Vaccin contre le Covid-19 – L’analyse de Joël DJATCHE

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Suite à une réticence à l’administration du vaccin contre le Covid-19 par les populations, le Psychologue clinicien et Coordonnateur de Unipsy dans une interview exclusive donne quelques explications.

Les populations sont réticentes et l’administration sanitaire, passe plutôt par les journalistes et les animateurs radio. Ne serait-il pas possible d’associer les psychologues dans les préparatifs des populations à accepter le vaccin ?

Dans les préparations aurait pu associer les psychologues et pas que les psychologues comme vous l’avez noté, on a associé les journalistes, les animateurs radios qu’on peut qualifier de spécialistes de l’information et de la communication, il ya cette dimension qui est là et il ya également la dimension psychologique, sociale, anthropologique, historique, politique. En fait de mon point de vue, à mon humble avis on aurait pu associer plusieurs experts de différents domaines pour élaborer une stratégie beaucoup plus adaptée dans l’objectif de faire accepter la vaccination. Y a tellement d’histoire derrière, de représentation qu’elle soit vraie ou pas qui font que la vaccination n’est pas perçue comme quelque chose qui nous ferait du bien et qu’il faudrait associer les communautés elle-même dans la perspective d’une préparation à l’arrivée d’un vaccin, donc maintenant que les choses sont faites, le vaccin est déjà là, qu’est-ce qu’on peut faire. 

Pour rectifier le tir, à mon humble avis tout est très difficile. Parce qu’il ya comme une crise de confiance entre les autorités de manière générale et la communauté. Une crise de confiance entre les laboratoires pharmaceutiques et les communautés en général, une crise de confiance entre les maillons de la société que ce soit au niveau national ou bien international.  On est en crise et tout ça fait qu’on a du mal à accepter quelque chose qui serait étrangère, donc il ya cette crise de confiance, il y a aussi le fait que ce soit étrange, peut être pas mais inhabituel quelque chose de nouveau, quelque chose qui vient comme ça, d’inattendu donc  l’attitude c’est souvent d’abord une mise à distance, prendre une distance pour mieux appréhender qu’est-ce qui arrive, de quoi il est question et puis si c’est quelque chose qui provoque des angoisses importantes. Ça peut donner lieu à des représentations négatives comme ça, de sorte de mécanisme qu’on pourrait appeler les clivages de la projection, c’est-à-dire que très vite ce qui est mauvais consort tout ce qui est mauvais qui peut venir de nous ou de la société on projette ça sur quelque chose, sur quelqu’un ou sur un groupe de personne. Effectivement on aurait pu associer les psychologues à ces préparatifs-là.

Il y a des personnes qui sont stigmatisées après avoir contracté le Covid-19 et voilà qu’on parle de vaccination. Les gens se posent des questions. Quelle serait la meilleure méthode du gouvernement pour faire accepter facilement le vaccin?

Je pense que ça relève de plusieurs spécialisations, de plusieurs disciplines, de plusieurs expertises. Il y a la communication, le volet médical, pharmaceutique, psychologique, anthropologique, historique, politique. Il y a tellement de choses qui entrent en jeu qui font que ça va être difficile pour quelqu’un que de son point de vue, de sa fenêtre, de sa spécialisation, de son expertise, proposer quelque chose pour un problème aussi complexe que celui-là. Ça demande d’étudier la question.

Quelles sont les théories qui permettent pour pouvoir mieux appréhender ce problème, ce phénomène qu’on observe, qu’est-ce qui est proposé. Pour moi, la méthode serait de se mettre au travail et de définir cette méthode, ensuite de la mettre en œuvre. Je pense que de manière générale, il faut des méthodes qui marchent et qui seraient les méthodes participatives, on inclut toutes les parties, c’est-à-dire qu’il faut inclure les membres de la communauté.  On ne peut pas penser les choses du haut sans les inclure dans le processus de recherche de solution ou d’identification des problèmes.

Pourquoi met-t-on toujours les psychologues de côté dans les soins médicaux aux populations?

C’est une question d’ignorance dans le sens où les gens ne connaissent pas d’un côté, une question de méconnaissance où on peut avoir des idées préconçues par rapport à la réalité. C’est une question de disponibilité et de politique de santé mentale. Est-ce que la politique de santé mentale est-elle prise en compte, est-ce que les problèmes de santé mentale incluent la dimension psychologique ? Si on voit par exemple dans le secteur d’infectiologie, cardiovasculaire ou alors si on prend les grandes catégories des maladies transmissibles, non transmissibles, est ce que le volet psychologique est toujours pris en compte. Dans le côté de la santé maternelle, est ce que le volet psychologique est pris en compte dans les politiques, dans les guidelines élaborés. Quand on cherche, on ne voit pas. C’est une question d’ignorance, de disponibilité, d’indisponibilité de véritables professionnels qui sont là et qui n’ont pas la maîtrise, les compétences requises. La dimension psychologique est une dimension qui renvoie à des choses qui peuvent être étranges, qui peuvent relever du mysticisme, du spirituel. Il y a aussi la représentation que les gens font de la psychologie.

Propos recueillis par Jean BESANE MANGAM

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