal correct ou bien incorrect et pouvoir le compléter. Et ça nous permet aussi de discuter avec le parent sur le calendrier vaccinal et aussi sur le carnet de vaccination de l’enfant et l’importance de bien tenir ledit carnet de vaccination. Le dernier élément à prendre en compte de façon globale dans cette communication-là, c’est aussi la communication de masse ou bien la communication avec les médias. Parce qu’il y a des émissions que nous faisons avec les médias, que ce soit au niveau régional ou bien au niveau des radios de proximité communautaire qui sont diffusées dans les antennes de ces radios-là et qui permettent aussi aux parents de pouvoir effectivement mieux améliorer leurs connaissances sur la vaccination de façon globale et plus spécifiquement sur les outils que nous utilisons dans la vaccination.
Des obstacles que vous rencontrez sur le terrain ?
Sur le terrain, de façon globale, on a des parents qui débutent la vaccination et qui ne parviennent pas à terminer. Je peux vous dire par exemple, presque tous les parents, de façon globale, amènent leurs enfants pour prendre le BCG, le vaccin contre la tuberculose. Mais dès qu’on a reçu ces parents pour le BCG, il y a certains parents qu’on perd déjà à un mois et demi. Le BCG, c’est à la naissance, dans les deux premières semaines. Donc, quand on donne un rendez-vous à la maman dans un mois, il y a de fortes chances qu’on perde un enfant, par exemple. Et ensuite, à deux mois et demi, on perd encore un enfant. À trois mois et demi, on peut encore perdre un enfant. Il faut vraiment qu’on parvienne à fidéliser ces parents-là pour que les dix parents qui sont venus pour le BCG puissent revenir pour les autres antigènes, jusqu’à l’antigène qu’on vaccine à 15 mois. La 2ème dose, la dose de rappel de la rougeole et la rubéole, pour certains des cycles, et pour les dix cycles qui font la vaccination contre le paludisme, qu’on puisse vacciner cet enfant-là à 24 mois, la quatrième dose du vaccin, c’est contre le paludisme.
Interview réalisée par Marcus Dare